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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Le Faucon pèlerin en plein vol

Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) est un oiseau robuste de la taille d’une corneille. Les femelles adultes sont plus grandes que les mâles, atteignant une taille de 45 à 59 cm et un poids d’environ 910 g. Quant aux mâles adultes, ils atteignent une taille de 36 à 49 cm et un poids d’environ 570 g. La rayure malaire ou « moustache » noirâtre qu’on voit sous les yeux est un trait caractéristique, tout comme le capuchon, le dos et la surface supérieure des ailes qui sont d’un bleu cendré ou ardoisé. La gorge est blanche, le ventre varie du blanc au chamois, et les flancs, les cuisses, l’abdomen, la surface inférieure des ailes et le bas de la poitrine portent des raies brun-noir. Chez le jeune Faucon pèlerin, la partie supérieure varie du brun pâle à l’ardoise ou au brun foncé et la partie inférieure est chamois avec des stries noirâtres.

Généralement plus petits et plus minces que les éperviers, les Faucons pèlerins, comme tous les faucons, ont une petite tête, un plumage compact et ferme et de longues ailes pointues caractéristiques, lesquelles favorisent un vol particulièrement rapide. En vol, leurs battements d’ailes sont puissants et rapides. Leurs puissantes serres et leur bec arqué et fort muni d’une saillie ou « dent » qui leur permet de sectionner la moelle épinière de leurs proies en vol en font des prédateurs hautement spécialisés.

Certains Faucons pèlerins ont vécu jusqu’à 18 ou même 20 ans, mais la longévité moyenne est généralement beaucoup plus courte.

Traditionnellement, la femelle est appelée « forme » alors que le mâle est appelé « tiercelet ».

Signes et sons

Le Faucon pèlerin s’agite, devenant même parfois agressif lorsqu’un humain s’approche du nid, surtout si des petits sont présents. Il lui arrive alors de plonger en piqué à un mètre de l’intrus, ou même de le frapper, en poussant un cri perçant, caque-caque-caque. En réalité, comme le cri s’intensifie lorsque l’intrus s’approche du nid, le Faucon pèlerin en trahit l’emplacement. Le cri du mâle ressemble à celui de la femelle, mais il est plus poussif et aigu. Celui de la femelle est grinçant et rauque.

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Habitat et habitudes

Le Faucon pèlerin niche principalement sur les falaises abruptes. Trait particulier, il affectionne traditionnellement certaines corniches. On a noté que des couples successifs nichent sur les mêmes corniches de l’île de Lundy, au large de la côte sud-ouest de l’Angleterre, depuis au moins 1243. Toutefois, dans les régions reculées, telles que l’Arctique canadien, où il risque peu d’être dérangé, il s’installe sur les pentes raides, les découpures des rives et même les rochers peu élevés et les buttes. En Amérique du Nord, on voit rarement des nids sur un terrain plat ou dans un arbre, mais on en trouve assez souvent ailleurs dans le monde. Par exemple, on trouve des nids sur le sol ou dans les tourbières dans le nord de la Finlande; en Allemagne, là où des populations d’oiseaux arboricoles avaient disparu, on trouve maintenant des nids dans les arbres, à la suite de réintroductions récentes du Faucon pèlerin.

Dérogeant curieusement à ces mœurs, certains Faucons pèlerins nichent parfois sur des édifices élevés. L’un des cas les plus célèbres est celui de « Scarlet », une femelle d’à peu près un an qui, en 1937, a élu domicile au vingtième étage du siège social de la Sun Life à Montréal. Agressive, elle y nicha pendant 16 ans, eut 3 compagnons et 21 petits. Sa fiche de reproduction est demeurée sans égale dans les annales de l’ornithologie jusqu’en 2003, alors qu’à St. Paul, au Minnesota, on fit état d’une femelle appelée Meg, qui y avait niché pendant 16 ans et avait eu 6 compagnons et 43 petits. Conséquence directe de l’introduction de faucons élevés en captivité, on a relevé des cas récents d’oiseaux ayant niché en territoire urbain, soit à Edmonton, à Red Deer, à Calgary, à Saskatoon, à Regina, à Brandon, à Winnipeg, à London, à Toronto, à Ottawa, à Montréal, à Québec et à Saint John.

 

Caractéristiques uniques

Depuis que les nomades de l’Asie centrale ont entrepris de pratiquer la chasse avec des éperviers et des faucons dressés, il y a plus de 3 000 ans, les fauconniers ont toujours montré une préférence marquée pour le Faucon pèlerin.

Les faucons ont une très grande acuité visuelle même à faible clarté, la plus grande partie des activités de chasse s’effectuant ainsi à l’aube et au crépuscule.

