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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Comme tous les autres membres de son espèce, la Sittelle à poitrine rousse (Sitta canadensis) a de courtes pattes, le corps aplati et une grosse tête; son bec, fort et long, est quelque peu retroussé. Elle se distingue des autres sittelles par une longue raie sourcilière blanche, qui tranche sur le noir du dessus de la tête et de la partie postérieure du cou, et aussi par une autre rayure noire qui va de part et d’autre des yeux. Le sommet de la tête (calotte) est noir chez le mâle et bleu grisâtre foncé chez la femelle, tandis que le dos, les ailes et la queue sont d’un bleu grisâtre chez les deux. La poitrine rousse (d’où l’oiseau tient son nom) est plus pâle chez la femelle que chez le mâle. Une fois repliées, les ailes longues et pointues atteignent presque l’extrémité de la courte queue. La longueur totale de l’oiseau est d’environ 11 cm.

Les 17 espèces de sittelles de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie sont toutes de la famille des sittidés, cette dernière appartenant au genre Sitta. Aucune sittelle n’a plus de 19 cm de longueur. Toutes les sittelles, qu’elles soient de Formose, d’Allemagne ou du Mexique, ont des traits en commun avec la Sittelle à poitrine rousse. Cependant, plusieurs espèces de l’Eurasie s’en distinguent en ce qu’elles vivent sur des falaises, fouillant des rochers plutôt que l’écorce des arbres; c’est le cas de la Sittelle des rochers (Sitta neumayer), comme l’indique son nom.

Signes et sons

Volant entre les cônes et les touffes d’aiguilles aux extrémités des branches de conifères, les Sittelles à poitrine rousse font entendre constamment une série de petits cris nasillards, plus aigus et plus brefs que ceux des Sittelles à poitrine blanche. Le spécialiste W. M. Tyler note qu’« à l’heure des repas, elles entament un joyeux dialogue. C’est à la fin de l’été, réunies dans les forêts du Nord, que les sittelles sont les plus volubiles. Elles émettent alors, à tous les degrés du diapason, une note haute semblable à celle d’un flageolet, suivie d’une série de variations extraordinaires. Lorsqu’elles sont ainsi réunies, elles aiment à piailler, poussant de petits cris très aigus qui rappellent ceux de la souris et lançant un kik très bref ou une série de kik rapides ». Parmi la variété de sons étonnamment expressifs de la Sittelle à poitrine rousse, on relève un chant particulier, caractérisé par une série prolongée de notes monotones et nasillardes ressemblant à yna-yna-yna ou à yaaaaa.

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Habitat et habitudes

Bien que la Sittelle à poitrine rousse habite les forêts de conifères aussi bien que les forêts mixtes, elle préfère les peuplements d’épinettes et de sapins. Cet oiseau vit de préférence sur les branches d’arbres et non sur les troncs, et s’apparente, de ce point de vue, à la mésange. La Sittelle à poitrine rousse regarde le monde d’une façon tout à fait particulière... En effet, on la voit souvent (comme les oiseaux appartenant aux 16 autres espèces de sittelles connues) descendre la tête en bas le long des troncs ou des branches d’arbres, à la recherche d’insectes minuscules dissimulés dans les creux et les crevasses de l’écorce, où ils échappent aux autres oiseaux qui grappillent leur nourriture en se déplaçant verticalement la tête dirigée vers le haut.

On entend souvent son cri aigu et nasillard, gniac-gniac, avant d’apercevoir cet oiseau, car son habitude de se faufiler le long des grosses branches d’arbres le fait souvent passer inaperçu. Très actif, il se déplace rapidement d’arbre en arbre, en vol ondulé. Le nom anglais « nuthatch », décrit bien l’habitude, observée notamment chez la Sittelle d’Europe (Sitta europaea), qui consiste à donner des coups de bec aux coquilles de noix pour les ouvrir. Pour ce faire, la Sittelle cale la noix dans une fente d’écorce et la martèle ensuite avec son bec.

Caractéristiques uniques

La Sittelle à poitrine rousse a le doigt postérieur démesurément long et la queue tronquée, ce qui représente probablement une adaptation au mode particulier de déplacement de cet oiseau, la tête en bas, le long du tronc et des branches. En effet, ce doigt lui permet de bien s’agripper, et une queue trop longue lui nuirait.

