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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Canard Branchu en plein vol

Beaucoup de naturalistes et de chasseurs considèrent le Canard branchu (Aix sponsa) comme le plus beau canard d’Amérique du Nord, voire du monde entier. Le mâle, dans le plumage nuptial qu’il porte d’octobre à juin, surpasse en beauté tous ses congénères. La femelle, aux couleurs plus ternes, est quand même plus belle et plus colorée que ses cousines.

La taille des Canards branchus est intermédiaire entre celle du Canard colvert et celle de la Sarcelle à ailes bleues; les mâles pèsent en moyenne 680 g et les femelles environ 460 g. De loin, le mâle semble avoir la poitrine et le corps foncés, les flancs pâles, une huppe rayée et la gorge claire. De près cependant, son plumage irisé, son bec noir, rouge et blanc et ses yeux rouges sont très frappants. La femelle se distingue du mâle et des femelles des autres espèces par une surface blanche autour des yeux, une gorge pâle et une huppe plus courte. Les deux sexes portent leur huppe pointée vers le bas et se distinguent en vol par leur longue queue, large et carrée.

Leurs ailes sont très caractéristiques. Fixées à l’aile au-dessus du poignet, les rémiges primaires, qui sont les dix plumes de vol les plus extérieures, sont de couleur foncée. Les vexilles externes de ces plumes semblent avoir été couverts au pulvérisateur de peinture aluminium, trait unique parmi les canards d’Amérique du Nord.

La plupart du temps, on peut distinguer les canards adultes des jeunes et les mâles des femelles uniquement par leurs ailes. Dans le cas du Canard branchu, comme de ses congénères, les plumes des jeunes de l’année sont plus fines, plus pointues, plus lisses et moins colorées que chez les adultes. Les femelles se distinguent par quelques petites plumes violacées sur le dessus des ailes, dont le lustre fait penser à une tache d’huile sur l’eau. On ne retrouve pas cette caractéristique chez les mâles. De même, chez les femelles, le bout blanc sur le bord postérieur des ailes présente la forme d’une larme, mais, chez les mâles, il est en ligne droite ou en forme de V. Par l’examen des ailes des canards abattus par les chasseurs, les biologistes peuvent déterminer la proportion de jeunes par rapport aux adultes et évaluer ainsi le taux de reproduction au sein d’une population de sauvagine.

Le Canard branchu est une espèce typiquement nord-américaine. On l’a déjà appelé Canard huppé. Son seul proche parent est le Canard mandarin, d’Asie orientale. Comme des restes fossiles ont été retrouvés seulement en des endroits très dispersés dans l’Est du continent, il semble que le Canard branchu soit d’origine nord-américaine.

Signes et sons

Le Canard branchu mâle émet un djiii accentué semblable à celui du roselin en temps normal et un hoű-icc aigu lorsqu’il s’effarouche. La femelle fait un cr-r-êque, cr-r-êque.

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Habitat et habitudes

Par tradition, les naturalistes nord-américains avaient toujours groupé les Canards branchus avec les Canards colverts et autres canards d’étang dans la catégorie des barboteurs ou canards de surface. Ils établissaient une distinction entre ce groupe et les canards plongeurs, comme le Fuligule à dos blanc, à cause des différences tant dans les traits physiques que dans le comportement. Récemment, les ornithologues, c.-à-d. les spécialistes des oiseaux, classent les Canards branchus parmi les canards percheurs plutôt que parmi les barboteurs types. En effet, si le Canard branchu se nourrit à la surface de l’eau, comme tous les barboteurs, il diffère du groupe par certains aspects très importants. Contrairement aux petits des barboteurs, qui sont de couleur jaunâtre, les canetons du Canard branchu ont le bas du corps blanc et le haut foncé et semblent avoir une queue assez longue. Caractéristique importante, les adultes se perchent tout comme le Canard musqué et les canards apparentés. Ces traits ainsi que d’autres considérations ont amené les ornithologues à classer les Canards branchus parmi les canards percheurs plutôt que parmi les barboteurs.

Caractéristiques uniques

Le mâle, dans le plumage nuptial qu’il porte d’octobre à juin, surpasse en beauté tous ses congénères. La femelle, aux couleurs plus ternes, est quand même plus belle et plus colorée que ses cousines.

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Aire de répartition

La répartition du Canard branchu

Au Canada, les Canards branchus nichent ici et là dans le sud de toutes les provinces; à Terre-Neuve, on ne fait toutefois état que d’une seule mention de nidification. Les aires de reproduction les plus étendues sont situées en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique. À la fin de l’été et au début de l’automne, la dispersion s’accentue après qu’ils se sont reproduits. La plupart émigrent aux États-Unis, mais quelques-uns hivernent dans l’extrême Sud de l’Ontario et dans le Sud-Est de la Colombie-Britannique.

