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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Nourrir les oiseaux

  • Les graines de tournesol sont parmi les aliments les plus polyvalents pour les oiseaux.
  • Les espèces attirées par une mangeoire dépendent de nombreux facteurs, notamment de la région où vous vivez, du type de nourriture offert et des habitudes des différentes espèces d’oiseaux.
  • Il est possible d’empêcher les écureuils, les chats et les chiens de nuire aux oiseaux ou d’avoir accès aux mangeoires.
  • Il vaut mieux s’abstenir de nourrir les oies et bernaches.

Types de mangeoires

Pour la plupart des gens, le meilleur moyen de commencer à étudier les oiseaux consiste à installer une mangeoire. L’hiver est la meilleure saison pour nourrir les oiseaux, car le nombre d’espèces est moins élevé et il est facile d’attirer vers la mangeoire un grand nombre d’oiseaux que l’on peut alors observer. L’observation d’oiseaux en train de se nourrir peut aider les gens à reconnaître les différentes espèces et à découvrir leurs habitudes de migration, de nidification et d’alimentation.

Il peut être très simple de nourrir les oiseaux. Il suffit d’éparpiller des croûtes de pain sur la neige ou des graines sur un banc ou une table pour en attirer quelques‑uns. Toutefois, si on veut en faire une activité à long terme, il est nécessaire de prendre quelques mesures supplémentaires pour éviter certains problèmes.

  • La nourriture doit être protégée de la pluie et de la neige ou de certains intrus comme les écureuils.
  • Il est préférable de placer la nourriture dans une mangeoire qui protège les graines contre les fientes (excréments) d’oiseaux.
  • Une mangeoire placée au mauvais endroit pourrait rendre les oiseaux vulnérables aux prédateurs ou à d’autres dangers.
  • Il est important d’assurer un approvisionnement continu pendant les périodes de mauvais temps, de sorte que tout oiseau qui aurait pu devenir dépendant de cette source de nourriture puisse s’alimenter lorsqu’il en a besoin. Cela est particulièrement important après les tempêtes d’hiver. (Évidemment, si vos voisins nourrissent aussi les oiseaux, ces derniers sont moins tributaires d’une seule mangeoire.)

Une mangeoire à débit contrôlé pouvant contenir suffisamment de nourriture pour plusieurs jours permet d’assurer un approvisionnement continu. Il est possible de fabriquer soi‑même de nombreux types de mangeoires. Il suffit par exemple de découper une grande ouverture latérale dans une bouteille d’eau de Javel que l’on accroche par la poignée à une branche. La moitié d’une noix de coco, des pommes de pin ou un morceau d’écorce peuvent contenir un mélange à base de suif. Pourquoi ne pas offrir aux oiseaux, comme cadeau de Noël, une guirlande de maïs soufflé et de canneberges enroulée autour d’un arbre? Dans les régions où il y a des périodes de grand froid, il faut s’assurer avant tout que les mangeoires ne comportent pas de parties métalliques à découvert. Les mangeoires vendues dans les magasins peuvent aussi constituer un excellent achat.

Que donner aux oiseaux?

Essayez différents aliments, puis utilisez ceux que semblent priser les oiseaux. Les graines de tournesol sont parmi les aliments les plus polyvalents pour les oiseaux. On trouve deux sortes de graines de tournesol, des grosses qui sont rayées et des petites qui sont noires; les graines noires attirent un plus grand nombre d’espèces d’oiseaux. On peut, si on le désire, utiliser exclusivement les graines de tournesol.

Les mélanges de graines d’oiseaux que l’on trouve dans les magasins contiennent parfois des graines qui ne présentent guère d’intérêt pour la plupart des oiseaux. Le millet est bon, mais une étude réalisée par le United States Fish and Wildlife Service montre que, dans au moins une région, les oiseaux préfèrent généralement le millet blanc au millet jaune ou rouge. De nombreuses espèces aiment le maïs concassé, mais ce dernier se gâte facilement s’il est mouillé et attire certaines espèces, telles que les pigeons, qui sont souvent considérés comme nuisibles. L’avoine, le sarrasin, le blé et le colza présentent un intérêt limité pour les oiseaux. Les graines du Niger (des graines de chardon importées) sont un régal pour les roselins, par exemple, mais peuvent coûter cher.

