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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

 Lamproie du lac Cowichan

Les lamproies sont un incroyable groupe d’anciens poisons apparus il y a environ 360 millions d’années.  Elles étaient donc présentes sur la planète des millions d’années avant les dinosaures. Il existe actuellement environ 39 espèces décrites de lamproies, en plus de quelques populations et variétés confinées aux eaux intérieures additionnelles.  

En général, les lamproies peuvent avoir un de trois cycles biologiques différents et être une espèce parasite ou non parasite.  Les lamproies non parasites se nourrissent de matière organique et de détritus dans la colonne d’eau.  Les lamproies parasites s’attachent à d’autres espèces de poissons pour se nourrir de leur sang et tissu. C’est pourquoi on les appelle parfois (injustement) « vampires aquatiques ».

La majorité des espèces (22 des 39 espèces) ne sont pas parasites et passent toute leur vie en eau douce.  Les autres espèces sont soit des espèces parasites qui passent leur vie en eau douce ou des espèces parasites anadromes.  Les espèces parasites anadromes grandissent en eau douce, se rendent ensuite à la mer pour se nourrir de leurs proies et retournent en eau douce pour frayer.  

La lamproie du lac Cowichan (Entosphenus macrostomus) est une espèce parasite d’eau douce. Elle a la forme d’un ver ou d’une anguille avec deux nageoires dorsales distinctes et une petite queue. C’est un poisson mince qui peut atteindre une longueur maximale d’environ 273 mm.  Lorsqu’elle se prépare à frayer, elle se rétrécit et ses nageoires dorsales se chevauchent.

Contrairement à d’autres espèces de poissons, il est possible de distinguer le mâle de la femelle avant la période de frai. La femelle développe des plis charnus de chaque côté de son cloaque et sa queue se relève.  Le mâle a la queue recourbée vers le bas et aucun pli charnu. Les lamproies n’ont pas de branchies comme d’autres espèces de poissons, mais se servent de pores pour respirer.  Ces sept pores-branchies sont alignés derrière l’œil.

On utilise plusieurs caractéristiques pour identifier les lamproies. Elles se basent sur la morphométrie ou sur la mesure de diverses parties du corps, dont la largeur de l’œil ou la distance entre l’œil et le museau. Les autres caractéristiques d’identification incluent la couleur du corps et le nombre et type de dents.  

Cette espèce possède une grande bouche, appelée disque buccal, et de grands yeux. La dentition de l’espèce est aussi unique. Elle a des dents latérales internes munies de cuspides (ou pointes) qui, ensemble, forment toujours un patron de 2-3-3-2 cuspides.

Bouche de la lamproie du lac Cowichan



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Habitat et habitudes

Les lacs Mesachie et Cowichan, y compris jusqu’à 100 m du point de confluence des affluents qui s’y déversent, ont été identifiés comme habitats essentiels pour cette espèce

Pour bien comprendre les types d’habitats utilisés par les lamproies du lac Cowichan, on doit comprendre les étapes du cycle de vie de l’animal, ce qui peut s’avérer difficile. Puisqu’il s’agit d’une espèce protégée, on veut lui faire attention pour pouvoir l’étudier et en apprendre plus sur sa biologie. Ce que nous savons au sujet de l’espèce se fonde donc sur les connaissances limitées que nous en avons et aussi sur l’information que nous avons sur d’autres lamproies parasites d’eau douce.

Les larves de lamproie s’appellent ammocètes. Elles sont aveugles et ont des bouches sous-développées. Elles ressemblent à des vers. On les retrouve habituellement dans des endroits recouverts de limon autour du bord des lacs Cowichan et Mesachie, particulièrement près des décharges des rivières et des ruisseaux. On peut les trouver ailleurs aussi, surtout si le substrat est adéquat pour creuser.

Larve de lamproie du lac Cowichan

On estime que la lamproie du lac Cowichan passe plusieurs années, possiblement jusqu’à 6 ans, comme ammocète avant de se métamorphoser en adulte. Durant la métamorphose, son corps change dramatiquement.  Elle développe un système digestif fonctionnel, des dents, une bouche et des yeux. Dans sa nouvelle forme, elle devient parasite.

Lorsqu'elle devient adulte, la lamproie du lac Cowichan utilise toutes les régions du lac. On peut l’observer qui nage librement ou qui parasite d’autres poissons. On peut aussi la retrouver dans les affluents, mais, comme les affluents sont souvent secs l’été, ce n’est pas fréquent. On connaît très peu de choses sur cette étape de la vie de la lamproie. On ne sait pas, par exemple, combien de temps elle passe jointe à d’autres poissons, à quelle fréquence elle doit se nourrir et combien de temps elle demeure une espèce parasitaire. On croit possiblement qu’elle passe jusqu’à deux ans comme poisson parasite avant de frayer.

