Paysage
Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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•    L’écozone la plus peuplée du Canada
•    La plus petite écozone terrestre du Canada
•    Abrite la moitié des espèces menacées ou en voie de disparition au Canada
•    Concentre la plus grande diversité d’arbres au Canada

DESCRIPTION

Forêt mixte

Les plaines à forêts mixtes du sud de l’Ontario et du Québec constituent l’une des plus petites écozones reconnues au Canada. Cette écozone est bordée par l’écozone de la forêt boréale au nord et l’écozone maritime de l’Atlantique à l’est. Bien qu’elle couvre moins de 10 % de l’Ontario, cette région est l’une des plus peuplées du Canada, avec de grands centres urbains et une production agricole abondante. Cette écozone se définit par son climat tempéré (modéré) et ses forêts mixtes de feuillus (à larges feuilles) et de conifères (à feuilles persistantes).
 
Cernées par les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent, les plaines à forêts mixtes contiennent une grande quantité d’eau douce. Ces grandes étendues d’eau tempèrent le climat, avec des hivers plus chauds et des étés plus frais que d’autres régions du Canada. Les hivers sont frais, avec des températures moyennes comprises entre -3 °C et -12 °C, et les étés sont chauds, avec des températures comprises entre 18 et 22 °C. Les précipitations (pluie et neige) totalisent de 72 à 100 centimètres par an.

L’écozone des plaines à forêts mixtes contient également de nombreux écosystèmes uniques plus petits. Voici ci-dessous une brève présentation de chaque type d’écosystème et des lieux où l’on peut les trouver.

Alvars : Cet écosystème caractérisé par un substratum rocheux calcaire et des sols très minces soutient une végétation clairsemée et quelques arbres. Cette aire ouverte crée un habitat unique dans lequel nichent certaines espèces d’oiseaux comme les pies-grièches migratrices. Les alvars sont très rares, mais sont présents dans certaines parties de l’île Manitoulin et dans la plaine de Carden.
Prairies à herbes hautes : Cet écosystème se trouve au sud de celui des plaines à forêts mixtes et est composé de diverses espèces de graminées et de fleurs sauvages. Cet habitat, l’un des plus menacés au Canada, abrite le colin de Virginie.

Savanes : Semblable à celui des prairies à herbes hautes, cet écosystème est dominé par des graminées et des fleurs sauvages. Cependant, en raison de la diminution des facteurs de stress, des arbres poussent également dans ce paysage. On trouve des savanes à chênes et à caryers dans High Park (à Toronto), ainsi que dans le parc Turkey Point et le parc provincial The Pinery.

Zones humides : Cet écosystème se distingue par son sol gorgé d’eau en permanence et les plaines à forêts mixtes en contiennent quatre types distincts.

Marécages : Il s’agit de zones humides dominées par des arbres – souvent de zones de transition entre les plans d’eau et la terre.

Marais : Contrairement aux marécages, ces zones humides contiennent souvent des étendues d’eau libre et de plus grandes communautés de plantes herbacées comme des nénuphars et des quenouilles.

Tourbières hautes : Les tourbières hautes sont des zones humides comportant d’importants dépôts de matière végétale morte connus sous le nom de tourbe. Les tourbières hautes sont très acides et pauvres en nutriments, ce qui donne lieu à des communautés végétales uniques adaptées à ces conditions difficiles.

Tourbières basses : Les tourbières basses sont très similaires aux tourbières hautes, mais moins acides, car elles sont alimentées par les eaux de surface et souterraines en plus de la pluie.

Rivières : De nombreuses rivières coulent à travers les plaines à forêts mixtes, créant des écosystèmes uniques et offrant un habitat à des animaux aquatiques comme des castors, des grands hérons, des moules, des tortues, des grenouilles et des poissons.

Lacs : En plus des Grands Lacs, de nombreux lacs plus petits sont présents dans les plaines à forêts mixtes et fournissent un habitat aux poissons et à d’autres animaux et plantes aquatiques.

Littoraux : Les zones de transition entre les plans d’eau et les terres présentent souvent une grande diversité de vie animale et végétale. Les rivages de dunes sablonneuses accueillent souvent des espèces végétales que l’on ne trouve nulle part ailleurs et des échassiers comme les pluviers siffleurs, qui sont au péril au Canada.

