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Le homard d'Amérique



Description
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Tête de homard d'Amérique

Le homard d'Amérique (Homarus americanus) est un invertébré marin qui peuple nos eaux côtières de l'Atlantique. En tant qu'invertébré, il n'a pas d'os, mais possède une carapace externe, ou exosquelette, ce qui en fait un arthropode comme les araignées et les insectes. Son corps est divisé en deux parties : le céphalothorax (tête et corps) et l'abdomen, ou queue. Sur la tête, le homard est équipé d'yeux très sensibles au mouvement et à la lumière, qui lui permettent de repérer les prédateurs comme les proies, mais qui sont incapables de voir les couleurs et des images claires. Il possède également trois paires d'antennes, une grande et deux plus petites (appelées antennules), qui sont ses principaux organes sensoriels et agissent un peu comme notre nez et nos doigts. Ces antennes sont capables de sentir l'eau afin de localiser des proies et de toucher des éléments afin de permettre au homard de trouver son chemin.  La bouche du homard est située juste sous ses yeux. Autour de sa bouche se trouvent de petits appendices appelés maxillipèdes, maxillaires et mandibules qui permettent de diriger les aliments vers la bouche et de les mâcher. La nourriture est ensuite acheminée vers le premier des deux estomacs du homard, qui se trouve à l'intérieur de sa bouche! Le système respiratoire du homard est constitué de branchies, semblables à celles des poissons, situées de part et d'autre du céphalothorax, à la base des pattes et près de la bouche.


Un homard d'Amérique montrant ses différentes pinces

Les pattes du homard se trouvent également sur le céphalothorax. Le homard possède dix pattes, ce qui en fait un crustacé décapode, groupe auquel appartiennent également les crevettes et les crabes (les autres arthropodes possèdent un nombre différent de pattes, comme les araignées qui en ont huit et les insectes qui en ont six). Quatre de ces paires de pattes, appelées péréiopodes, sont principalement utilisées pour marcher (pour les adultes) ou nager (pour les larves).

La paire restante, à l'avant du céphalothorax, est composée de chélipèdes terminés par une pince.  Ces pinces permettent au homard de se défendre, mais aussi de capturer et de consommer ses proies. Chaque pince a une fonction différente : la plus grosse et émoussée est utilisée pour broyer, tandis que la plus petite, aux arêtes plus vives, est utilisée pour découper. La pince destinée à broyer peut se trouver sur la patte droite ou gauche du homard, qui est ainsi « droitier » ou « gaucher ».

La paire restante, à l'avant du céphalothorax, est composée de chélipèdes terminés par une pince.  Ces pinces permettent au homard de se défendre, mais aussi de capturer et de consommer ses proies. Chaque pince a une fonction différente : la plus grosse et émoussée est utilisée pour broyer, tandis que la plus petite, aux arêtes plus vives, est utilisée pour découper. La pince destinée à broyer peut se trouver sur la patte droite ou gauche du homard, qui est ainsi « droitier » ou « gaucher ». Lorsqu'un membre, une pince ou une antenne d'un homard est endommagé ou perdu, il repousse lorsque ce dernier mue, selon un processus appelé autotomie ou régénération. Les poils situés sur les pattes et les pinces du homard font également office d'organe sensoriel et sont capables de sentir.


Homard d'Amérique avec une pince manquante


Homard d'Amérique

La queue du homard se compose de six parties et est articulée. On peut déterminer si un homard est un mâle ou une femelle en regardant sous sa queue. La première des cinq paires de pléopodes (ou pattes natatoires), petits appendices qui ressemblent à des nageoires, diffère selon le sexe : les pléopodes des mâles sont grands, rigides et pâles, tandis que ceux des femelles sont beaucoup plus petits, souples et plus foncés. En plus de l'aider à se reproduire, les pléopodes aident le homard à se déplacer. Lorsqu'un homard veut s'enfuir, il nage à reculons en se propulsant à l'aide de sa queue. Il peut se déplacer à une vitesse de quelques mètres par seconde!


Pour grandir, tous les arthropodes doivent périodiquement quitter leur exosquelette dans un processus qu’on appelle la mue. Dans le cas du homard, quand l'animal devient trop grand, la carapace s'ouvre au niveau du céphalothorax et le homard recule alors, équipé d'une nouvelle carapace ayant poussé sous l'ancienne. Au début, cette nouvelle carapace est très molle, mais elle durcit au cours des mois qui suivent. Étant donné que sa mue rend le homard plus vulnérable face aux prédateurs, il reste à l'abri le temps d'achever ce processus. Au cours des premières années de sa vie, un homard peut muer quatre ou cinq fois, mais en vieillissant, ses mues deviennent plus espacées. Un homard ne cesse de croître tout au long de sa vie et, comme il peut atteindre l'âge impressionnant de 60 ans (peut-être même plus), il peut devenir assez gros. Selon le Livre Guinness des records, le plus gros homard jamais pêché se trouvait en Nouvelle-Écosse, et pesait 20,15 kg!



