Paysage
Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
English

Description

Parmi les trois espèces de furet dans le monde, le putois d’Amérique (Mustela grinipes) est le seul furet indigène de l’Amérique du Nord. En perspective, le furet domestique (Mustela putorius) est d’origine européenne, même si les deux espèces font partie de la famille de mustélidés, qui inclue aussi le vison, la loutre, la belette, le carcajou et le principal prédateur du putois, le blaireau.

Les putois d’Amérique sont trop mignons : des moustaches qui rappellent celles des chats et qui entourent leur museau blanc, deux oreilles situées au-dessus des yeux qui donnent l’impression qu’il porte un masque noir de bandit et deux jambes fortes et trapues vêtues de 2 bas noirs, qui supportent un corps allongé et sinueux, de couleur sable, couronné d’une queue à bout noir.

Leur forme, couleurs et comportements sont en parfaite harmonie avec leur environnement de prairies. Leur fourrure champagne se fond complètement aux paysages des prairies remplies d’herbes hautes et les rend, à toute fin pratique, impossibles à détecter lorsqu’ils sont immobiles, ce qui les protège de leurs prédateurs tels les blaireaux, les renards, et les coyotes. Ils peuvent se glisser à l’intérieur des terriers des chiens de prairies grâce à leur long corps ondulant et ils utilisent leurs dents acérées, leurs mâchoires puissantes et leurs griffes non-rétractables pour tuer et dévorer les occupants. Puis, ils transforment ces terriers en de confortables refuges, leur long cou périscopique leur permettant de vérifier l’état des lieux avant de sortir de leur tanière.

Le putois d'Amérique

Les putois d’Amérique mesurent entre 28 et 50 centimètres et la longueur de leur queue est de 11 à 15 centimètres. Les mâles pèsent entre 950 grammes à 1,100 grammes alors que la femelle pèse entre 750 et 900 grammes. Les grands yeux et les oreilles concaves des putois leur donnent une ouïe et une vue très aiguisées, alors que leur nez est spécialement développé pour détecter les chiens de prairies dans leurs terriers, pendant leur chasse nocturne. À l’instar de tous les autres membres de la famille des mustélidés, le putois d’Amérique possède des glandes qui sécrètent un liquide odoriférant utile pour délimiter leur territoire.

Signaux et sons
Le putois d’Amérique jacasse en haute fréquence pour exprimer son anxiété ou son excitation. Pendant leur remise en liberté en vie sauvage (voir « Conservation »), lorsque les putois élevés en captivité hésitaient à quitter la sécurité de leur cage de voyage, leurs jacassements anxieux ont incité les techniciens à leur prodiguer des encouragements.

Comme leur éventail de sons et de gestes le suggère, les putois d’Amérique sont enjoués, surtout lorsqu’ils sont jeunes. Les femelles geignent et gloussent pour rassembler leurs rejetons, qui se chamaillent, se chassent les uns les autres et s'engagent, de temps en temps, dans l’espiègle « danse du furet » pendant laquelle ils arquent leur dos, ouvrent leur bouche et sautillent à reculons.

Haut de la pageHaut de la page

Habitat et habitudes

Avant d’être considérés pratiquement disparus, les putois d’Amérique habitaient les territoires tempérés couverts d’herbes hautes de l’écozone des prairies du Canada et des Grandes Plaines américaines. Ils dépendent presque exclusivement des colonies de chiens de prairies pour se nourrir, pour leurs refuges et leurs provisions : non seulement ces rongeurs dodus sont la principale source d’alimentation des putois, mais leurs terriers fournissent en plus un refuge préfabriqué parfait contre les prédateurs et les intempéries et, sert de garde manger pour conserver la nourriture capturée. Ainsi, le putois d’Amérique ne survit que là où les populations de chiens de prairie sont suffisamment fortes.