L'écozone de la forêt mixte au Canada

GÉOLOGIE ET HISTOIRE GÉOLOGIQUE
La géologie et l’histoire géologique sont les éléments constitutifs fondamentaux des écosystèmes. La géologie influence les types et la structure des communautés végétales susceptibles de croître dans une région, ce qui a à son tour a un impact sur la faune qui peut y vivre. Les caractéristiques géologiques peuvent être à l’origine d’écosystèmes uniques (comme des escarpements) ou de ruptures dans les paysages (comme des cascades séparant des environnements en aval des environnements en amont) qui permettent à diverses espèces de se développer.

L’écozone des plaines à forêts mixtes est constituée d’un substratum rocheux de calcaire et de dolomie. L’événement géologique le plus récent à avoir eu un impact sur cette région est le retrait d’une plate-forme de glace continentale il y a 11 000 ans. Le déplacement de la glace a laissé dans le paysage de nombreux éléments encore visibles aujourd’hui. Les drumlins et les moraines caractérisent les collines résultant de la fonte des glaciers; ils sont composés de roches de tailles diverses qui ont été charriées par la glace. Les marmites de géants sont d’autres éléments caractéristiques hérités du déplacement des glaciers continentaux. Ces trous lisses sont la conséquence de la fonte de la glace transportant des roches qui ont foré le substratum rocheux.   

L’écozone des plaines à forêts mixtes abrite l’escarpement du Niagara, une grande structure de falaises composées de calcaire dolomitique résultant de processus d’érosion inégaux. Cet escarpement s’étend du sud du lac Ontario jusqu’à l’extrémité de la péninsule Bruce et l’île Manitoulin. Il abrite de nombreuses grottes et cascades magnifiques, notamment les célèbres chutes Niagara. Au nord, l’Arche de Frontenac est une importante formation géologique composée de granit, de gneiss et de marbre, datant de plus d’un milliard d’années.

 
 Chutes du Niagara


PLANTES ET CHAMPIGNONS

PLANTES

Érable à sucre dans la forêt mixte

Les plaines à forêts mixtes sont définies par une association d’arbres feuillus et conifères, adaptés à toutes les saisons. Cette écozone est située à l’extrémité sud du Canada. Son climat plus chaud permet la plus grande diversité d’arbres au Canada. La zone la plus méridionale des plaines à forêts mixtes rencontre l’étendue la plus septentrionale de nombreuses espèces d’arbres. Cette zone est celle de la forêt carolinienne et comprend des arbres rarement vus ailleurs au Canada, comme des tulipiers, des chicots féviers et des asiminiers.

Les arbres les plus fréquemment observés dans la moitié sud des plaines à forêts mixtes sont les érables à sucre, les hêtres, les frênes blancs, les pruches du Canada et les pins blancs. Dans la moitié septentrionale, un grand nombre de ces mêmes arbres peuvent être présents en plus des érables argentés et rouges, des bouleaux jaunes, des sapins baumiers et des frênes noirs. Certains arbres se spécialisent dans certains environnements, les saules noirs étant communs le long des rivières et les mélèzes et épinettes dans les tourbières hautes. Plus au nord, le long de l’escarpement du Niagara sur la péninsule Bruce, se trouvent certains des plus anciens arbres du Canada. Les thuyas occidentaux poussent sur les falaises et, en raison de leurs conditions de vie difficiles, croissent lentement et ont un long cycle de vie – le plus ancien thuya occidental connu a atteint l’âge de 1890 ans!

Les compositions d’arbres ne sont pas statiques et évoluent avec le temps et sous la pression de la composante humaine des paysages. En tant qu’écozones les plus peuplées, les plaines à forêts mixtes abritent maintenant une variété de plantes importées. Les érables planes sont des arbres populaires dans les villes en raison de leurs feuilles qui deviennent rouge vif à l’automne; ils sont apparentés à la famille d’arbres la plus célèbre du Canada, celle des érables, malgré leur statut non indigène. D’autres espèces autrefois communes ont été fortement réduites par des maladies et des ravageurs envahissants. La maladie hollandaise de l’orme a détruit de nombreux ormes entre les années 1960 et 1980, et l’agrile du frêne est maintenant une préoccupation importante pour les frênes. Plus loin dans l’histoire, le châtaignier d’Amérique, autrefois chéri, a été éradiqué par une anthracnose fongique au cours des années 1900, changeant à jamais les traditions de Noël.

