Paysage
Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Bois du cerf de VirginieAmateurs de chasse ou non, la plupart des Nord-Américains et des Nord-Américaines connaissent très bien le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). Lorsqu’il prend la fuite, cet élégant cervidé a l’habitude de relever la queue, dont le dessous est blanc, révélant un postérieur de la même couleur. Cette queue, qui rappelle un drapeau flottant au vent, a une large base et mesure près de 30 cm de longueur. Abaissée, elle est brune ourlée de blanc.

En été, le ventre du cerf de Virginie est blanchâtre, et le dos et les flancs sont roussâtres. Cependant, l’hiver venu, la fourrure (pelage) des parties supérieures du corps prend une teinte grisâtre. La hauteur au garrot des mâles adultes dépasse souvent 1 m, et leur poids excède généralement 110 kg. Cependant, dans le nord de l’aire de répartition de l’espèce, certains individus atteignent un poids exceptionnel de 200 kg.

Les bois du cerf adulte mâle consistent en une tige centrale, que l’on appelle merrain, recourbée vers l’avant et garnie d’andouillers ou de cors simples qui pointent vers le haut et s’inclinent souvent légèrement vers l’intérieur. Une femelle sur 1 000 peut aussi porter de petits bois simples.

Bois du cerf de VirginieLe cerf à queue noire de Colombie est difficile à distinguer du cerf de Virginie. Leurs bois sont semblables et leurs queues peuvent présenter la même allure bien que celle du cerf à queue noire soit généralement moins évasée. Ce dernier ne se rencontre toutefois que sur la côte de la Colombie-Britannique et sur l’île de Vancouver, où le cerf de Virginie n’est pas répandu, ce qui facilite l’identification.

Le cerf mulet, plus trapu et plus lourd, se distingue aisément du cerf de Virginie. Il se reconnaît à sa petite queue blanche à pointe noire, à ses bois et à ses cors bien branchus qui se divisent et se subdivisent en andouillers. Il a également de grandes oreilles qui ressemblent bien plus à celles du mulet qu’à celles de son cousin plus délicat, d’où son nom. Malheureusement, dans différentes parties du Canada, ces deux cervidés portent le même surnom de « cerf sauteur ». Dans les Prairies, le trot bondissant du cerf mulet aux pattes raides lui a valu ce surnom; ailleurs, l’expression désigne parfois le cerf de Virginie, en raison des bonds irréguliers qu’il exécute lorsqu’il est apeuré.

Signes et sons

Traces du cerf de Virginie Excréments de cerf de Virginie
Excréments de cerf de Virginie


Excréments d’orignal
Excréments d’orignal

Excréments de lapin
Excréments de lapin

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Habitat et habitudes

En été, à peu près toute étendue boisée ou broussailleuse qui offre une pâture abondante peut servir d’habitat aux cerfs de Virginie. En hiver, à mesure que la couche de neige s’épaissit, ils se rassemblent dans des quartiers d’hivernage (appelés aussi « ravages »), qui leur offrent de la nourriture et un abri contre les tempêtes et les amoncellements de neige. La migration de leur habitat d’été vers leur lieu d’hivernage les oblige parfois à parcourir de nombreux kilomètres.

Caractéristiques uniques

La biche laisse parfois ses petits sans surveillance pendant des heures. Tant que les faons se tapissent immobiles dans les broussailles, leur livrée tachetée se confond avec le décor environnant. En outre, ils ne dégagent presque pas d’odeur, ce qui les protège d’autant plus des prédateurs. Leur mère revient les allaiter de temps à autre.

C’est au cours de ces premières semaines que les gens, découvrant par hasard des faons seuls dans leur cachette, s’imaginent faussement que la biche les a abandonnés. De fait, il est rare qu’une biche délaisse ses petits. Il faut donc s’abstenir de les toucher, car la mère, alertée par l’odeur humaine qui se dégage du faon, pourrait l’abandonner sur place.

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Aire de répartition

La répartition du cerf de VirginieDe tous les gros animaux de l’Amérique du Nord, le cerf de Virginie, communément appelé chevreuil, est le plus commun et le plus répandu. Son territoire s’étend de la pointe sud du continent vers le nord jusque dans la forêt de résineux de la zone boréale. Quelques individus s’aventurent aussi loin vers le nord que le Grand lac des Esclaves. Dans le Sud du Canada, on le rencontre depuis l’île du Cap-Breton jusqu’au Centre-Sud de la Colombie-Britannique. Il y avait au moins 15 millions de cerfs de Virginie au Canada et aux États-Unis en 1982, et leur densité moyenne dans l’aire de répartition dépassait trois individus au kilomètre carré.