Les Faucons pèlerins voyagent souvent très rapidement entre leur aire de nidification et leur aire d’hivernage, parcourant jusqu’à 500 km en une journée. On rapporte qu’une femelle, qui nichait à Edmonton, se rendit à Mazatlan, au Mexique en moins de huit jours et ne mit que six jours pour en revenir.

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Aire de répartition

La répartition du Faucon pèlerin

Les 22 sous-espèces de Faucons pèlerins sont répandues sur presque tout le globe, sauf en Antarctique, en Nouvelle-Zélande et en Islande. Leur grande résistance au vol leur ont permis de nicher en Arctique et, dans le Sud, jusqu’en Tasmanie, en Afrique du Sud et dans les îles Malouines.

L’Amérique du Nord compte trois sous-espèces de Faucons pèlerins : la sous-espèce pealei (Falco peregrinus pealei), la sous-espèce anatum (Falco peregrinus anatum) et la sous-espèce tundrius (Falco peregrinus tundrius). Les membres de la sous-espèce pealei sont de grands oiseaux généralement sédentaires de couleur foncée, qui nichent sur les côtes de l’Alaska et de la Colombie-Britannique. Les membres de la sous-espèce anatum sont de taille moyenne. Leur pigmentation est d’un riche saumon chamois sur la poitrine et leurs joues sont souvent noires. Ils nichent au sud de la toundra sur tout le continent nord-américain à l’exception de certaines parties du centre des États-Unis, du Dakota du Nord au Texas et à la Louisiane. Ceux qui appartiennent aux régions septentrionales sont migrateurs, et ceux des régions tempérées, sédentaires. Les membres de la sous-espèce tundrius sont plus petits et leur poitrine est plus pâle. Ces oiseaux arctiques sont de grands migrateurs.

On a retrouvé en Argentine des individus qui avaient été bagués dans les Territoires du Nord-Ouest. La plupart des oiseaux qui nichent en Arctique se rendent au-delà des zones tempérées où vivent les Faucons pèlerins sédentaires pour aller hiverner en Amérique du Sud. Le Faucon pèlerin tire son nom de l’adjectif latin peregrinus, qui signifie soit « venant de l’étranger », soit « vagabond ». Il a mérité ce nom en raison des migrations prolongées de certaines populations.

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Alimentation

Les proies de ce chasseur cosmopolite diffèrent beaucoup d’une région à l’autre, et même d’une aire de nidification à l’autre. Dans certaines parties des îles de la Reine-Charlotte en Colombie-Britannique, il se nourrit presque exclusivement de Guillemots à cou blanc, petits oiseaux marins qui y nichent par milliers. Sur la côte est du Labrador, les Faucons pèlerins se nourrissent de Guillemots à miroir, un autre oiseau marin commun, et de petits mammifères (souris et campagnols). À Rankin Inlet, sur la rive ouest de la baie d’Hudson, l’oiseau se nourrit surtout de lemmings et d’oiseaux de rivage. Dans le sud du Canada, les Faucons pèlerins mangent une variété d’oiseaux qui vivent dans les terres humides, y compris des Mouettes de Franklin, des Guifettes noires, des Petits Chevaliers, des Grèbes à cou noir, des Pics flamboyants, des Sarcelles d’hiver et des Marouettes de Caroline. Dans les villes, les Faucons pèlerins mangent certes des pigeons, mais ceux-ci ne représentent jamais plus de 20 p. 100 de leur alimentation.

La taille du Faucon pèlerin, et la vitesse qu’il peut atteindre, en font un excellent chasseur, capable de s’attaquer à certains autres gros oiseaux. Ce rapace aux longues ailes est un spécialiste de la poursuite en secteur dégagé. C’est pourquoi il préfère les terrains de chasse dépourvus d’arbres, tels que les rivages, les marais, les vallées fluviales, les marécages ouverts et la toundra. Bien que sa vitesse de vol horizontal dépasse celle de la plupart des oiseaux, il exploite surtout la hauteur pour s’abattre sur sa proie. On estime qu’en piqué, un Faucon pèlerin vole à plus de 300 km/h.

En piqué, l’oiseau ressemble à un triangle de plumes profilées, avec ses pattes repliées contre sa queue et ses ailes à demi déployées. À cette vitesse, le coup qu’il assène de sa patte à moitié refermée suffit habituellement à estropier ou à tuer sa proie, quelle que soit sa taille. Si la proie est trop lourde, le Faucon pèlerin la laisse tomber au sol pour la tuer et la dévorer sur place. Il capture au vol avec ses serres les oiseaux légers comme l’hirondelle ou le bécasseau, ou il les abat et les retrouve ensuite. Malgré sa réputation de bon chasseur, le Faucon pèlerin manque souvent sa cible. Le succès de chaque piqué dépend de l’habileté du faucon, de la proximité d’un refuge pour sa proie et de l’agilité de celle-ci. Comme tous les prédateurs, le Faucon pèlerin s’attaque d’abord aux proies faciles : les individus aberrants ou faibles.