Habitat et habitudes
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Habitat du homard

Le homard se trouve dans des eaux allant de -1,5 à 24 degrés Celsius, mais préfère des températures allant de 5 à 18 degrés Celsius. Les homards adultes vivent généralement à moins de 50 mètres de profondeur, bien que certains aient été trouvés jusqu'à 750 mètres. En été, les homards ont tendance à se déplacer vers des eaux moins profondes et plus chaudes, tandis qu'en hiver, la plupart se retirent dans des eaux plus profondes pour se protéger des prédateurs, des basses températures, des forts courants et des tempêtes. Les jeunes homards restent dans les eaux peu profondes toute l'année, généralement cachés dans des abris.

Les homards préfèrent les zones de substrats rocheux recouverts d'algues où ils peuvent trouver des proies ainsi que de nombreuses fissures et crevasses dans lesquelles se cacher ou creuser un terrier sous un rocher. Les homards peuvent également creuser des trous en forme de cuvette pour se cacher dans un habitat plus marginal constitué de sable, de gravier ou de boue. Les homards sont considérés comme des animaux nocturnes vu qu’ils sont plus actifs la nuit. Lorsqu’ils ne sont pas à la recherche de nourriture ou de partenaires, ils passent la majeure partie de la journée dans leur abri, toujours tournés vers la sortie pour pouvoir se défendre si un prédateur s'en approche.


Homard dans son habitat



Aire de répartition
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Le homard d'Amérique se trouve le long de la côte de l'Atlantique Nord-Ouest, de la Caroline du Nord aux États-Unis au détroit de Belle-Isle, entre Terre-Neuve et le Labrador au Canada. La plupart des homards vivent dans le golfe du Maine aux États-Unis et au Canada, à proximité de la Nouvelle-Écosse et dans la partie sud du golfe du Saint-Laurent.


Aire de répartition du homard d'Amérique



Alimentation
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Homards d'Amérique

Les larves de homards flottent ou nagent dans la colonne d'eau, mangent d'autres organismes en suspension, des animaux et des algues minuscules appelés zooplancton et phytoplancton. Lorsqu'ils dépassent le stade larvaire et deviennent des organismes benthiques (vivant dans le fond de l’eau), les homards chassent activement la nuit et se nourrissent d'une grande variété d'animaux. Les proies des homards adultes comprennent des crustacés (principalement des crabes communs et d'autres homards), des coquillages (moules, palourdes et pétoncles), des vers marins, des gastéropodes (limaces de mer), des étoiles de mer, des oursins et des poissons. Ils se nourrissent aussi de charognes (restes d'organismes morts). Ils contribuent ainsi à recycler les éléments nutritifs au sein de l'habitat, un peu comme les vers de terre dans les sols forestiers! Lorsqu’une proie est capturée, le homard la ramène dans son abri pour la manger.


À leur tour, même s’ils ont peu de prédateurs naturels, les homards adultes peuvent être la proie de l’humain et de plusieurs espèces de poissons comme le chabot, le merlu, la tanche-tautogue, la morue, le poisson-loup et l'aiguillat, même si leurs larves sont beaucoup plus susceptibles de servir de repas.



Reproduction
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Cycle de vie du homard d'Amérique


Différents stades de vie du homard

Le cycle de vie du homard est complexe et fascinant. Pendant l'été, les femelles attirent les mâles dans leurs abris à l'aide de phéromones (un « parfum » qu'elles libèrent dans l'eau) avant de muer. La femelle choisit un mâle dominant de taille similaire ou plus grand qu'elle pour s'accoupler. Immédiatement après la mue de la femelle, le mâle transfère ses spermatozoïdes dans une poche spéciale située au niveau du céphalothorax, sous la carapace molle de la femelle, et protège cette dernière (et sa progéniture) des autres partenaires potentiels. La femelle n'utilise le sperme pour fertiliser ses œufs que plusieurs mois à un an après leur ponte. Pendant neuf à douze mois, la femelle garde les œufs fécondés sous sa queue grâce à une substance collante. Un homard d'Amérique femelle peut produire et transporter entre 10 000 et 40 000 œufs, selon sa taille. Par contre, durant l’incubation, jusqu’à la moitié de ces œufs peuvent être perdus.


Homard d'Amérique femelle avec oeufs


En été, lorsque la température de l'eau augmente, les femelles portant des œufs prêts à éclore libèrent les larves en agitant la queue et ses pléopodes. Les larves nagent d'abord proche de la surface de l'eau et ne ressemblent pas beaucoup aux adultes. Elles sont semblables à de petites crevettes de sept à onze millimètres de long. Après trois stades de développement, les larves passent par un processus qui dure de trois à douze semaines (dépendamment de la température) pour devenir des post-larves qui ressemblent à de minuscules homards équipés de pinces, appelées homards de stade IV.
Au stade IV, les homards plongent de plus en plus vers le fond et s'installent sur le plancher océanique. Quand ils ont trouvé un bon abri, les homards s'y cachent pour augmenter leurs chances de survie. Puis, à mesure qu'ils grandissent, ils s'éloignent de plus en plus de leur abri pour se nourrir. Ils deviennent matures lorsque leurs organes sexuels sont complètement développés et qu'ils sont en mesure de se reproduire (ce qui peut prendre de six à dix ans, selon la température). Seulement une à dix larves sur 10 000 parviennent à l'âge adulte.