Le putois d'Amérique

L’observation de près est souvent difficile pour les chercheurs du fait que le putois de nuit et qu’il passe 90% de son temps sous terre. À l’aide d’une caméra munie d’un système de détection de mouvement avec images nocturnes, une équipe d’Environnement Canada qui étaient en train d’observer les nids des chouettes des terriers, a capté, par hasard, des putois remis en liberté dans les prairies du Canada. Les images recueillies montrent un comportement typique au putois : émergeant avec précaution du terrier, balayant le paysage du regard pour détecter des menaces possibles et creusant à travers la neige pour investiguer le terrain sous leurs pieds. Ces images «accidentelles» suggèrent de nouvelles possibilités de surveillance des populations récemment remises en liberté au Canada.

Même s’ils n'hibernent pas comme tel, les putois d’Amérique réduisent considérablement leurs activités pendant l’hiver dans le but d’économiser le plus possible leurs énergies. Ils sont cependant très actifs pendant les saisons tempérées. Les males voyagent plus que les femelles et peuvent couvrir jusqu’à huit kilomètres pendant la nuit, visitant plusieurs douzaines de terriers de chiens de prairies.

Haut de la pageHaut de la page

Aire de répartition

Historiquement, leur territoire s’étendait du nord du Mexique jusqu’au sud des Prairies de la Saskatchewan et de l’Alberta, jalonnant leur territoire à travers les grandes plaines américaines. À partir du moment où les colons venus d’Europe commencèrent à exterminer les chiens de prairies, dont les terriers nuisaient aux efforts de transformation des prairies en terre cultivables, les putois d’Amérique ont, à toute fin pratique, perdu leur principale source d’alimentation et ont commencé à disparaître. Au début du 19e siècle, les chiens de prairie ont été confinés dans 2% seulement de leur ancien territoire et les chercheurs en conservation ont considéré les putois d’Amérique globalement éteints.

En 1981, les chercheurs ont été contredits lorsque le chien d’un fermier, revenant de chasse, rapporta un putois aux pieds de son maître. En conséquences, les chercheurs trouvèrent une petite population de putois au Wyoming qu’ils utilisèrent pour débuter un programme de reproduction en captivité, qui éventuellement a permis la réintroduction de l’espèce en nature sauvage dans plusieurs sites à travers l’Amérique du Nord. En Octobre 2009, les chercheurs du Zoo de Toronto, parcs Canada, USFWS et autres partenaires ont relâché 34 putois d’Amérique dans le Parc National des Prairies en Saskatchewan. Voir « Conservation » pour plus de détails.

Haut de la pageHaut de la page

Alimentation

Les putois d’Amérique sont des carnivores « exclusifs », ce qui signifie qu’ils ne mangent que les mêmes proies - dans leur cas, ce sont les chiens de prairies. Ce repas de choix représente 90% de leur régime; une famille de quatre putois d’Amérique consommera quelques 763 chiens de prairie en une année. Ils mangeront aussi, occasionnellement, des écureuils, de petits rongeurs, des lapins d’Amérique et des oiseaux.

Contrairement à leurs proies de choix, les putois d’Amérique sont nocturnes, ce qui leur permet de surprendre les colonies de chiens de prairies dans leur sommeil. Ils choisissent d’attaquer leur proie sous terre, ne lui laissant que très peu de chance de se sortir des tunnels étroits du terrier. Ces deux habitudes importantes – la chasse nocturne et les attaques souterraines - donnent au petit putois des avantages cruciaux sur le chien de prairie qui mesure parfois 1.5 fois sa taille.

Les chercheurs évaluent qu’une colonie de chiens de prairies doit bénéficier de 4,000 hectares de terre pour être en mesure de supporter une population autonome de putois d’Amérique. Pour les chercheurs impliqués dans la réintroduction du putois d’Amérique au Canada, ce critère pose un problème majeur compte tenu que les habitats actuels des chiens de prairies sont grandement limités par la transformation de leur territoire en terres de cultures.

Enfin, le Parc National des prairies de la Saskatchewan a été choisi comme principal site de réintroduction même si le territoire de protection des chiens de prairies ne couvre que 2000 hectares. Aucune épidémie détectée, et le site, même si petit, est géré avec attentions et est des plus prometteur pour la survie d’une modeste population de putois d’Amérique.