Aux États-Unis, leur aire de distribution est beaucoup plus étendue; en effet, ils nichent dans les régions situées à l’est du fleuve Mississippi, le long du cours inférieur du Missouri jusqu’au Dakota du Sud, dans l’Est du Texas, le long de la côte du Pacifique et en quelques autres endroits. Ils passent l’hiver principalement le long de la côte atlantique, près de New York, le long du golfe du Mexique jusque dans le centre du Texas, dans la vallée du cours inférieur du Mississippi et dans l’Ouest de la Californie; quelques-uns descendent même jusqu’au Mexique, au sud du district fédéral.

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Alimentation

Le Canard branchu est surtout herbivore ou végétarien, les aliments végétaux formant environ 90 pour 100 de son régime. Sa nourriture varie selon les régions, mais, dans toute l’Amérique du Nord, les lentilles d’eau, les graines de souchet, le carex, les graminées, les potamots et les glands sont parmi ses mets de consommation les plus importants. Ces dernières années, l’importance du maïs comme denrée alimentaire s’est accrue avec l’invasion progressive des champs de maïs par de petits groupes de Canards branchus, un comportement alimentaire semblable à celui des canards barboteurs tels que le Canard colvert. 

Pour une croissance rapide, les petits ont besoin d’un régime riche en protéines. Ainsi, au cours des premières semaines de leur vie, il est important qu’ils se nourrissent de libellules, d’insectes, d’araignées, et que leur aire d’élevage abrite une grande population de ces invertébrés.

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Reproduction

Après un long hiver dans les régions relativement sans gel du Sud américain, le Canard branchu émigre vers ses aires de reproduction, arrivant au Canada au mois d’avril. La formation des couples peut se produire dans les quartiers d’hiver, avant ou pendant la migration printanière, ou encore au lieu de nidification si l’un des membres du couple se perd en route. Les oiseaux appariés se mettent ensuite en quête d’un étang à castors ou d’un marais reculé qui leur fournira de l’eau, des lieux de nidification, un habitat pour l’élevage des petits et des aires d’alimentation. Les femelles retournent souvent dans la région de leur naissance, parfois accompagnées d’un mâle originaire d’un endroit très éloigné.

Comme les autres percheurs, les canards branchus nichent dans les arbres, montrant une préférence marquée pour les trous dans les troncs d’arbres creux et dans les grosses branches. Ces trous peuvent être causés par une cassure, le feu, la foudre, la coupe du bois ou le travail des pics de grande taille, comme le Grand Pic. Le nid est situé de 1 à 15 m du sol, dans un arbre de plus de 40 cm de diamètre. Il est habituellement près de l’eau, mais il arrive que la femelle choisisse un arbre assez éloigné de l’étang.

Le Canard branchu n’est pas le seul canard au Canada qui niche dans une cavité. Le Garrot à œil d’or, le Garrot d’Islande, le Petit Garrot et le Harle couronné en sont aussi. Dans certaines parties du Canada, l’aire de nidification de ces espèces chevauche celle du Canard branchu, ce qui crée une certaine concurrence. Cependant, à cause de différences dans l’habitat et dans le type des lieux de nidification choisis, cette concurrence n’a rien de dramatique.

La femelle se reproduit à l’âge d’un an. Après avoir tapissé le nid de duvet arraché de sa poitrine, elle pond de 8 à 15 œufs d’une couleur variant du blanc terne au jaune crème. L’incubation dure de 28 à 30 jours, mais si la température est anormalement basse ou si la femelle s’absente trop longtemps du nid, elle peut se prolonger de quelques jours.

Après l’éclosion, qui se produit habituellement en juin dans l’Est du Canada, les petits se servent de leurs griffes pointues pour grimper jusqu’à l’entrée du nid et, en agitant leurs ailes, se laissent tomber sur le sol, qu’ils atteignent en général sains et saufs. La femelle les guide ensuite jusqu’à l’étendue d’eau la plus rapprochée, où ils restent ensemble huit ou neuf semaines à se nourrir.

Peu de temps après le début de l’incubation, le mâle se désintéresse de la vie de famille et passe plus de temps loin du nid. Il se joint à d’autres mâles et d’importants groupes en viennent ainsi à se former. Vers le milieu de l’été, les mâles commencent à s’éloigner pour muer. À la recherche d’endroits cachés et tranquilles, les canards peuvent parcourir de grandes distances, et il arrive que des milliers de mâles venant d’aires de nidification situées dans les États du Nord émigrent vers le Sud-Est du Canada. À leur arrivée, les canards commencent à muer et, au mois d’août, leur brillant plumage printanier a cédé la place à un manteau semblable à celui des femelles. Puis, toutes ensemble, les plumes de vol tombent, rendant l’oiseau incapable de voler pendant quelque quatre semaines jusqu’à la repousse des plumes.

Peu de temps après le premier envol des petits, d’ordinaire vers la mi-août dans l’Est du Canada, les femelles quittent leur couvée, s’éloignent quelque peu et commencent à muer. Tout comme les mâles, elles sont incapables de voler pendant une courte période et cherchent alors des recoins marécageux.