Bien que les arbres fassent souvent l’objet de davantage d’attention, ils ne constituent pas à eux seuls un écosystème. Les familles de plantes peuvent être classées en plusieurs groupes. La première distinction d’importance est celle qui sépare les plantes florifères (angiospermes) des plantes non florifères. Les plantes florifères (qui comprennent les arbres) sont, du point de vue de l’évolution, l’ensemble de plantes le plus récent et le plus diversifié, avec plus de 250 000 espèces. En raison de leur grande diversité, les plantes florifères peuvent être ensuite plus ou moins regroupées sous les appellations de graminées, plantes herbacées et arbustes. Les groupes de plantes les plus anciens présents dans l’écozone des plaines à forêts mixtes comprennent les mousses, les fougères et les conifères.

Les mousses et les fougères se fondent sur des stratégies de reproduction uniques et produisent des spores – une unité beaucoup plus petite que les graines qui peuvent être transportées par le vent ou la pluie. Elles sont présentes dans les zones humides et ombragées, souvent dans le sous-étage des forêts, poussant sur les rochers et le long des falaises.

Les graminées sont un groupe de plantes souvent négligées, qui sont pourtant essentielles à de nombreux écosystèmes par leurs graines riches en calories. Les plaines à forêts mixtes contiennent notamment une espèce de graminée importante : le manoomin (Ojibwe) ou riz sauvage. Cette espèce n’est pas directement liée au riz domestique, mais pousse dans les eaux peu profondes des lacs et des rivières des plaines à forêts mixtes. Le riz sauvage est traditionnellement récolté en canoë, le grain étant frappé dans l’embarcation à l’aide d’une perche en bois.

Les arbustes, des plantes à tissus ligneux qui portent souvent des baies, sont importants pour de nombreuses espèces d’oiseaux hivernants. L’écosystème des plaines à forêts mixtes comprend des arbustes comme les cornouillers, les sumacs vinaigriers et les framboisiers sauvages.

Les plantes herbacées sont une grande catégorie de plantes qui, contrairement aux arbustes et aux arbres, ne comportent pas de tissu ligneux et meurent chaque année à l’arrivée de l’hiver. Des fleurs sauvages comme les verges d’or du Canada, les asters, les chicorées et les asclépiades fournissent du nectar et du pollen aux pollinisateurs dans les écosystèmes de type prairie ouverte. La fleur et l’emblème officiels de l’Ontario sont le trille, une fleur des bois qui pousse à l’ombre et fleurit au début du printemps. Les oignons sauvages, les érythrones d’Amérique, les violettes et les petits-prêcheurs figurent parmi d’autres espèces des bois.

Les plantes carnivores poussent dans des conditions spécifiques dans les plaines à forêts mixtes. Elles s’alimentent d’insectes qu’elles piègent et digèrent pour compenser le fait que les sols sont pauvres en éléments nutritifs. Les sarracénies pourpres, les droséras et les utriculaires cornues sont présentes dans les tourbières basses et hautes.

MACROMYCÈTES (CHAMPIGNONS)
Le printemps ou l’automne, après une bonne pluie, sont de bons moments pour trouver des macromycètes uniques. Les macromycètes tirent profit de l’environnement humide pour former des sporophores ou des champignons. De nombreux macromycètes forment des associations avec les arbres, échangeant des nutriments contre de l’énergie des hyphes aux racines. D’autres macromycètes se consacrent davantage à la décomposition des tissus ligneux des arbres, morts et vivants. Ils fournissent ainsi un service écosystémique important en contribuant au recyclage des nutriments.

La tramète versicolore est un macromycète commun présent dans les plaines à forêts mixtes. Il s’agit d’un champignon à tablette, qui pousse sur des tissus ligneux morts. Les mycéliums sont de minuscules structures qui ressemblent à des racines et consomment le bois de l’intérieur, tandis que le champignon produit des spores pour se disperser.


LICHENS

Les lichens sont une symbiose unique de deux ou plusieurs espèces de macromycètes et d’algues qui collaborent pour coloniser des surfaces dénudées. Ils sont visibles en toutes saisons, mais apparaissent particulièrement colorés sur l’écorce des arbres en hiver. En raison de leur robustesse, la plupart des lichens ne se limitent pas aux plaines à forêts mixtes et sont présents partout au Canada. Parmi les espèces communes figurent le lichen des rennes, le lichen encroûtant jaune (ou parmélie des murailles) et le lichen géographique. Une espèce localement menacée appelée téloschiste ocellé n’est pense-t-on représentée que par un seul individu dans la région des plaines à forêts mixtes.