Haut de la pageHaut de la page

Reproduction

Le soleil sonne le signal du début de la saison de reproduction. Contrairement aux humains, la femelle putois d’Amérique n’ovule pas, et les mâles ne montrent aucun signe de testicules avant la saison de l’accouplement, qui dure de Janvier au début de Juin (avec des points forts entre Mars et Avril). La gestation è dure de 42 à 45 jours aboutissant sur une portée qui compte entre 1 et 7 petits (en moyenne 3 ou 4). Les petits sont aveugles de naissance et sans poils; ils subissent cet état de vulnérabilité, en sécurité, tapis dans un terrier de chien de prairies jusqu’à l’âge de 2 mois, où il leur sera permis de sortir du terrier.

Alors que le putois mâle ne joue aucun rôle éducatif, la femelle elle est une adulte débrouillarde et pleine de ressources. Sous sa supervision, les jeunes, enjoués et animés de curiosité, se chassent les uns les autres, apprennent à attaquer des proies imaginaires et à imiter les adultes dans tous les détails, ce qui les prépare à leur existence autonome généralement prévue pour le milieu de l’automne.

Tous les putois d’Amérique actuels sont des descendants d’une petite population de putois élevés et reproduits en captivité et la plupart de nos connaissances sont le fruit des observations effectuées en captivité. Les chercheurs de Toronto ont placé des lampes aux entrées des terriers pour simuler l’arrivée de la lumière et ainsi démarrer la saison de reproduction. Le putois d’Amérique reçoit 14 heures de lumière par jour du 21 décembre jusqu’à la première semaine de Janvier, lorsque la saison d’accouplement commence.

Petits du putois d'Amérique

Chaque putois est alors capturé, mesuré, sélectionné pour son poids idéal et des signes révélant les prémisses favorables à l’accouplement. Lorsque la vulve de la femelle mesure cinq millimètres, les chercheurs prélèvent des échantillons cellulaires pour vérifier son aptitude à l’accouplement. Les mâles sont soumis à un examen méticuleux de leurs testicules pendant lequel les chercheurs en mesurent la largeur, la longueur, la fermeté puis utilisent une procédure nommée « électro-éjaculation » pour évaluer la quantité et la qualité du sperme disponible.

Les putois rencontrant les qualités requises sont prêts pour l’accouplement. Leur génétique détermine quels putois seront réunis pour l’accouplement, même si quelques fois, les techniciens font face à des situations cocasses et amusantes lorsqu’ils incitent des putois particulièrement têtus à s’accoupler avec un partenaire spécifique.

Haut de la pageHaut de la page

Conservation

Le putois d’Amérique est en péril et sa survie est précaire, même si les programmes de collaboration pour la reproduction en captivité à travers l’Amérique a grandement amélioré le pronostique de survie au cours des dernières décennies. Au début de 2010, il y a 19 sites de réinsertion supervisée à travers l’Amérique du Nord, incluant celui du Grasslands National Park au Saskatchewan. Ces sites représentent plus d’un millier de putois qui vivent maintenant leur vie sauvage – un important pas franchi depuis leur disparition annoncée, ce qui était hautement probable avant l’intervention des chercheurs à la fin du XX siècle.

L’histoire de leur survie difficile, qui a commencé avec le développement de l’agriculture en Amérique du Nord, illustre l’importance d’un réseau d’alimentation balancé dans la nature sauvage. Dans la mesure où les fermiers n’attaquaient pas directement les putois d’Amérique, ils visaient l’extermination extensive des chiens de prairies, réduisant ainsi la population nord américaine à une fraction de sa population originale. Vu que le putois d’Amérique se fie essentiellement au chien de prairie pour sa survie, ce déclin rapide du chien de prairie a eu un effet dévastateur pour survie du putois. Les derniers putois ont étés vus à l’état sauvage au Canada au début du siècle et avaient été déclarés délogés en 1978, ce qui veut dire qu’ils avaient disparu du Canada. En fait, les conservateurs commençaient à s’entendre sur le fait que le putois avait disparu du globe.