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Reproduction

Le Faucon pèlerin

Le Faucon pèlerin atteint la maturité sexuelle vers l’âge de deux ans. Au cours de la période de reproduction, il garde jalousement son territoire. Même dans les zones où la densité des nids est la plus forte, un couple niche normalement à plus d’un kilomètre (souvent plus loin) du couple voisin. Cet éloignement assure une quantité suffisante de nourriture pour les couples et leurs petits. Les parents défendent les alentours du nid contre les autres Faucons pèlerins et souvent même contre les aigles ou les corbeaux. À l’intérieur de son territoire de reproduction, qui s’étend sur plusieurs kilomètres carrés, un couple de Faucons pèlerins peut nicher sur des corniches différentes. On a observé, au cours d’une période de 16 ans, des couples ou leurs successeurs, qui ont occupé jusqu’à sept nids sur le même territoire.

La plupart des nids de falaise se trouvent sur des corniches couvertes de végétation et abritées par un surplomb. L’oiseau préfère des emplacements orientés vers le sud. Les femelles se contentent habituellement de creuser dans le sol meuble, le sable, le gravier ou la végétation morte d’une corniche, une cavité peu profonde où elles déposent leurs œufs, sans utiliser d’autres matériaux pour construire le nid.

Les Faucons pèlerins qui nichent dans le nord arrivent sur les aires de reproduction plus tard que leurs congénères qui nichent plus au sud, et ils commencent donc à pondre leurs œufs plus tard que ceux-ci. À son arrivée, au cours des deux premières semaines du mois d’avril, le mâle fait la cour à la femelle en exécutant d’étonnantes acrobaties aériennes et en lançant de grands cris. Du début à la mi-mai, la femelle pond trois ou quatre œufs marbrés rouge brique ou acajou, au rythme d’un œuf tous les deux jours. L’incubation, dont s’occupent les deux adultes jusqu’à l’éclosion des œufs, commence après la ponte du dernier ou de l’avant-dernier œuf et dure environ 32 jours. En raison de la brièveté de l’été arctique, le Faucon pèlerin y établit rarement un nouveau nid après la perte d’une couvée, mais ses cousins du Sud le font régulièrement. En moyenne, seuls un ou deux oisillons par nid parviennent à l’âge du vol à cause d’œufs stériles et de pertes dues à des causes naturelles.

Les oisillons nouveau-nés sont de petites boules de duvet de couleur blanc crème, aux pattes démesurément grandes. Les premières plumes commencent à paraître sur les ailes et la queue et autour des yeux au bout d’environ trois semaines, et le plumage se complète dans les trois semaines suivantes, lorsque les oiseaux sont âgés d’environ 40 jours. Les oisillons passent de 35 à 45 jours au nid; les mâles font habituellement leur premier vol quelques jours avant les femelles de la même couvée. Les parents nourrissent régulièrement leurs petits après avoir plumé les proies sur un perchoir voisin. Lorsque les oisillons commencent à voler, les parents volent près d’eux en tenant entre leurs serres une proie que les petits essaient d’agripper au passage. Après quelques semaines de cet entraînement, ils se mettent à chasser à leur tour.

 

Les oiseaux gardent leur plumage juvénile pendant un an, sans autres changements que ceux causés par l’usure et la décoloration. Au cours de l’été, les adultes muent et leurs rémiges se remplacent une à une.

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Conservation

Les populations de Faucons pèlerins ont longtemps fait preuve de stabilité. En Grande-Bretagne, par exemple, où de nombreux ornithologues amateurs et fauconniers ont étudié ces faucons, leur nombre, qui s’élevait à environ 600 couples reproducteurs, n’a connu presque aucun changement de l’époque élisabéthaine (le 16e siècle) aux années 1940. Toutefois, pendant la Seconde Guerre mondiale, on les a tués dans certaines régions afin de protéger les pigeons voyageurs. Bien que ces populations se soient rétablies par la suite, de nombreuses populations autrefois vigoureuses, surtout en Europe et en Amérique du Nord, ont souffert de baisses généralisées et sans précédent à compter de 1945. Dans l’est des États-Unis, où il y avait jadis au moins 300 nids, le Faucon pèlerin est presque disparu en tant qu’oiseau nicheur dans les années 1960.