 Drosère à feuilles rondes

FAUNE

POISSONS

La diversité des écosystèmes aquatiques des plaines à forêts mixtes procure un habitat à une grande variété de poissons. Dans les profondeurs des Grands Lacs, on trouve de gros poissons comme les esturgeons jaunes, les grands corégones et les touladis. Les dorés jaunes et les achigans à grande bouche ont élu domicile dans les eaux moins profondes. Après avoir quitté les lieux de frai dans lesquelles elles sont nées dans l’océan Atlantique Nord, les anguilles d’Amérique vivent dans les rivières jusqu’à ce qu’elles aient atteint la maturité pour frayer elles-mêmes.

Les zones humides de la rive nord du lac Érié abritent le lépisosté tacheté très menacé.  Dans de nombreuses rivières, on peut trouver des truites, des poissons-chats, des perches et des brochets. De nombreuses espèces de poissons de cette région sont menacées par des espèces envahissantes ainsi que par des obstacles aquatiques comme des barrages et des ponts qui empêchent leur migration annuelle.

 Anguille d'Amérique

OISEAUX

De nombreux oiseaux utilisent l’habitat des plaines à forêts mixtes, comme escale en cours de migration ou toute l’année. Le plus petit d’entre eux est le Colibri à gorge rubis, le seul membre de la famille des colibris à se déplacer si loin au nord. Ces petits oiseaux, dont le mâle se distingue par sa gorge rouge irisée, visitent les fleurs pour consommer leur nectar et contribuent par la même occasion à leur pollinisation avant de repartir vers le sud au cours de l’été.

Certains oiseaux vivent plus près du sol, comme les Dindons sauvages, communs, et les Colins de Virginie, en voie de disparition. D’autres espèces rares recherchent un habitat plus spécifique, comme les Pluviers siffleurs ou les Pies-grièches migratrices. Les Pluviers siffleurs sont des petits oiseaux de rivage qui pondent leurs œufs sur les plages de sable autour des Grands Lacs. Les Pies-grièches migratrices vivent dans les alvars; elles sont aussi connues en anglais sous le nom de « butcherbirds » (oiseaux-bouchers) en raison de l’habitude qu’elles ont d’empaler de petits mammifères sur des buissons épineux.

Les mangeoires à oiseaux, assez couramment mises en place dans la région fortement peuplée des plaines à forêts mixtes, attirent de nombreuses espèces d’oiseaux. Les petits oiseaux comme les moineaux, les sittelles, les mésanges et les roselins peuvent être abondants à proximité des sources régulières de nourriture. De plus grandes espèces colorées comme les Geais bleus, les Cardinaux rouges et les pics sont aussi des visiteurs fréquents. Bien que cette région abrite neuf espèces de pics, les Pics mineurs et les Pics chevelus sont les espèces les plus fréquemment observées dans les mangeoires à oiseaux. Les Orioles de Baltimore orange vif peuvent être attirés par des offrandes de fruits.

De nombreuses espèces sont mieux adaptées aux habitats lacustres et fluviaux des plaines à forêts mixtes. Les Bernaches du Canada emblématiques sont abondantes, ainsi que de nombreuses espèces de canards comme les Canards colverts, les Canards branchus et les Garrots à œil d’or. Des oiseaux plongeurs comme les Plongeons huards et les Cormorans pêchent des poissons dans les rivières et les lacs. Plus près du rivage, des échassiers comme des Grands Hérons, des Hérons verts et des aigrettes pataugent dans les eaux peu profondes à l’aide de leurs longues pattes et chassent des petits poissons et des grenouilles.