L’espèce fraie de mai à août dans des barres de sable créées par le courant de débordement des rivières et des ruisseaux dans les lacs Mesachie et Cowichan.  Les poissons frayants construisent leur nid en déplaçant de petits cailloux avec leur bouche. Les œufs prennent plusieurs semaines pour se transformer en ammocètes selon la température de l’eau. Les barres de sable doivent être recouvertes de suffisamment d’eau et contenir assez de sable et de cailloux pour la construction des nids.

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Aire de répartition

 Cowichan Lake Lamprey Distribution

On retrouve la lamproie du lac Cowichan uniquement dans la vallée Cowichan sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique et nulle part ailleurs dans le monde. Son aire de répartition inclut deux lacs, le petit lac Mesachie et le grand lac Cowichan (30 km de long, 4 km de large et 160 m de profondeur) reliés par une baie du lac Cowichan appelée lac Bear. Bien que la lamproie passe la majorité de son temps dans les lacs, son aire de répartition comprend aussi les rivières et ruisseaux reliés aux lacs.  

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Alimentation

Les ammocètes se nourrissent de matières organiques produites par des plantes et des animaux en décomposition. Ils sortent la tête du sédiment sous lequel leur corps est enfoui pour se nourrir passivement des matières organiques qui flottent dans l’eau. Les adultes sont des parasites qui se nourrissent de la chair, du sang et du tissu d’autres poissons. Ils peuvent aussi se nourrir de poissons morts. Bien que la lamproie ait son choix de proies dans les lacs Cowichan et Mesachie, elle semble préférer la truite fardée. Au moyen de son disque buccal, elle s’attache aux côtés du poisson et râpe sa chair et ses écailles avec ses dents pour se nourrir du son sang et du son tissu.

Blessures laissées par des lamproies du lac Cowichan



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Reproduction

 Cowichan Lake Lamprey Spawning

Si la lamproie du lac Cowichan est comme d’autres espèces de lamproies, elle meurt après avoir frayé.  Le frai, cependant, est tout un spectacle! C’est en 2017 que le frai de la lamproie du lac Cowichan a été observé pour la première fois. Cette espèce est unique en ce sens qu’elle fraie dans un lac, contrairement à la majorité des autres espèces de lamproies qui fraient dans des rivières. La lamproie du lac Cowichan se déplace des eaux profondes du lac aux barres de sable créées par le déversement des rivières dans le lac.

Les mâles et les femelles utilisent leur disque buccal et leur corps pour retirer les petits cailloux de l’endroit où ils feront leur nid.  Au moyen de la succion de son disque buccal, la lamproie peut ramasser des cailloux plus gros que sa tête et les retirer du nid.  On a pu voir cet animal frayer en couple, ainsi qu’en groupe. Après beaucoup de frétillement, le mâle presse son corps contre celui de la femelle pour en retirer des œufs non fertilisés qu’il fertilisera. Les deux poissons replacent des cailloux autour du nid et pourraient tenter de frayer de nouveau. Ils quittent le nid lorsqu’ils ont terminé.

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Conservation

La lamproie du lac Cowichan est une espèce de lamproie parasite d’eau douce inscrite comme espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Les deux plus importantes menaces à l’espèce sont l’utilisation de l’eau et le changement climatique.

Le niveau d’eau du lac Cowichan est régulé au moyen d’un déversoir. On libère suffisamment d’eau du déversoir pour alimenter le courant nécessaire à la conservation des espèces aquatiques, mais aussi pour répondre aux besoins en aval du lac. En raison de la diminution des précipitations en hiver et des sécheresses de plus longue durée l’été, il est difficile de maintenir un niveau d’eau adéquat dans le lac Cowichan pour assurer la couverture des habitats de frai durant la période de frai (mai à août).  Si ces conditions persistent, nous ne savons pas ce qui arrivera à la population de lamproies. Une des solutions mutuellement bénéfiques aux sécheresses actuellement envisagées est d’accroître la hauteur du déversoir afin qu’il retienne plus d’eau pour l’été et l’automne.  Les lamproies dans le lac, ainsi que les humains et d’autres espèces aquatiques en aval pourraient en bénéficier.

Il y a des choses que vous pouvez faire comme particulier pour aider la lamproie et son habitat.   Conservez l’eau pour faire en sorte que le lac contienne suffisamment d’eau durant les sécheresses. Il est facile de conserver de l’eau : prenez de moins longues douches ou évitez d’arroser votre pelouse ou de laver votre auto. Chaque goutte compte.  Réfléchissez avant de laisser l’eau couler du robinet pour vous servir un grand verre d’eau froide.

Le tort direct constitue une autre menace à cette espèce. La lamproie est habituellement blessée durant des parties de pêche. C’est un problème qui est facile à régler. Si vous pêchez et attrapez une truite fardée à laquelle est jointe une lamproie, remettez-la doucement à l’eau. Ne lui faites pas mal. Comptez-vous chanceux de trouver un animal aussi rare et incroyable!