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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) est un grand et puissant rapace (oiseau de proie).

Le dos des adultes est brun foncé tandis que le front, les joues, le cou, la poitrine et le ventre sont blancs. Une raie foncée, qui part de la base du bec, traverse l’œil et s’étend jusqu’au dos. La tête et le haut de la poitrine sont rayés de brun de même que le dessous des ailes et de la queue. En Amérique du Nord, les rayures de la poitrine sont plus marquées chez la femelle que chez le mâle. Les juvéniles ressemblent beaucoup aux adultes, mais l’extrémité des plumes brunes des parties supérieures est blanchâtre, et les rayures de la poitrine et de la tête sont plus marquées. Les Balbuzards pêcheurs acquièrent leur plumage adulte vers l’âge de 18 mois.

Comme c’est le cas pour la plupart des rapaces, la femelle est plus grosse que le mâle. En moyenne, elle pèse 1,6 kg comparativement à 1,4 kg pour le mâle, et elle a une envergure moyenne de 163 cm contre 159 cm pour le mâle. Le Balbuzard pêcheur adulte mesure de 53 à 65 cm de longueur.

Son anatomie rappelle celle des aigles. Toutefois, ses ailes étroites sont nettement coudées quand elles se déploient, et la structure de ses pattes et de ses serres est à ce point particulière qu’on a placé le Balbuzard pêcheur dans une sous-famille à part dont il est l’unique représentant, les pandioninés.

Contrairement aux autres rapaces, le Balbuzard pêcheur a les quatre doigts égaux. Le doigt externe est réversible, ce qui lui permet de saisir ses proies avec deux doigts dirigés en avant et deux en arrière. Chaque doigt se termine par un ongle long, acéré et recourbé, et la sole plantaire des pattes est couverte de courts spicules rigides, ce qui lui assure une bonne prise sur les proies glissantes. Ses proies sont d’ailleurs presque toujours des poissons qu’il capture vivants, d’où son surnom d’« Aigle-pêcheur ».

Signes et sons

Pour sa taille, l’oiseau a une voix faible, mais s’il se sent en danger ou s’il parade, son cri porte sur une bonne distance. Le plus souvent, il émet un tchiouc, tchiouc, tchiouc sifflé. Le cri du mâle effarouché près du nid est aigu et frénétique, et ressemble à tcheric, tcheric. Les femelles, elles, émettent un rapide piou, piou, piou.

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Habitat et habitudes

Le Balbuzard pêcheur est l’un des oiseaux les plus répandus dans le monde. En effet, hormis les régions polaires et subpolaires, dont les étendues d’eau restent trop longtemps couvertes de glace, et quelques îles océaniques trop isolées situées à de basses latitudes, on le rencontre sur presque toutes les côtes de même qu’en bordure des grands lacs, des fleuves et des rivières de tous les continents.

Caractéristiques uniques

Lorsqu’il aperçoit un poisson, le Balbuzard pêcheur vole sur place à une hauteur variant de 10 à 30 m jusqu’à ce que le poisson soit bien placé. Le spectacle qu’il offre alors est tout simplement grandiose lorsque, énorme et pourtant si léger, il plonge du haut des airs, les ailes à moitié fermées et les serres bien en avant, pour disparaître presque complètement sous la surface de l’onde dans une grande gerbe d’eau. Il reparaît le plus souvent quelques secondes plus tard avec un poisson bien agrippé, la tête en avant, entre les serres. Heureusement, son plumage est fin et serré, surtout sur les pattes, ce qui lui évite de trop se mouiller. Le Balbuzard pêcheur transporte le poisson capturé en plaçant la tête de celui-ci dans la direction du vol. Il se sert parfois d’une seule patte pour tenir un petit poisson, mais normalement, il utilise les deux.

Le Balbuzard pêcheur a figuré au dos du billet de banque canadien de 10 dollars pendant de nombreuses années.

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Aire de répartition

La répartition du Balbuzard pêcheur

Le moment de retour du Balbuzard pêcheur au lieu de nidification varie en fonction de l’âge. Les jeunes d’un an demeurent aux lieux d’hivernage, situés en Amérique latine et dans le nord de l’Amérique du Sud. À deux ans, de 30 à 50 p. 100 des oiseaux retournent près de leur lieu de naissance sans toutefois y nicher, leur maturité sexuelle n’étant atteinte qu’à l’âge de trois ans. À partir de cet âge, ils reviendront au nid bon an mal an se reproduire à l’endroit qui les a vus naître.

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Alimentation

Le Balbuzard pêcheur recherche particulièrement des poissons qui nagent lentement et qui se tiennent près de la surface de l’eau. Au Canada, ses proies préférées sont, en eau douce, les meuniers, les brochets et les dorés de taille moyenne. À l’occasion, il se nourrit de poissons pesant jusqu’à 2 kg dans les étangs d’élevage, au grand désarroi des pisciculteurs et parfois même, au risque de sa vie. En milieu salé, il se nourrit surtout de plies et de poulamons, mais aussi de goberges, d’aloses et d’éperlans. 