Les Pygargues à tête blanche figurent parmi les rapaces les plus connus, pour leur taille et leur puissance. De petits rapaces comme les Éperviers bruns, les Éperviers d’Amérique et les Buses à queue rousse peuplent également les plaines à forêts mixtes. Les Balbuzards pêcheurs sont des spécialistes de la pêche qui effectuent des vols en plongée à la surface de l’eau pour saisir les poissons à l’aide de leurs puissantes serres. Les Faucons pèlerins et les crécerelles sont des membres de la famille des faucons dotés de becs courbés distinctifs. Alors que les rapaces chassent le jour, les hiboux sont des prédateurs nocturnes. Les plaines à forêts mixtes constituent l’aire de répartition la plus septentrionale des Effraies des clochers et une partie de l’aire de répartition méridionale des Harfangs des neiges populaires. Les Grands-Ducs d’Amérique sont plus communs, de même que les Petits-Ducs maculés, les Chouettes rayées et les Hiboux moyens-ducs. Des oiseaux charognards comme les Corneilles, les Corbeaux et les Vautours à tête rouge se régalent souvent des restes d’animaux écrasés sur le bord des routes.

 Canard branchu

MAMMIFÈRES

En plus des humains, de nombreuses espèces de mammifères ont élu domicile dans l’écozone des plaines à forêts mixtes. Les cerfs de Virginie, les ours noirs et les coyotes sont les plus gros mammifères à occuper cette aire de répartition. Les orignaux, les loups et même les cougars occupaient auparavant cette région, mais l’étalement urbain et l’industrie agricole intensive sont une entrave à la survie de ces grandes espèces.

Les lynx roux et les lynx du Canada peuvent être présents dans cette écozone, quoiqu’ils y soient cependant assez rares. Les plaines à forêts mixtes représentent l’étendue la plus septentrionale des populations de lynx roux et l’étendue la plus méridionale des lynx du Canada.

Les carnivores plus petits comme les renards roux et les membres de la famille des mustélidés (belettes) sont mieux adaptés à la survie dans de petites poches de nature sauvage. Parmi les espèces de belettes présentes dans cette région, on compte les hermines, les belettes à longue queue, les belettes pygmées, les blaireaux d’Amérique, les visons et les loutres de rivière.

Un grand nombre d’espèces connues dans cette région sont des opportunistes et sont capables de tirer le meilleur parti de leur nouvel environnement urbain. Les ratons laveurs, les mouffettes, les lapins à queue blanche, les marmottes et les opossums, les seuls marsupiaux d’Amérique du Nord, se sont intégrés aux paysages urbains. En plus des marmottes, d’autres gros rongeurs comme les porcs-épics, les rats musqués aquatiques et nos castors bien-aimés, vivent dans les plaines à forêts mixtes.

Les écureuils sont une espèce importante pour l’entretien des plaines à forêts mixtes, car ils contribuent à la croissance des arbres par l’enfouissement des graines. Les écureuils gris (qui comprennent une très grande population d’individus noirs) sont les plus communs, mais les écureuils roux fougueux et les polatouches nocturnes sont également présents dans cette zone.

Divers petits mammifères peuplent également les plaines à forêts mixtes, notamment des tamias, des souris, des campagnols, des taupes, des rats et des musaraignes. Huit espèces de chauves-souris sont présentes dans les plaines à forêts mixes, chassant les insectes par écholocalisation au crépuscule.

 Coyote

REPTILES

Les plaines à forêts mixtes représentent l’aire de répartition la plus septentrionale des tortues, des serpents et des lézards, quelques espèces vivant dans les parties méridionales des forêts boréales. Les reptiles qui vivent au Canada hibernent pour survivre aux longs hivers et se prélassent au soleil pendant l’été.

Les tortues sont un groupe de reptiles aquatiques dotés d’une carapace osseuse destinée à les protéger des prédateurs. Les plaines à forêts mixtes comportent, avec huit espèces, la plus grande diversité de tortues d’eau douce au Canada. Malheureusement, en raison de la forte mortalité routière et de la destruction de l’habitat, sept espèces de tortues sur huit sont en voie de disparition ou menacées. Les tortues ponctuées, les tortues mouchetées, les tortues à carapace molle, les tortues des bois, les tortues musquées, les tortues géographiques et les chélydres serpentines figurent parmi les espèces de tortues en péril. Les tortues peintes, composées de deux sous-espèces, les tortues peintes du Centre et les tortues peintes de l’Ouest, sont les plus communes et les moins en péril. Des tortues tabatières (ou tortues boîtes de l’Est) vivaient autrefois dans cette région, mais en ont disparu depuis au moins un siècle. Pour survivre à l’hiver, les tortues s’enfouissent la tête la première dans la boue au fond des rivières et des étangs et ralentissent leur métabolisme, respirant très peu ou pas du tout pendant toute cette saison.