Vers la fin de l’été et au début de l’automne, les canardeaux, forts de leur nouvelle capacité de vol, et les adultes, munis de leurs plumes de vol fraîchement repoussées, se déplacent sans hâte dans la partie septentrionale de leur aire. Ils s’occupent surtout à accumuler de l’énergie sous forme de gras, en prévision de leur migration automnale.

À la première grosse gelée, habituellement à la fin de septembre ou au début d’octobre dans la partie orientale du Canada, le Canard branchu commence son voyage vers le Sud-Est des États-Unis. Toutefois, les populations méridionales, et en particulier les femelles, sont moins migratrices. Les populations situées à l’intérieur des terres en Colombie-Britannique émigrent vers la côte Ouest tandis que les populations déjà situées sur la côte Ouest n’émigrent pas.

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Conservation

Dès leur arrivée en Amérique du Nord, les Européens ont, beaucoup plus que les Amérindiens, appris à tirer profit de cette ressource naturelle que constitue le Canard branchu, si bien que cet oiseau n’a pas cessé depuis d’être très recherché par les chasseurs tant pour sa chair que pour son plumage. Aux premiers temps de la colonisation, on n’appliquait pas de règlements de chasse, et en 1900, l’espèce était devenue rare. Devant le besoin évident d’une protection, on a décrété l’interdiction totale de la chasse entre 1918 et 1941. Ces mesures restrictives ont été rendues possibles par le Traité de 1916 concernant les oiseaux migrateurs entre la Grande-Bretagne (au nom du Canada) et les États-Unis. Depuis 1941 cependant, les règlements sont devenus de moins en moins rigoureux au fur et à mesure que la population de Canards branchus augmentait.

Les chasseurs nord-américains ont tué en moyenne 1 189 000 Canards branchus tous les ans entre 1972 et 1982, soit 121 000 au Canada et 1 068 000 aux États-Unis. On estime que la population totale se situe entre deux et quatre millions d’individus au terme de chaque saison de chasse, ce qui confirme la situation plutôt stable de l’espèce à ce jour.

Aujourd’hui, les populations de Canards branchus sont limitées par la disponibilité et la qualité de l’habitat. L’activité humaine, et principalement la chasse, sont les causes les plus importantes de la mortalité chez cette espèce; les autres facteurs comprennent le pillage des nids par les ratons laveurs et les couleuvres à nez mince, de même que les maladies et les parasites. Les maladies et les parasites ne sont habituellement pas d’importants agents de mortalité, mais on a établi que la malaria des canards et la peste des canards frappaient l’espèce.

Dans les nids de Canards branchus, à l’intérieur de cavités naturelles ou de nichoirs artificiels bien protégés, l’éclosion a plus de succès que dans les nids de la majorité des autres canards. Parce qu’il niche dans les arbres, le Canard branchu peut facilement être amené à s’établir dans des nichoirs, dont de nombreux types se sont révélés bien adaptés. Le Service canadien de la faune recommande la construction de maisonnettes d’au moins 55 cm de profondeur et 25 cm de largeur, munies d’entrées en forme d’ellipses mesurant au plus 7,5 cm sur 10 cm afin de limiter l’accès aux ratons laveurs. Cet objectif peut aussi être atteint si l’on place les nichoirs sur des poteaux au-dessus de l’eau profonde ou si l’on entoure le poteau ou l’arbre portant le nichoir d’une feuille de métal. Il faut également empêcher les Étourneaux sansonnets de s’emparer des nichoirs en s’assurant que l’entrée soit plus large que celle qu’ils préfèrent. Un entretien annuel permettra d’atteindre l’objectif de façon maximale. Il faudra à cette fin s’assurer entre autres de remplacer la litière de copeaux et vérifier l’état de solidité du nichoir et de son support.


L’emploi de nichoirs peut augmenter d’une façon très efficace les populations reproductrices locales, mais le nombre formant la population totale de Canards branchus dépend essentiellement des conditions naturelles. Par la conservation des milieux humides, et en particulier des marécages boisés, par la limitation des pesticides et la préservation des arbres parvenus à maturité dans les aires de nidification, les organismes de conservation de la faune des gouvernements fédéral et provinciaux du Canada ainsi que ceux relevant de l’administration fédérale et des États américains peuvent garantir une abondance des habitats essentiels à la survie du Canard branchu. Si elles sont mises en œuvre parallèlement à l’application de règlements de chasse basés sur des estimations fiables de la population, ces politiques de gestion permettront d’assurer le maintien de l’espèce comme une source de richesse et de plaisir en Amérique du Nord.

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Ressources

Ressources en ligne

Cornell University Laboratory of Ornithology (en anglais seulement)

Ressources imprimées

GODFREY, W. E. Les oiseaux du Canada, éd. rév., Musées nationaux du Canada, réimprimé en 1989, La Prairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, en collaboration avec le Musée national des sciences naturelles, 1986.

NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY. Guide d’identification des oiseaux de l’Amérique du Nord, La Prairie (Québec), Éditions Broquet Inc., 1987.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1975, 1980, 1984, 1988, 1993. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/50-1992F
ISBN 0-662-97319-4
Révision scientifique : Darrell Dennis, 1991
Photo : Tom W. Hall