Chaque jour, le Balbuzard pêcheur fait plusieurs patrouilles au-dessus des secteurs les plus poissonneux des grandes nappes d’eau des territoires qu’il fréquente. Lorsqu’il aperçoit un poisson, il vole sur place à une hauteur variant de 10 à 30 m jusqu’à ce que le poisson soit bien placé. Le spectacle qu’il offre alors est tout simplement grandiose lorsque, énorme et pourtant si léger, il plonge du haut des airs, les ailes à moitié fermées et les serres bien en avant, pour disparaître presque complètement sous la surface de l’onde dans une grande gerbe d’eau. Il reparaît le plus souvent quelques secondes plus tard avec un poisson bien agrippé, la tête en avant, entre les serres. Heureusement, son plumage est fin et serré, surtout sur les pattes, ce qui lui évite de trop se mouiller. 

Lorsque le poisson est gros ou difficile à maîtriser, l’oiseau peut tenter à plusieurs reprises de s’élever de l’eau avant de réussir. Il est arrivé que des Balbuzards pêcheurs ayant capturé des poissons trop lourds soient incapables de lâcher prise et, ayant été entraînés sous l’eau par le poisson, se soient noyés. À l’occasion, l’oiseau glisse sur la surface de l’eau pour saisir les poissons qui viennent de mourir ou qui sont sur le point de mourir. 

Le Balbuzard pêcheur transporte le poisson capturé en plaçant la tête de celui-ci dans la direction du vol. Il se sert parfois d’une seule patte pour tenir un petit poisson, mais normalement, il utilise les deux. À l’occasion, un Pygargue à tête blanche tente alors de lui voler sa proie en le harcelant au vol jusqu’à ce qu’il la laisse tomber. Habituellement, le Balbuzard pêcheur va se percher tout près pour manger sa proie, sauf durant la période de nidification; il l’amène alors au nid ou sur un perchoir situé près du nid. Il tient le poisson avec une patte et le déchire en morceaux avec son bec, dévorant la tête en premier.

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Reproduction

Au Canada, le Balbuzard pêcheur niche le plus souvent dans les épinettes et les pins vigoureux dont la tête s’est cassée sous le poids de la neige et du verglas, ce qui lui offre une plate-forme naturelle sur laquelle édifier son nid. Aux endroits où les grands arbres manquent (par exemple, à la suite d’un incendie de forêt), il lui arrive de nicher au sol, principalement sur de gros blocs erratiques dans un cours d’eau, ou au sommet de rochers non fréquentés par les prédateurs terrestres, et parfois même sur des structures artificielles, telles que des pylônes électriques, des cheminées d’usine, des affûts de chasseurs ou la charpente dénudée d’un wigwam abandonné. Par ailleurs, il n’hésite pas à utiliser les plates-formes artificielles dont les gestionnaires de la faune encouragent la construction dans les secteurs où les lieux de nidification naturels font défaut.

Le nid volumineux et permanent se trouve habituellement près de l’eau et repose au sommet d’un grand arbre, vivant ou mort, mais de préférence suffisamment solide pour supporter cette immense masse de branches sèches. En plus des branches, le Balbuzard pêcheur incorpore toutes sortes de matériaux à la structure de son nid, dont des piquets, de la corde, des lambeaux de vieux linge, du plastique et même des bois de caribou.

Pour construire son nid, le Balbuzard pêcheur casse des branches d’arbres en plein vol, ou les ramasse sur le sol. S’il s’affaire à la construction de son logis surtout au début de la période de nidification, il lui arrive également d’y ajouter des matériaux tout au long de cette période. À la fin de l’été, l’oiseau passe beaucoup de temps à réparer son nid en prévision de l’année suivante. En moyenne, les nids, qui ont de 30 à 60 cm de profondeur, mesurent 1 m de diamètre, mais certains ont plus de 2,5 m. Une faible cavité est aménagée pour les œufs, mais le nid s’aplatit au fur et à mesure que la période de nidification avance. Chaque année, le Balbuzard pêcheur y ajoute des matériaux si bien que le poids du nid le fait parfois glisser le long du tronc de l’arbre sur lequel il se trouve.

Habituellement, le Balbuzard pêcheur défend son territoire contre les autres oiseaux de grande taille, tels que les aigles, les hiboux, les goélands et le Grand Héron, qui n’hésitent pas à lui ravir son nid. Aussi prendra-t-il souvent la précaution de construire plus d’un nid sur son territoire, surtout si, une année, il ne réussit pas à avoir de petits.

Certains couples partagent le même nid, année après année. Les partenaires se livrent à des parades spectaculaires au début de la période de reproduction pour s’unir ou pour réaffirmer leur union. À plusieurs reprises, les mâles montent très haut dans les airs, planent pendant quelques instants et descendent en piqué, puis remontent en décrivant un grand arc de cercle. Quelquefois, la femelle participe à une version modifiée de cette parade en faisant mine de poursuivre le mâle.