Les plaines à forêts mixtes comptent 17 espèces de serpents, dont un seul venimeux : le crotale Massasauga. Les crotales des bois habitaient autrefois également les plaines à forêts mixtes, mais en sont maintenant disparus. Les couleuvres agiles bleues ne sont présentes que sur l’île Pelée. D’autres espèces de serpents ont une distribution beaucoup plus large, notamment les couleuvres rayées, les serpents à collier, les couleuvres tachetées, les couleuvres d’eau, les couleuvres vertes, les couleuvres nord-américaines, les couleuvres brunes et les serpents à ventre rouge.  Parmi les espèces de serpents en péril en Ontario figurent les couleuvres à nez plat, les couleuvres fauves de l’Est, les couleuvres à petite tête, les couleuvres minces, les couleuvres obscures, les couleuvres d’eau du lac Érié et les couleuvres royales. Lorsque le temps fraîchit, les serpents des plaines à forêts mixtes se rassemblent dans des hibernacles, de petits espaces souterrains situés sous le seuil du gel. Ces grands rassemblements leur permettent de se réchauffer les uns les autres pendant l’hiver et offrent en plus un autre avantage au printemps : une occasion idéale pour trouver des partenaires.

Une seule espèce de lézard vit dans les plaines à forêts mixtes, sur un total de six espèces indigènes au Canada. Les scinques pentalignes vivent à la lisière des forêts et la population de la forêt carolinienne est considérée comme en voie de disparition.

 Tortue mouchetée

AMPHIBIENS

Les amphibiens sont des animaux qui éclosent à partir d’œufs pondus dans l’eau; leur stade juvénile est généralement entièrement aquatique, avant qu’ils ne développent des poumons leur permettant de vivre sur terre. Dans les plaines à forêts mixtes, les grenouilles, les tritons, les salamandres et les nectures sont tous des amphibiens résidents.

Les grenouilles sont communes autour de n’importe quel rivage, qu’il s’agisse d’étangs, de lacs ou de rivières. Les grenouilles léopards sont l’une des espèces de grenouilles les plus communes des plaines boisées mixtes. Elles sont souvent confondues avec les grenouilles des marais, qui partagent la même aire de répartition et dont le motif tacheté est très similaire.

Les impressionnants ouaouarons sont les plus grandes grenouilles vivant au Canada, et les plus petites sont les minuscules rainettes crucifères. Vous aurez peut-être la chance d’apercevoir des rainettes versicolores, accrochées aux branches des arbres grâce à leurs orteils collants. Les crapauds d’Amérique et les crapauds de Fowler vivent plus près du sol et préfèrent les milieux moins aquatiques. Les grenouilles des bois et les rainettes faux-grillons (variétés de l’ouest et boréale) ont des capacités impressionnantes à survivre à des températures inférieures à zéro. Les grenouilles du Nord et les grenouilles vertes complètent la liste des grenouilles de l’écozone des plaines à forêts mixtes, ce qui donne un total de 12 espèces.

Si les salamandres, les tritons et les nectures se ressemblent, leurs cycles de vie sont très différents. Les salamandres passent par deux stades, un peu comme les grenouilles; elles commencent leur vie sous forme de têtards aquatiques et deviennent ensuite des adultes terrestres. Les tritons passent par un troisième stade une fois adultes et redeviennent aquatiques pour l’essentiel du reste de leur vie. Les nectures n’ont qu’un seul stade de développement et demeurent aquatiques toute leur vie. Les plaines à forêts mixtes comptent neuf espèces de salamandres (dont quatre sont considérées comme en voie de disparition), deux espèces de tritons et une espèce de nectures. 

 Grenouille léopard

INVERTEBRÉS

Les animaux dépourvus de colonne vertébrale sont appelés invertébrés et leurs principaux groupes sont les arthropodes (insectes, araignées, crabes), les mollusques (escargots, palourdes et calmars), les annélides (vers et sangsues) et les cnidaires (méduses et coraux).