Autrefois appelée le « torche-pot du Canada », la Sittelle à poitrine rousse est bien connue des amateurs d’oiseaux de l’Amérique du Nord. Son nom anglais est Red-breasted Nuthatch. Parmi les autres noms anglais donnés dans diverses régions à cette espèce si répandue, citons upside-down bird (Terre-Neuve-et-Labrador) et tomtit (Nouvelle-Écosse).

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Aire de répartition

La répartition de la Sittelle à poitrine rousse

Aire de répartition de Sittelle à poitrine rousse

L’habitat de la Sittelle à poitrine rousse comprend une bonne partie de la forêt boréale, de l’Alaska à Terre-Neuve et au Labrador, et s’étend au sud jusque dans les Appalaches et dans la partie est du Tennessee et la Caroline du Nord. Cette espèce se rencontre aussi dans les forêts de conifères du Sud de la Californie et de l’Arizona. La Sittelle à poitrine rousse est surtout sédentaire, mais certains membres de l’espèce s’envolent vers le sud chaque hiver. Les populations de cette espèce semblent atteindre une densité plus élevée dans la région des Great Smoky Mountains, au Tennessee, que dans celle du Nord de l’Ontario. On dénombre jusqu’à 20 oiseaux par 100 acres dans cette partie de l’État américain tandis qu’en Ontario, on en recense de 3 à 8 par 100 acres.

On en voit parfois de grands nombres sortir des forêts et envahir les terrains à découvert vers le sud, à la recherche de nourriture dans les hautes herbes. En 1961, de nombreuses volées de sittelles ont fait leur apparition dans les prairies en août, en route vers le golfe du Mexique et même la Floride. Dans plusieurs régions on ne voit que rarement des sittelles, au moment d’une visite ou d’une migration hivernale. Certains observateurs pensent que les adultes restent dans leur aire de nidification toute l’année et que les volées de petite taille aperçues l’automne se composent de jeunes de l’année. Les migrateurs reviennent au Canada en avril, souvent en compagnie des premières parulines.

Il existe en Amérique du Nord, trois autres espèces de sittelles, dont deux se rencontrent au Canada : la Sittelle pygmée (Sitta pygmaea), qui niche dans le Sud de la Colombie-Britannique; la Sittelle à poitrine blanche (Sitta carolinensis), un peu plus grosse et vivant surtout dans les forêts de feuillus de l’Est. On ne trouve la Sittelle à tête brune (Sitta pusilla) que dans le Sud-Est des États-Unis.

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Alimentation

L’hiver, elle se nourrit surtout de graines de cônes de conifères. À l’aide de son bec robuste, elle ouvre les écailles et en extrait les graines qu’elle dévore gloutonnement après avoir arraché l’aile de la graine. Les années où les cônes sont rares, on constate que les sittelles, les becs-croisés et les autres oiseaux amateurs de cet aliment émigrent vers le sud très tôt dans la saison. 

Les insectes, leurs œufs et leurs larves, de même que les araignées et leurs œufs, jouent aussi un rôle important dans l’alimentation de la sittelle. Cet oiseau se nourrit de plusieurs espèces d’insectes nuisibles aux forêts. C’est ainsi que, dans les vergers de l’Ouest, elle atténue la prolifération du psylle du poirier; aussi, a-t-on recommandé aux exploitants de vergers de poiriers d’y attirer les sittelles en leur construisant des nichoirs. 

Des morceaux de suif, des graines écrasées et des noix hachées attirent, pendant l’hiver, les sittelles aux mangeoires d’oiseaux. Souvent, elles accumulent cette nourriture en la cachant dans les fentes de l’écorce d’arbres voisins. Cette habitude, qui se manifeste chez plusieurs espèces d’oiseaux, aide probablement ces derniers à survivre lorsque les provisions se font plus rares au milieu de l’hiver. Les Sittelles à poitrine rousse sont agressives et se querellent souvent aux mangeoires, mais elles se laissent facilement apprivoiser. 

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Reproduction

Les Sittelles à poitrine rousse s’accouplent au printemps, et c’est souvent la femelle qui prend l’initiative. Un observateur a déjà vu une femelle voler vers un mâle et l’obliger plusieurs fois à changer de place. Puis, pointant le bec à gauche et à droite, en cadence, elle levait les ailes très haut derrière son dos et les rabattait au même rythme que les mouvements de son bec. Peu après, le mâle s’est mis à donner la becquée à la femelle, qui le sollicitait en oscillant de gauche à droite (comme un ventilateur électrique) tout en pointant son bec vers lui, en tremblotant des ailes et en poussant de petits cris doux tî-tî-tî-tî.