La rapidité et l’envergure du déclin ont d’abord étonné les ornithologues. Le pillage des nids par les humains, le piégeage et la chasse n’expliquaient pas le phénomène puisque les Faucons pèlerins résistaient à ces assauts depuis déjà une centaine d’années. Les études scientifiques permettent de croire que les pesticides ou les polluants industriels sont la cause principale de ce déclin. En effet, le phénomène a coïncidé tant chronologiquement que géographiquement avec l’utilisation intensive des pesticides après la guerre. De plus, on en a découvert des concentrations élevées dans les faucons et leurs œufs.

Comme tous les rapaces, les Faucons pèlerins se trouvent à l’extrémité de la chaîne alimentaire, et bien que cette position leur assure peu d’ennemis et une longévité appréciable, elle comporte certains inconvénients. En effet, puisque leurs proies s’alimentaient de graines ou d’insectes contaminés, les prédateurs étaient exposés à des taux de contamination beaucoup plus élevés que ces proies, des taux qui ne se trouvent ni dans l’air ni dans l’eau. Or, de telles concentrations ont nui à la reproduction en entravant le comportement des couples, la formation des coquilles et l’éclosion. Le taux de reproduction de cette espèce était donc affecté, ce qui a entraîné le déclin des populations.

En 1969 au Canada et en 1972 aux États-Unis, on a restreint l’utilisation du DDT, un pesticide rémanent en partie responsable du déclin des populations de Faucons pèlerins. Néanmoins, les faucons du Canada ont probablement continué d’être contaminés dans leurs aires d’hivernage en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

Aujourd’hui, dans presque toutes les parties de l’Amérique du Nord, la loi protège le Faucon pèlerin et pratiquement tous les autres rapaces. Cependant, cette protection est beaucoup moins vigilante ailleurs et les populations souffrent de l’abattage d’adultes et du pillage des nids.

En 1978, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné la sous-espèce anatum comme espèce « en voie de disparition ». Les activités de rétablissement, dont l’élevage en captivité suivi de la réintroduction dans un milieu naturel, ont toutefois amélioré sa situation, et en 2000, la désignation est passée à celle d’espèce « menacée ». De la même façon, la sous-espèce tundrius, qui était considérée comme espèce « menacée » en 1978, est depuis 1992 désignée comme espèce « préoccupante ». La sous-espèce pealei est désignée espèce « préoccupante ». Ces trois sous-espèces de Faucons pèlerins sont répertoriées en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada.

 

Depuis 1974, plus de 1 650 Faucons pèlerins ont été élevés dans des installations du Service canadien de la faune à Wainwright, en Alberta, dans des installations de certaines universités en Saskatchewan et au Québec, et dans des installations privées en Alberta. Les services de la faune et des organismes sans but lucratif ont relâché des faucons élevés en captivité du haut d’édifices élevés et de falaises naturelles à plus de 60 endroits, à partir du sud de l’Alberta jusqu’à la baie de Fundy, sur la côte est du Canada. En 2005, on comptait plus de 200 couples de pèlerins sauvages nichant dans le sud du Canada et plus de 300 couples au Yukon et dans la vallée du Mackenzie. On estime qu’il y a maintenant plus de 7 000 couples de pèlerins nichant en Amérique du Nord, y compris au Mexique.

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Ressources

Ressources en ligne

Comité sur la situation des espèces en peril au Canada

Cornell University Laboratory of Ornithology (en anglais seulement)

Faucon pèlerin anatum/tundrius

Faucon pèlerin de la sous-espèce pealei

Faucon pèlerin de la sous-espèce tundrius

Ressources imprimées

BANASCH, U., et G. HOLROYD. 2004. Relevé de 1995 du Faucon pèlerin au Canada, Ottawa, Service canadien de la faune, « Publication hors série », no 110.

CRAIG, G.R., et J.H. ENDERSON. 2004. Peregrine Falcon biology and management in Colorado 1973–2001, Fort Collins (Colorado), Colorado Division of Wildlife, « Technical Publication », no 43.

ENDERSON, J.H., W. HEINRICH, L. KIFF et C.M. WHITE. 1995. « Population changes in North American Peregrines », Transactions of the 60th North American Wildlife and Natural Resources Conference, p. 142-161.

ROWELL, P., G.L. HOLROYD et U. BANASCH. 2003. « The 2000 Canadian Peregrine Falcon survey », Journal of Raptor Research, vol. 37, no 2, p. 98-116.

© Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1985, 1988, 1990, 1996, 2001, 2007. Tous droits réservés.

Texte : Don Blood
Révision : U. Banasch, 2001, 2006
Photos : Gordon Court
Photo : Richard Fyfe