On peut offrir aux oiseaux de nombreux restes de table, notamment les produits de boulangerie (donnez avec modération et faites attention à la moisissure) et les matières grasses. On peut utiliser de gros morceaux de graisse, notamment du suif de bœuf, tels quels ou après les avoir fait fondre pour enlever le tissu conjonctif. Le gras fondu peut être mélangé avec des miettes de pain et des graines, et placé dans des plats ou d’autres mangeoires. Les oiseaux raffolent du beurre d’arachide, mais certaines personnes croient qu’il est préférable de le mélanger avec du gras pour éviter tout risque d’étouffement.

La plupart des oiseaux aiment avoir de l’eau à boire si le temps n’est pas trop froid. Ils ont aussi besoin de petit gravier, ce qui facilite leur digestion. À cette fin, placez à part de la nourriture un peu de terre, de sable ou de coquille d’œuf écrasée; il est parfois bon de donner aux oiseaux un peu de cendre de bois ou une provision sèche de sel qui leur apportera les minéraux dont ils ont besoin.

Afin de limiter vos dépenses, placez chaque jour dans la mangeoire une quantité fixe de nourriture, selon votre budget. Si la mangeoire est vide une heure plus tard, ne vous inquiétez pas. Si vous êtes constant, les oiseaux adapteront leurs besoins en fonction de l’approvisionnement et trouveront un complément de nourriture ailleurs.

Les oiseaux

Quelles espèces d’oiseaux pouvez‑vous vous attendre à voir à vos mangeoires? Les espèces attirées par une mangeoire dépendront de nombreux facteurs, notamment la région où vous vivez, le type de nourriture offert, l’habitat des environs immédiats, le mode de vie de chaque espèce et le climat. L’habitat est un facteur très important : une zone comportant des arbres et des arbustes sera de plus attirantes. Il est aussi important de commencer à approvisionner les mangeoires au début de l’automne, avant que les oiseaux n’aient établi des habitudes d’alimentation hivernale.

Le tableau 1 énumère un bon nombre des espèces qui viennent se nourrir dans les mangeoires au Canada. Ces espèces, dont la plupart sont évoquées ci‑dessous, sont répandues et peuvent être observées dans la presque toutes les régions où se trouvent des arbres mûrs, même dans les zones urbaines densément peuplées. Le tableau montre aussi certaines des aliments favoris des oiseaux. Ne croyez cependant pas que les oiseaux de votre région respecteront nécessaire­ment les préférences indiquées. Faites des essais et vous trouverez peut‑être d’autres aliments utiles qui ne figurent pas sur la liste.

Les mésanges comptent parmi les visiteurs les plus familiers des mangeoires. Elles se déplacent sur une petite superficie de quelques hectares, s’arrêtant dans les terrains boisés où elles recherchent les insectes et leurs œufs, puis venant chercher dans les mangeoires des graines de tournesol et du suif. Elles sont habiles à ouvrir les graines de tournesol qu’elles tiennent entre leurs pieds et qu'elles frappant avec leur bec, comme de petits pics.

Avec leur plumage coloré, les Geais bleus sont des visiteurs qu’on ne manque pas de remarquer. À l’automne, ils emmagasinent de la nourriture, emportant parfois un grand nombre de graines de tournesol accumulées dans leurs joues. C’est la période de l’année où vous pou­vez leur donner du maïs entier, lequel est moins coûteux que les graines de tournesol. Les Geais bleus sont beaucoup plus farouches que les mésanges et s’éloignent en général à bonne distance lorsque quelqu’un s’approche de la mangeoire.

Les mangeoires ont amené plusieurs espèces à modifier leur aire d’hivernage. C’est le cas notamment du Gros bec errant, qui vient en troupes chercher des graines de tournesol. Le Cardinal rouge a commencé à nicher bien au nord de son aire historique, et c’est probablement en raison de la nourriture qu’il trouve l’hiver dans les mangeoires.