Le putois d'Amérique

Tout cela a changé lorsque le chien d’un fermier du Wyoming revint de chasse avec un putois d’Amérique entre ses mâchoires. Les chercheurs ont découvert une colonie de 129 putois sauvages, quoique tous sauf 18 d’entre eux périrent d’une épidémie peu après leur découverte. Les chercheurs ont capturé les survivants, parmi lesquels seulement 7 individus se reproduisirent en captivité. Étonnement, ces 7 individus possédaient une diversité génétique qui a permis de former la base d’un programme de reproduction en captivité; tous les putois d’Amérique vivant en Amérique du Nord sont des descendants des ses 7 putois originaux.

Le Zoo de Toronto et 5 autres installations de reproduction en captivité se sont engagées dans un ambitieux programme de réintroduction, lequel requiert une collaboration pan continentale. Les putois d’Amérique provenant du zoo de Toronto s’apprêtent à retourner à la vie sauvage dans un camp aménagé à cet effet, où ils apprendront à chasser, se trouver des refuges et se protéger des prédateurs. Avant d’établir ces installations de transition, près de 90% des putois libérés ont péris en dedans de 2 semaines après leur retour en nature sauvage dû à une déficience de leurs habiletés de survie. Grâce à ces camps de transition, leurs chances de survie sont 10 fois supérieures.

Avant d’être libérés, les putois d’Amérique ont aussi reçu des vaccins pour les protéger des maladies telles que la peste et la maladie de Carré, qui sont fatales pour presque 100% des putois et des chiens de prairies infectés par des puces contaminées. Les chercheurs sont en train de développer un vaccin oral pour les chiens de prairies; jusque là, le destin des chiens de prairies et des putois demeurera incertain.

Conservation du putois d'Amérique

La première réintroduction a eut lieu le 2 octobre 2009, lorsque 34 putois d’Amérique munis de puces de localisation ont été libérés dans la Grasslands National Park, en Saskatchewan, où les chiens de prairies sont en santé. Les espoirs étaient que la majorité survivra à l’hiver, établissant ainsi la première population sauvage de putois d’Amérique à vivre dans les Prairies canadiennes depuis plusieurs dizaines d’années.

Au printemps 2010, pour venir en aide aux préposés de Parcs Canada, seize bénévoles ont passé dix nuits à arpenter le parc national des Prairies, parcourant à pied des distances allant jusqu'à 40 km. Ils étaient à la recherche du putois d'Amérique, aux yeux vert émeraude si distinctifs. Ils ont repéré 12 individus; pour chaque mâle, il y avait deux femelles. (D'autres furets ont peut-être réussi à passer l'hiver, sans avoir été localisés pendant cette recherche.) Ce sont des résultats encourageants pour l'équipe internationale de réintroduction du furet d'Amérique, en plus d'être conformes au taux de survie moyen des furets dans la nature.

Haut de la pageHaut de la page

Ressources

Sources en ligne

The Black-Footed Ferret Recovery Program (en anglais seulement):
http://blackfootedferret.org/animal-profile/

The Calgary Zoo:
http://www.calgaryzoo.org/bff/player.php

The Calgary Zoo: Night photos of the black-footed ferret:
http://www.calgaryzoo.org/bff/whatsnewblog.php

Canadian Geographic: Return of the ferret (en anglais seulement):
https://www.canadiangeographic.ca/article/return-ferret

The Discovery Channel’s Daily Planet documentary:
http://watch.discoverychannel.ca/daily-planet/october-2009/daily-planet-october-16-2009/#clip225278

The Toronto Zoo (en anglais seulement):
http://www.torontozoo.com/pdfs/Toronto%20Zoo%20Black-footed%20Ferret%20Media%20Kit%20-%20October%202009.pdf

Parc national du Canada des Prairies:
https://www.pc.gc.ca/fr/pn-np/sk/grasslands

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2010. Tous droits réservés.

Texte: Megan Findlay, 2010; révision et informations de base fournies par Maria Franke, MSc., Toronto Zoo.

Un grand merci à Jo-Anne McArthur de www.weanimals.org et le Toronto Zoo pour les photos contenues dans cette page.