La parade nuptiale qu’exécutent le mâle et la femelle leur permet de coordonner leur cycle sexuel, de façon à faire éclore et à élever leurs petits au moment où la nourriture est très abondante. En effet, les sittelles doivent délimiter un territoire, trouver un compagnon ou une compagne, construire le nid et élever les petits dans les limites d’une certaine période de temps.

La construction du nid représente parfois un exploit. Par exemple, on a observé un couple de Sittelles d’Europe qui ont transporté jusqu’à leur nid, pour le garnir, 6 695 particules de bouleau et de pin, les plus rapprochés de ces arbres se trouvant à 41 et à 70 m du nid, respectivement. Le nombre quotidien de déplacements d’un couple de sittelles pour nourrir une couvée de 6 petits, varie de 119 (2 jours après l’éclosion des ?ufs) à 353 (18 jours après la naissance des petits).

Plus petite que la Sittelle d’Europe, la Sittelle à poitrine rousse déploie tout autant d’énergie à nourrir sa nichée. Le lien qui a permis l’accouplement unit aussi le mâle et la femelle dans le travail ardu de l’élevage des jeunes oiseaux.

Les sittelles nichent habituellement dans une cavité creusée, tant par le mâle que par la femelle, dans un arbre mort ou dans un chicot, bien qu’elles puissent aussi utiliser des trous existants, voire des nichoirs d’oiseaux. Les cavités sont creusées dans une grande variété d’arbres vivants et morts, tant feuillus que conifères. Les Sittelles à poitrine rousse vivent ordinairement dans les forêts de conifères, mais explorent aussi les peuplements de feuillus et nichent parfois à de grandes distances des conifères.

La hauteur du nid varie entre 0,5 et 36 m, la plupart se trouvant à environ 4,5 m du sol. La cavité, qui mesure environ 20 cm de profondeur, est garnie de matériaux doux, tels que des fragments d’écorce, des brins de foin et des radicelles; elle est souvent tapissée de poils.


L’ouverture en est toujours enduite de résine d’épinette ou de pin que le mâle et la femelle transportent dans leur bec, souvent sur de grandes distances, à partir du début de la construction du nid jusqu’au départ des oisillons. On ne connaît pas encore l’utilité de cet enduit, qui salit souvent le plumage des parents avant que les petits soient en état de voler. Cette habitude peut avoir un rapport direct avec le comportement de plusieurs espèces de sittelles de l’hémisphère Est, qui se servent de boue pour réduire l’ouverture de leur nid. Certaines espèces vivent même dans des nids faits entièrement de boue et dont l’entrée est en forme de goulot. Le nid de la Sittelle des rochers peut atteindre 950 fois le poids de l’oiseau.

Les œufs de la Sittelle à poitrine rousse sont d’un blanc pur marqué de points brun rougeâtre; ils ont moins de deux centimètres de longueur. La femelle en pond de 4 à 7, et l’incubation dure 12 jours. La nourriture des petits consiste en insectes et autres invertébrés (c.-à-d. de petits organismes dépourvus de colonne vertébrale). Les adultes cherchent la nourriture sur les branches des arbres, mais capturent aussi des insectes au vol, ce qui démontre que même un oiseau fortement adapté à un mode d’alimentation bien défini peut modifier ses habitudes.

Un ornithologue, qui a observé attentivement un nid de Sittelle à poitrine rousse, a constaté que le mâle revenait régulièrement au nid à intervalles approximatifs de 10 minutes, le bec rempli de diptères (insecte à deux ailes). Les petits restent au nid durant deux ou trois semaines et, une fois en état de voler, suivent leurs parents pendant plusieurs semaines encore. La petite famille est alors très tapageuse.

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Conservation

Ce petit oiseau, qui joue un rôle important dans la lutte contre les insectes nuisibles, est toujours le bienvenu aux mangeoires d’oiseaux.

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Ressources

Ressources en ligne

Cornell University Laboratory of Ornithology (en anglais seulement)

Ressources imprimées

AUSTIN, O. fils. Oiseaux, Paris, Les Éditions du Livre d’Or. Flammarion, 1962.

CAYOUETTE, R., et J.-L. GRONDIN. Les oiseaux du Québec, Orsainville (Québec), Société zoologique du Québec, 1972.

GODFREY, W. E. Les oiseaux du Canada, Ottawa, Musée national du Canada, 1967.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1986. Tous droits réservés.
No de catalogue CW 69-4/34-1986F
ISBN 0-662-93538-1
Texte : Robert W. Nero
Photo : Tony Beck

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