Conservation
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Port de pêche au homardr

Les membres des Premières nations vivant sur la côte Est pêchaient le homard bien avant l'arrivée des Européens en Amérique du Nord, mais cette pêche n'est devenue commerciale au Canada qu'au 19e siècle. Avant de faire l'objet d'une pêche à grande échelle, et même pendant un certain temps après dans certaines zones, le homard était considéré comme une nourriture réservée aux populations défavorisées ou utilisé comme engrais dans les jardins, car il était très facile à capturer. Depuis, le nombre de pêcheurs et de bateaux a augmenté, et le homard est devenu une espèce commerciale de grande valeur.


Les homards sont capturés à l'aide de nasses appâtées. Un morceau de poisson est placé dans la « cuisine » d'une nasse en bois, en plastique ou en métal, dans lequel un homard de taille commerciale peut facilement entrer. Même s’il peut en sortir, il ne le fait parfois pas à temps et donc est capturé par les pêcheurs. Ces nasses sont laissées au fond de l'océan pendant au moins 24 heures, avant d'être remontées sur les bateaux. Bien que l'élevage des homards en captivité par le biais de l'aquaculture soit possible en théorie, aucune grande initiative dans le domaine n’a été initiée. Certains organismes font éclore des œufs en captivité pour ensuite relâcher les larves de stade iV ou des juvéniles, moins susceptibles aux prédateurs, mais le taux de survie de ces homards est inconnu.
Afin de préserver les populations de homards, certaines réglementations, comme la libération des femelles portant des œufs et la définition d'une taille minimale de capture, sont en vigueur depuis le début des années 1870. Au cours du siècle dernier, des mesures de contrôle de l'effort, comprenant des limites du nombre de permis de pêche et du nombre de nasses par pêcheur, ont été introduites. Pêches et Océans Canada édicte ces restrictions et travaille en étroite collaboration avec les pêcheurs afin d'assurer la durabilité des populations de homards à long terme. Certains groupes de pêcheurs de homards contribuent également de manière très importante aux études de recherche sur les homards et à la conservation de ceux-ci, en menant des projets relatifs à la conservation de l'habitat et au développement des engins de pêche. Ces groupes participent également activement à l'éducation du public au sujet du homard.


Cage à homards


Pêches et Océans Canada a également rassemblé des données pour surveiller la population de homards et mieux gérer la pêche. Les études de recherche sur cette espèce sont effectuées aussi bien dans la nature (par exemple, études relatives au comportement, à l'abondance, à l'habitat, aux déplacements et à la répartition) qu'en captivité (études relatives à la physiologie, au métabolisme, à la santé et à l'exposition des homards aux contaminants). Ces projets sont dirigés par le gouvernement du Canada, des universités, des regroupements de l’industrie de la pêche et des organisations non gouvernementales.


D'autres menaces que le risque de surpêche pourraient, à long terme, entraîner des enjeux supplémentaires pour le homard d'Amérique. Les changements climatiques ont le potentiel d’avoir un impact majeur sur les populations de homards, et les homards adultes se déplacent progressivement vers le nord ou au large, vers des eaux plus profondes, en raison du réchauffement. L’acidification de l’eau pourrait aussi avoir des conséquences vu que l’exosquelette des homards serait plus difficile à former. Des maladies sont aussi des menaces potentielles à plusieurs endroits. La pollution, et notamment l'utilisation de pesticides dans l'industrie salmonicole, peut également constituer une menace.



Ce que vous pouvez faire
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Homard d'Amérique blanc

Une première étape importante vers la conservation du homard d'Amérique consiste à accroître les connaissances à son sujet. Apprenez-en plus sur le homard et, si vous le pouvez, visitez les écocentres qui le mettent en valeur si vous visitez les provinces atlantiques du Canada! Une fois que vous aurez découvert cette créature fascinante, parlez-en autour de vous!


Comme pour tous les autres habitants de nos eaux côtières, vous pouvez aider en assurant la propreté de leur habitat. Participez à un nettoyage des rivages. Faites attention à ce que vous rejetez dans les cours d'eau, car une partie risque de se retrouver dans les océans!


Vous pouvez également contribuer à réduire les menaces liées aux changements climatiques en améliorant l'efficacité énergétique de votre maison et de vos appareils électroménagers, et en privilégiant des options de transport comme les transports en commun, le vélo et la marche au lieu de prendre la voiture.


La plupart des Canadiens ne connaissent que les homards des poissonneries locales ou des repas raffinés. Mais ce crustacé ne constitue pas seulement un aliment savoureux, il est avant tout une espèce essentielle pour les habitats côtiers et une partie de notre patrimoine faunique. Travaillons ensemble pour le conserver!