Au cours d’un autre type de manifestation rituelle près du nid, le mâle vole laborieusement, le corps arqué et les pattes pendantes, tenant souvent un poisson ou une branche entre ses serres.

Les couples nicheurs indigènes ont en moyenne, d’après les estimations, trois œufs de couleur chamois et tachetés de brun foncé. Le mâle participe peu à l’incubation, consacrant la majeure partie de son temps à la pêche, puisqu’il est l’unique pourvoyeur de la famille durant tout le mois où dure l’incubation de même qu’au cours du premier mois de croissance des poussins. Ceux-ci réclament alors plus de six poissons par jour. Si la nourriture est abondante, deux petits sur trois prendront normalement leur envol au bout de sept à neuf semaines de soins parentaux assidus. Les cas de prédation des œufs et des oisillons par les corneilles, les corbeaux, les hiboux, les goélands et les ratons laveurs ne sont pas chose courante lorsque les parents ne sont pas dérangés par les humains.

D’après les plus récentes estimations, environ la moitié des jeunes meurent la première année tandis que pour les années subséquentes, le taux de mortalité est évalué entre 16 et 19 p. 100. Selon les données de baguage disponibles (20 000 individus bagués au cours des 60 dernières années), on estime que le Balbuzard pêcheur peut vivre de 15 à 20 ans. Cependant, certains individus peuvent vivre beaucoup plus longtemps, le record de longévité de l’espèce étant de 35 ans (il s’agissait d’un oiseau bagué, probablement tué par balle). Il n’est malheureusement pas possible de savoir combien de saisons cet individu a investies dans la reproduction. La plus vieille mention en ce sens est de 23 ans.

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Conservation

À l’instar de plusieurs autres oiseaux de proie situés au sommet de la chaîne alimentaire, les Balbuzards pêcheurs ont connu des difficultés de reproduction durant les années 1950 et 1960 et ce, dans le monde entier. Ces problèmes découlaient principalement de l’usage, alors très répandu, des pesticides organochlorés, en particulier le DDT, dont un métabolite, le DDE, causait l’amincissement des coquilles d’œufs et entraînait le bris des œufs sous le poids de la femelle. Depuis qu’on a limité l’usage de ces produits à peu près partout, les populations sont en bonne voie de rétablissement dans les habitats de nidification qui conviennent toujours à l’espèce.

C’est apparemment la longue espérance de vie du Balbuzard pêcheur qui lui a permis de survivre durant ces années de forte pollution, en dépit d’une faible productivité. De plus, son étonnante facilité à vivre à proximité des humains et à utiliser les structures artificielles mises à sa disposition aux endroits où manquent des supports naturels pour fixer son nid, ainsi que la création de réservoirs et d’étangs aménagés où prolifèrent les poissons, ont contribué au rétablissement des populations les plus affectées par les pesticides.

En plus d’être un magnifique représentant de la faune de l’Amérique du Nord, le Balbuzard pêcheur est un bon indicateur biologique des problèmes de l’environnement. Tant que nous prendrons les mesures qui s’imposent en réaction aux signaux donnés par les espèces témoins de l’état de l’environnement, nous pourrons préserver les populations de Balbuzards pêcheurs et de celles de nombreuses autres espèces.

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Ressources

Ressources en ligne

Cornell University Laboratory of Ornithology (en anglais seulement)

Ressources imprimées

BIRD, D.M. (réd. princ.). Biology and management of bald eagles and ospreys, Sainte-Anne-de-Bellevue (Québec), Harpell Press, 1983.

BURTON, M. Encyclopédie du monde animal, vol. 5, Les oiseaux, Verviers (Belgique), Collection Marabout Université, 1984, p. 85-89.

CHINERY, M. Les prédateurs et leurs proies, Neufchâtel (Suisse), Delachaux et Niestlé, 1983, p. 164-165.

DELAUNOIS, A. Les oiseaux de chez nous, 2e éd. rev. et corr., Saint-Lambert (Québec), Éd. Héritage inc. 1990.

FAUCHER, D. « Le Balbuzard, l’Aigle-pêcheur », dans Forêt Conservation, magazine de l’AFQ et des Clubs 4-H du Québec, Québec (Québec), 53(1): 28-33, 1986.

GÉROUDET, P. Les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe, 6e éd., Neufchâtel (Suisse), Delachaux et Niestlé, 1984, p. 233- 241.

GODFREY, W. E. Les oiseaux du Canada, éd. rév., Musées nationaux du Canada, réimprimé en 1989, La Prairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, en collaboration avec le Musée national des sciences naturelles, 1986.

POOLE, A.F. Ospreys: a natural and unnatural history, Royaume-Uni, Cambridge University Press, 1989.


© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1992. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/66-1992F
ISBN 0-662-197318-6
Texte : J.-L. DesGranges, S. Forbes et J. Rodrigue
Photo : Habitat faunique Canada