Certains oiseaux visitent les mangeoires de façon tout à fait imprévisible. Le Sizerin flammé, le Gros-bec errant et le Tarin des pins se présentent en nombres variables, en fonction du temps qu’il fait et de la nourriture qu’ils trouvent dans la nature. D’autres, comme le Pic chevelu et la Mésange à tête noire, résident toute l’année dans la même région et se présentent donc avec une certaine régularité aux mangeoires.

Le Roselin familier est un visiteur particulièrement intéressant des mangeoires. À l’origine, il s’agissait d’une espèce de l’Ouest, mais quelques individus ont été mis en liberté en 1941 à New York. Cet oiseau s’est depuis répandu, et est devenu commun dans certaines zones du Sud de l’Ontario et du Québec. Cette espèce a connu un déclin récemment en raison d’une maladie qui s’est peut‑être propagée, en partie, à cause de la concentration d’espèces aux mangeoires.

Certains oiseaux qui se nourrissent généralement d’insectes engourdis par l’hiver et de leurs œufs peuvent être attirés aux mangeoires par des aliments riches en matière grasse comme le suif et, pour certaines espèces, par les graines de tournesol. Les sittelles, les pics et les mésanges sont des espèces qui aiment la matière grasse. Certaines personnes n’apprécient pas les pigeons, les étourneaux ou les Moineaux domestiques et préfèrent les geais, les mésanges et les roselins. Le fait d’offrir seulement des graines de tournesol pourrait aider à éloigner le premier groupe et à attirer le second. Le gras attire les étourneaux, mais son emploi reste justifié s’il permet d’observer aussi des pics.

Un jardin planté d’arbustes comme l’amélanchier, le sureau, le sorbier des oiseaux, la viorne lentago et le pommier odorant, ou de plantes grimpantes comme la vigne sauvage ou la vigne vierge, attirera des oiseaux frugivores qui apparaissent rarement aux mangeoires ordinaires. Même le Merle d’Amérique hivernera dans un endroit où ce genre de nourriture abonde.

Problèmes

Les mangeoires posent parfois des problèmes. Le plus commun est peut‑être la présence des écureuils, qui peuvent dévorer une grande quantité de nourriture et aussi endommager les mangeoires de bois. Vous pouvez acheter une mangeoire à l’épreuve des écureuils. Vous pouvez également en fabriquer une à la maison en fixant sur celle‑ci un entonnoir de métal, pointe en haut sur le poteau où est placée la mangeoire ou, si la mangeoire est suspendue, enfiler sur la corde quelques grands disques. N’oubliez pas que les écureuils peuvent sauter, particulièrement d’un point élevé, qu’ils peuvent marcher sur une corde raide et tirer parti de la moindre imperfection de votre système de défense.

Les chats et, parfois, les chiens peuvent causer un problème encore plus grave : ils peuvent tuer les oiseaux ou voler le suif aux mangeoires. S’ils sont libres de se déplacer autour de la mangeoire, il faut éviter de leur laisser des cachettes d’où ils pourraient sauter sur les oiseaux. Assurez-vous que les mangeoires sont près d’abris naturels pour les oiseaux, comme des arbustes, mais assez loin de ces derniers, soit de 2 à 3 m, pour que les oiseaux soient à l’abri des chats qui peuvent s’y cacher. D’autres prédateurs peuvent aussi visiter les mangeoires, mais ces animaux sauvages ont leur place dans la nature et nous devons respecter leur besoin de nourriture.

Il arrive que les oiseaux viennent frapper les fenêtres en plein vol et se blessent. Cela a généralement lieu lorsque les mangeoires sont placées à moins de 10 m des fenêtres, car, à cette distance, les oiseaux peuvent voir la réflexion de la végétation dans les fenêtres ou à travers ces dernières. Si une fenêtre qui se trouve près d’une mangeoire semble donner lieu à de tels incidents, laissez le rideau fermé lorsque les oiseaux sont présents. Si cela ne change rien, il vous faudra peut-être déplacer la mangeoire. Une mangeoire peut habituellement être fixée à une fenêtre ou placée près de celle-ci sans danger, car dans ce cas, si les oiseaux sont surpris lorsqu’ils sont à la mangeoire, ils se déplaceront trop lentement pour se blesser s’ils frappent la fenêtre.