Pas moins de 16 sous-espèces de cerfs de Virginie sont connues en Amérique du Nord, dont trois seulement vivent au Canada. Le cerf de Virginie du Nord se rencontre dans tout l’Est du Canada, de la frontière entre l’Ontario et le Manitoba jusqu’à l’île du Cap-Breton. Le cerf de Virginie des prairies du Nord habite les ravins broussailleux, les parcs et l’orée des forêts des Prairies, jusqu’au piémont des montagnes Rocheuses à l’ouest. Enfin, le cerf de Virginie du Nord-Ouest, au pelage fauve, vit dans le Sud-Est de la Colombie-Britannique et explore occasionnellement les versants est de la ligne continentale de partage des eaux, jusqu’en Alberta.

Le cerf de Virginie habite depuis relativement peu de temps ce qui constitue la majeure partie de son territoire actuel en sol canadien. Les premiers Européens à explorer la moitié nord du continent ne rencontraient de cerfs qu’à l’ Extrême-Sud du Canada. Le territoire de l’animal était sensiblement le même à l’époque de la Confédération. On ne comptait alors que quelques-uns de ces ruminants au Nouveau-Brunswick et aucun en Nouvelle-Écosse. Par contre, on en rencontrait dans le Sud du Québec, et leur territoire se prolongeait quelque peu en aval du fleuve Saint-Laurent et en remontant la rivière des Outaouais. Bien que le cerf ait été abondant dans le Sud de l’Ontario, il ne s’était pas propagé au-delà du lac Nipissing. Le Centre-Sud du Manitoba en comptait quelques-uns, mais, dans le reste des Prairies, on ne rencontrait généralement que le cerf mulet.

Depuis, l’activité humaine, notamment la coupe des arbres et le brûlage de secteurs de forêt, l’ensemencement des cultures, l’alimentation du bétail pendant l’hiver, la diminution du nombre des compétiteurs, tels que le cerf mulet, le wapiti, l’orignal et le bison, ainsi que la réglementation limitant la chasse du cerf de Virginie ont permis à celui-ci d’étendre son territoire vers le nord et vers l’ouest. De plus, l’adoucissement du climat hivernal a peut-être, à la longue, lui aussi concouru à l’extension du territoire du cerf de Virginie. Quoi qu’il en soit, l’aire de répartition s’est beaucoup agrandie depuis la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe.

Ce phénomène, de même que l’accroissement sensible des populations, est cependant plus récent en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique qu’ailleurs au Canada. Ainsi, à l’heure actuelle, l’aire de répartition de la plupart des cerfs de Virginie représente un net prolongement de leur territoire vers le nord. Il n’est donc pas surprenant que les hivers rigoureux et les changements d’habitats entraînent d’importants déclins sporadiques des populations dans la majeure partie de leur territoire au Canada.

Dans certains secteurs de son territoire occidental, le cerf de Virginie cohabite avec ses cousins, le cerf à queue noire de Colombie et le cerf mulet.

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Alimentation

Le printemps et l’été, le régime alimentaire du cerf de Virginie se compose de feuillage provenant de plantes ligneuses, de graminées, d’herbages et de plantes à feuilles larges. Il se régale aussi d’aliments plus fins comme les crosses de fougère, les champignons et les bleuets. L’automne, presque toute la verdure succulente de l’été brunit et s’assèche; le cerf doit alors tirer sa subsistance des rameaux et des bourgeons qui sont à sa portée. Dans l’Est du Canada, les cerfs de Virginie raffolent des glands pendant l’hiver. Dans l’Ouest, durant l’automne et l’hiver, ils sont attirés par le grain laissé dans les champs. Même l’hiver, ils se nourrissent de pâture verte comme des plantes à feuilles larges, des graminées et des carex rustiques.