Les arachnides comportent plusieurs sous-groupes, dont le plus grand est celui des araignées. Les malmignates du nord (ou veuves noires) se distinguent par leur corps noir sur lequel apparaît une forme distinctive de sablier rouge. Contrairement à leurs partenaires cinématographiques, elles sont rarement mortelles et ne piquent que lorsqu’elles sont menacées. Parmi d’autres araignées moins venimeuses trouvées dans la région figurent les araignées recluses brunes, les cheiracanthes et les araignées-loups. Les plus grandes araignées de cette région sont communément appelées dolomèdes et vivent à proximité des quais et au bord de l’eau. Elles sont assez grosses pour attraper des petits poissons, qu’elles emmêlent dans leur toile. Bien que les araignées génèrent souvent de la crainte, leurs petites cousines, les tiques, sont beaucoup plus dangereuses. Ces très petits arachnides se nourrissent de sang et propagent des maladies comme la maladie de Lyme. Le changement climatique favorise les écosystèmes de forêts mixtes dans lesquels elles sont aptes à se propager et à prospérer.

Les papillons et les lucioles figurent parmi les insectes les plus populaires. Les lucioles créent des jeux de lumière fantastiques lorsqu’elles se mettent en quête de partenaires au mois de juillet. Les papillons comme les papillons monarques et les papillons tigrés du Canada commencent leur vie en tant que chenilles qui se nourrissent alors de plantes. Pendant la deuxième partie de leur vie, ils butinent de nombreuses fleurs en quête de nectar et fournissent par la même occasion des services de pollinisation. Bien qu’ils ne soient pas aussi populaires que les papillons, les papillons de nuit des plaines à forêts mixtes, comme les papillons lunes, peuvent être tout aussi étonnants.

Alors que l’agriculture moderne dépend des abeilles européennes importées, de nombreuses espèces d’abeilles indigènes sont présentes en Amérique du Nord. Les bourdons sont considérés comme les abeilles les plus mignonnes, en raison de leur taille et de leur aspect velu. Les abeilles des citrouilles sont d’importantes pollinisatrices des courges indigènes. Les mégachiles des vergers se distinguent par leur coloration d’un vert luisant et sont d’importants pollinisateurs précoces des arbres fruitiers comme les pommiers, les cerisiers et les bleuets.

Les rivières et les lacs des plaines à forêts mixtes abritent 41 espèces de moules d’eau douce, mais celles-ci sont très vulnérables aux changements écosystémiques. Plus de 65 % des moules des plaines à forêts mixtes sont en voie de disparition. Les moules ont un cycle de vie unique et une relation parasite avec de nombreux poissons. Les larves des moules sont libérées dans les rivières, où elles se fixent aux branchies des poissons. Lorsque les larves sont assez âgées, elles se détachent de leurs parents et entament un nouveau cycle.  

 Papillon monarque

BIENFAITS

Les plaines à forêts mixtes sont réputées pour leurs terres agricoles productives. En particulier, une région connue sous le nom de Holland Marsh est connue pour ses sols riches et sombres où des produits de grande qualité peuvent être cultivés. Le Holland Marsh était autrefois une véritable zone humide, jusqu’à ce qu’il soit drainé et converti en terres agricoles dans les années 1920. La longue saison de croissance et l’abondance des eaux de surface et souterraines créent des conditions idéales pour l’agriculture dans les plaines à forêts mixtes. Les longs hivers froids offrent également un avantage, car certains ravageurs et maladies des cultures ne peuvent pas survivre d’une saison de croissance à l’autre.

De nombreux facteurs ont également fait des plaines à forêts mixtes des lieux idéaux pour le développement urbain. Le climat, tempéré par rapport à de nombreuses autres régions du Canada, est attrayant. Historiquement, la présence des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent a joué un rôle vital pour les déplacements et les voies commerciales. Les nombreux cours d’eau et lacs de l’écozone des forêts mixtes ont également été les premières voies de communication, car le transport des marchandises et des personnes y était beaucoup plus facile qu’à pied. La proximité des États-Unis d’Amérique est également un facteur de la forte densité urbaine des plaines à forêts mixtes.

Autour des lacs et des plans d’eau, de nombreuses activités récréatives sont populaires toute l’année. Le patinage, la pêche blanche, les randonnées en raquettes et le ski sont des activités hivernales populaires dans cette région. En été, les possibilités de navigation de plaisance, de pêche et de baignade sont nombreuses.