La plupart des autres problèmes se règlent facilement si l’on surveille la mangeoire. Assurez-vous qu’elle est bien garnie par mauvais temps et ne laissez pas de la nourriture humide s’accumuler dans la mangeoire au point de se gâter. Notez quels aliments les oiseaux délaissent et adaptez votre approvisionnement en conséquence.

Bon nombre de personnes aiment nourrir les espèces de sauvagine, telles que les canards, les oies et les bernaches. En fait, il vaut mieux s’abstenir de le faire. La dépendance à l’égard de cette source de nourriture peut avoir pour effet d’atténuer l’instinct migrateur de ces oiseaux et leur crainte naturelle des humains, et engendrer chez eux des comportements nuisibles tant aux oiseaux qu’aux humains. Les oiseaux qui ne craignent pas les voitures ni les avions, par exemple, peuvent menacer la sécurité en traversant la chaussée ou en croisant en vol les pistes d’aéroport. En outre, les oiseaux qui s’attendent à être nourris ont aussi tendance à se concentrer en grands nombres dans des zones exiguës, ce qui accroît la compétition pour des sources restreintes de nourriture. L’hiver venu, le stress supplémentaire qu’engendrent la consommation d’aliments moins nutritifs qu’en temps normal et les rigueurs du climat les expose davantage aux maladies graves. Cependant, si vous ne pouvez y résister, abstenez-vous de nourrir la sauvagine — une pratique illégale, sauf si l’on possède un permis spécialtant que la saison de chasse n’est pas terminée dans votre région. On choisira alors des graines comme le blé ou le maïs, qui ont l’avantage de se conserver longtemps à l’extérieur.

Autres activités

Une mangeoire bien installée peut être un point de départ pour d’autres activités. La photographie des oiseaux à une mangeoire peut aussi vous apporter des heures de plaisir. Si vous prenez des photos, observez bien la façon dont les oiseaux se perchent sur des branches avant d’aller à la mangeoire. Focalisez votre objectif sur l’une de ces branches; les images obtenues seront plus naturelles que celles que vous prendrez à la mangeoire elle-même. Vous pouvez continuer à approvisionner la mangeoire pendant tout l’été pour attirer d’autres espèces. Vous aurez peut-être le plaisir de voir des espèces nicheuses locales amener leurs petits à votre mangeoire. Il est intéressant de noter dans un carnet ou ailleurs les oiseaux que vous observez à votre mangeoire. Au Canada, l’Observatoire d’oiseaux de Long Point, à Port Rowan (Ontario), coordonne le Projet FeederWatch. Dans le cadre de ce relevé, les observateurs ont consigné 100 différents types d’oiseaux aux mangeoires ainsi que de nombreux mammifères.

Ressources

Ressources en ligne

Laboratoire d'ornithologie Audubon et Cornell

Projet FeederWatch

Ressources imprimées

DAVID, N., et G. DUQUETTE. Comment nourrir les oiseaux autour de chez soi (4e éd.), Sillery (Québec), Québec Science Éditeur, 1987.

DAVID, N., et M. GOSSELIN. Observer les oiseaux au Québec (2e éd.), Sillery (Québec), Québec Science Éditeur, 1984.

DOBSON, C. Nourrir les oiseaux en hiver, Montréal (Québec), Éd. France-Amérique, 1982.

LANE, P. L’alimentation des oiseaux, LaPrairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, 1987.

LÉVESQUE, J., et M. PRÉVOST. Mieux connaître les oiseaux de mangeoire, Beauceville (Québec), Québec Agenda, 1986.

PETERSON, R. T. Guide des oiseaux de l’Amérique du Nord à l’est des Rocheuses, Montréal (Québec), Éd. France-Amérique, 1984.

ROBBINS, C. S., et al. Guide des oiseaux de l’Amérique du Nord : guide d’identification sur le terrain, LaPrairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, 1986.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1998, 2005. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/21-2003F-IN
ISBN 0-662-89111-2
Texte : Steve Wendt
Révision scientifique : Steve Wendt, 1993; Steve Wendt, Erica Dunn et Becky Whittam, 2003
Révision : Maureen Kavanagh, 2003, 2005
Photos : Gerry Beyersbergen