La quantité de pâture est limitée, même dans les aires d’hivernage les plus favorables. S’il y a surpopulation, la nourriture à haute valeur nutritive s’épuise rapidement; bientôt, les hardes ne disposent plus, pour le reste de l’hiver, que d’une maigre pitance de qualité médiocre. L’épaisseur de la neige aggrave le problème. Lorsque la couche de neige atteint plus de 40 cm, l’animal a beaucoup de peine à se déplacer et tend à emprunter les sentiers battus. La pâture dont il dispose en bordure de ces sentiers est limitée, tant en quantité qu’en qualité, au moment même où il a besoin d’un surcroît d’énergie pour endurer le froid intense et fournir le surplus d’efforts qu’exigent les déplacements en cette saison.

Il tire une partie de cette énergie de la transformation des réserves de matières grasses accumulées à la fin de l’été et au début de l’automne, mais à mesure que ces réserves d’énergie s’épuisent, les chances de survie de l’animal jusqu’au printemps diminuent. Elles s’amenuisent encore davantage si, faute de pâture, le cerf en vient à tirer son énergie de sa masse musculaire. Il n’est pas étonnant qu’au terme d’un hiver rigoureux, les survivants émaciés ne soient plus que l’ombre des bêtes splendides et vigoureuses qu’ils étaient à l’automne. Mais le retour du printemps les tire de leur détresse.

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Reproduction

Le cerf est un animal prolifique. Une harde en bonne santé peut presque doubler en nombre au cours d’une année propice. Dans des conditions favorables, les femelles peuvent s’accoupler dès l’âge de six ou de sept mois et donner naissance à un faon dès l’âge de 12 mois (à cet âge, elles ne donnent naissance qu’à un seul petit à la fois). Les faons mâles et les cerfs âgés d’un an sont féconds, mais ont rarement la chance de s’accoupler..

À leur naissance, à la fin du printemps, les faons pèsent de 2 à 4 kg; leur robe est tachetée de blanc et ils vacillent sur leurs pattes. La biche peut mettre bas de la fin de mars au début d’août; toutefois, la plupart des faons naissent au cours de la dernière semaine de mai ou de la première semaine de juin. En règle générale, sur un bon territoire, la portée compte deux petits, mais souvent elle est simple chez les jeunes biches, particulièrement chez celles qui mettent bas pour la première fois. On trouve des triplets à l’occasion, mais les quadruplets sont rares. Sur les territoires pauvres en nourriture ou après un hiver rigoureux, les naissances uniques sont plus fréquentes que les portées de deux petits, et les naissances multiples ne se produisent pas.

Le faon peut se dresser sur ses pattes quelques minutes après la naissance pour se nourrir du riche lait de sa mère, mais il reste relativement faible au cours de sa première semaine de vie.

Dès qu’il prend des forces, le faon commence à accompagner sa mère lorsqu’elle part à la recherche de nourriture et il apprend bientôt à ajouter à sa consommation de lait le broutage de plantes succulentes. À la même époque, la biche, comme tous les autres adultes de la harde, se nourrit sans arrêt de nouvelles pousses printanières. Son pelage gris, rude et miteux de l’hiver fait place peu à peu à la belle robe rousse de l’été, et elle reprend du poids. Vers la mi-été, la biche et ses petits ont pris l’aspect robuste et le beau pelage qu’on leur connaît, grâce à la haute valeur nutritive de leur pâture.

Aux premiers jours du printemps, on voit apparaître sur l’os frontal de la tête du mâle deux petites bosses foncées, ou pivots. La croissance des bois et l’augmentation du poids de l’animal se poursuivent rapidement jusqu’au début de l’été. Les bois sont de véritables os et, pendant leur croissance, ils sont nourris aussi bien par les vaisseaux sanguins, grâce aux pédicules (structures allongées supportant un organe), que par la peau velue, ou velours, qui les recouvre. À la fin de l’été, vers la fin de leur croissance, les bois ont un aspect bulbeux et gonflé. Ils cessent de croître lorsque les jours raccourcissent.

Le velours s’assèche et commence à se détacher peu à peu du tissu dur et osseux de la tige. Pour en accélérer la chute, les mâles frottent leurs bois contre les petits arbres et les arbustes. La chute des bois, quant à elle, survient entre décembre et mars, ordinairement en janvier.