Forêt mixte

PERTURBATIONS ET MENACES

L’écozone des plaines à forêts mixtes profite d’un équilibre naturel généralement stable par rapport aux écozones voisines. Le climat est suffisamment humide pour limiter les incendies, fréquents dans d’autres écosystèmes comme la forêt boréale. Les épidémies d’insectes, en particulier les espèces envahissantes qui n’ont pas de prédateurs locaux, présentent un risque pour de nombreuses espèces végétales. Les tempêtes de verglas peuvent geler les arbres et les faire exploser en hiver et au printemps, mais ces événements sont largement bénéfiques pour l’écosystème. Les arbres plus âgés qui ne résistent pas à la glace s’effondrent et libèrent de la place pour les plantes du sous-étage qui disposent alors de davantage de lumière. Des tornades touchent occasionnellement cette région, quoiqu’assez rarement.

Les plus grandes menaces pour cet écosystème sont dues aux activités humaines. Le développement urbain et agricole supprime les habitats ou les fragmente, empêchant de nombreuses espèces de se nourrir ou de se déplacer naturellement. Les routes sont un obstacle majeur pour des espèces comme les tortues et les serpents, qui y accusent un taux de mortalité élevé. Les réflexions du ciel sur les grands bâtiments en verre peuvent désorienter les oiseaux, qui les percutent en vol, se blessent ou décèdent. La nuit, de nombreuses sources de lumière vive peuvent interférer avec les schémas de migration des oiseaux et éclipser les parades des lucioles. Bien que les plaines à forêts mixtes soient un écosystème diversifié, elles abritent la moitié de toutes les espèces en voie de disparition au Canada.

Les terres agricoles fournissent un habitat à certaines espèces, mais en détruisent activement d’autres. Des pesticides sont appliqués pour protéger les cultures des ravageurs. Ils sont souvent non spécifiques et éliminent sans discrimination des espèces utiles ou nuisibles. L’accumulation des engrais dans les plans d’eau constitue un autre problème majeur, l’excès de nutriments dans les lacs étant susceptible de provoquer des proliférations d’algues se développant à une vitesse et en quantité non naturelles. D’autres espèces vivant dans les plans d’eau sont vulnérables aux toxines des algues ou étouffées par un manque d’oxygène.

Les espèces envahissantes sont une préoccupation majeure dans les plaines à forêts mixtes. Le roseau commun peut étouffer les plans d’eau et entraver le déplacement des tortues dans les étangs. La berce du Caucase est incroyablement toxique et peut provoquer des éruptions cutanées qui apparaissent très rapidement après qu’on l’ait touchée. Les moules zébrées sont maintenant un problème courant dans les Grands Lacs et endommagent les infrastructures en s’accumulant dans les tuyaux. Des espèces de poissons envahissantes comme les carpes asiatiques et les gobies à taches noires peuvent perturber la biodiversité locale des Grands Lacs en faisant concurrence aux espèces indigènes pour les ressources ou en consommant leurs œufs. Les chats domestiques sont également une espèce envahissante dans cet écosystème, car ce sont des prédateurs très compétents des petits oiseaux et mammifères.

MESURES

De nombreuses organisations s’efforcent de conserver les lieux naturels qui subsistent dans les plaines à forêts mixtes. En plus des parcs provinciaux, le gouvernement provincial protège également les terres dans les réserves de conservation, les zones protégées et les zones de nature sauvage. En Ontario, des offices de protection de la nature sont associés à chaque bassin hydrographique et travaillent à l’atteinte d’objectifs de conservation communs en collaboration avec les municipalités et les propriétaires fonciers. Les organisations environnementales et les fiducies foncières mènent également des activités de conservation dans les plaines boisées mixtes.

Sur le plan individuel, de nombreuses personnes se mobilisent pour soutenir la biodiversité et protéger les espaces sauvages. La plantation d’espèces indigènes dans les jardins soutient les pollinisateurs indigènes et augmente l’étendue de leurs habitats. Les contributions à des programmes comme iNaturalist ou eBird deviennent de plus en plus populaires. Ces applications utilisent des données participatives pour identifier et consigner les observations d’espèces à des fins de recherche scientifique. De nombreux efforts sont en cours pour limiter l’impact des espèces envahissantes, avec des équipes de bénévoles qui se consacrent annuellement à l’élimination des plantes envahissantes.

Une excellente façon de promouvoir la conservation des plaines à forêts mixtes est de soutenir une zone ou un sentier de conservation local.

Rizière de riz sauvage

Écrit par: Lindsey Greidanus, Fédération canadienne de la faune, 2021