Le cerf de Virginie apparaît dans toute sa splendeur au début de l’automne, son corps dodu par les réserves de graisse qu’il a accumulées en vue des longs mois d’hiver. Son nouveau pelage, très épais, accentue la grosseur et la robustesse de son corps. Les faons ont perdu leur robe mouchetée et sont maintenant une réplique de leurs parents, en plus petit. Les trois dernières semaines de novembre marquent la saison de l’accouplement, qui s’étend parfois, dans le cas des faons et des jeunes d’un an, jusqu’en décembre et plus rarement, jusqu’en janvier. Au Canada, la saison du rut (période d’activité sexuelle des mammifères) atteint son apogée pendant les deux dernières semaines de novembre; on note toutefois une plus grande variabilité dans le Sud des États-Unis. Les mâles, le cou gonflé par les hormones du rut, se déplacent presque sans cesse en quête de femelles, engageant des combats rituels avec leurs rivaux. Le rituel dégénère à l’occasion en un véritable affrontement, au cours duquel les bois s’entremêlent parfois inextricablement, condamnant les adversaires à une mort lente.

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Conservation

Au Canada, les chevreuils sont relativement à l’abri des maladies graves et des infestations parasitaires. Dans la plus grande partie de leur territoire, leurs ennemis naturels, comme le loup gris, le coyote, le lynx roux et le couguar, ont été décimés et interviennent rarement contre eux. C’est pendant les premières semaines de leur vie que les faons sont les plus vulnérables. Par ailleurs, les chiens laissés en liberté tuent parfois un grand nombre de cerfs, de tous les âges, particulièrement à la fin de l’hiver, lorsque la croûte de neige soutient le poids des chiens mais se brise sous le pas des cerfs affaiblis par le manque de nourriture.

Au Canada, bien qu’une assez longue suite d’hivers rigoureux puisse entamer son territoire, l’animal reconstitue rapidement sa population, reprend vite le terrain perdu et étend même son domaine plus au nord si les quelques années suivantes lui sont favorables.

La survie et la santé des hardes de cerfs de Virginie reposent principalement sur l’équilibre entre leur nombre et la nourriture disponible en hiver. Les personnes dont les activités contribuent à modifier les paysages peuvent procurer plus d’abris et de nourriture aux cerfs, surtout en prévision des hivers rigoureux. Par exemple, la coupe en forêt, d’ordinaire avantageuse pour le cerf puisqu’il en résulte des éclaircies favorables à la régénération, lui est encore plus bénéfique si on a soin de laisser suffisamment de couvert végétal permettant de réduire l’accumulation de neige. À cet égard, les essences forestières les plus utiles dans l’Est du Canada sont la pruche du Canada, le thuya, le sapin baumier, l’épinette et le pin. Dans les régions où la couverture boisée ou broussailleuse est plutôt rare, comme dans les prairies, on peut veiller à protéger l’habitat du cerf contre le défrichage.

Les populations saines, disposant de nourriture et d’abri adéquats, s’accroissent très rapidement, surtout si les bêtes excédentaires ne tombent pas sous les balles des chasseurs. La surpopulation entraîne invariablement un broutage excessif des plantes puis la malnutrition de l’animal, même si les prédateurs sont nombreux. Les bêtes affamées peuvent causer un tort immense à la végétation de leurs lieux d’hivernage; parfois même, elles empêchent la régénération d’importantes essences forestières. Une chasse modérée contribue à prévenir de telles catastrophes naturelles en maintenant le nombre de bêtes à un niveau raisonnable, tout en fournissant aux humains des loisirs sains et une viande très recherchée.

En 1978, le nombre de cerfs de Virginie tués de manière licite était de 125 000 au Canada et de 1 875 000 aux États-Unis. En 1982, ce nombre s’élevait à environ 2,6 millions aux États-Unis.

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Ressources

Ressources imprimées

BANFIELD, A.W.F. Les mammifères du Canada, 2e éd., Musées nationaux du Canada, Québec (Qu/bec), Les Presses de l’Université Laval, 1977, p. 365–368.

DELAUNOIS, A. Les mammifères de chez nous, Saint-Lambert (Qc), Éd. Héritage inc., 1991, p. 192–195.

DUHAMEL, A., et L. GAUDREAU. « Le cerf de Virginie (1) : le plus gracieux de nos cervidés » dans Forêt Conservation, magazine de l’AFQ et des Clubs 4-H du Québec, Québec (Qc), 1982, 49(6) :16–21.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1973, 1979, 1988, 1993. Tous droits réservés.
N° de catalogue CW69-4/7-1992F
ISBN : 0-662-97313-5
Texte : R.C. Passmore
Révision scientifique : F.L. Miller, 1986 et 1989
Photo : SCF