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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Le Goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) adulte est un goéland de taille moyenne, qui mesure 45 cm du bec à l’extrémité de la queue, a une envergure, ou étendue des ailes déployées, de 50 cm et pèse environ 0,7 kg. Le blanc de la tête, du cou, des parties inférieures et de la queue contraste avec le gris des ailes (ou du dos lorsque l’oiseau est au repos). Le bout des ailes est noir, tacheté de blanc, et les pattes et les pieds sont jaune verdâtre. Près de l’extrémité du bec de couleur jaune se trouve un anneau noir.

Le Goéland à bec cerclé ressemble au Goéland argenté. Cependant, ce dernier est plus gros, les pattes sont de couleur chair et la partie inférieure du bec porte un point rouge plutôt qu’un anneau noir.

Le plumage brun tacheté des Goélands à bec cerclé juvéniles diffère beaucoup de celui des adultes. À chacune des mues, ou remplacement des plumes par de nouvelles plumes, les jeunes perdent un peu plus de brun et deviennent de plus en plus blancs, gris et noirs. Ils acquièrent leur plumage adulte à l’âge de trois ans.

Signes et sons

Les notes du Goéland à bec cerclé sont plus aiguës que celles du Goéland argenté. Il émet un fort hiyak . . . hiyah . . . hiyah-hiyak ou youk-youk-youk-youk-youquel-youquel. Il produit aussi des miaulements. Lorsqu’il est anxieux, il fait gah-gah-gah.

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Habitat et habitudes

Le Goéland à bec cerclé, dont la population est peut-être plus abondante aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été, est probablement l’espèce de goéland la plus commune en Amérique du Nord. Oiseau étonnamment adaptable et opportuniste, il niche aussi bien sur des îles naturelles que sur des friches, ou des jetées ou des brise-lames construits par l’être humain. Cet oiseau niche sur le sable, la terre, le béton, les scories, les rochers, le bois flotté ou les gravats, pourvu qu’il y ait de l’eau et de la nourriture à proximité.

À l’instar de la plupart des autres goélands, des mouettes et des sternes, les Goélands à bec cerclé nichent en colonies. Ce sont des oiseaux sociables qui n’ont besoin que d’un petit territoire, et leur colonie renferme en général des centaines ou, plus souvent, des milliers de couples. Les colonies établies depuis longtemps comptent au minimum de 500 à 1 000 couples. La taille maximale varie selon l’endroit : dans l’Ouest, les plus grandes colonies ont de 8 000 à 10 000 couples, tandis que dans l’Est, elles en ont plus du double, soit de 20 000 à 30 000. La plus grande colonie est sans aucun doute celle de l’île Little Galloo, dans la partie américaine du lac Ontario, où le nombre estimé de couples atteint 82 000. Les nouvelles colonies comptent souvent une cinquantaine de couples et s’accroissent rapidement ou ne réussissent pas à s’établir.

D’autres oiseaux établissent souvent des colonies avec le Goéland à bec cerclé, notamment le Goéland argenté, la Sterne pierregarin et la Sterne caspienne, qui nichent au sol, ainsi que le Grand Héron et le Bihoreau gris, qui nichent dans les arbres. Le Cormoran à aigrettes, qui fait son nid dans les arbres ou sur le sol, niche de temps à autre avec le Goéland à bec cerclé, tout comme le Goéland de Californie et le Pélican d’Amérique.

Les Goélands à bec cerclé passent de nombreux mois chaque année au Canada, mais les habitants des villes les voient le plus souvent d’août à octobre. Lorsque les petits de l’année ont commencé à voler et avant le début de la migration, les Goélands se rassemblent en grand nombre dans les dépotoirs, les terrains de golf, les zoos, les parcs, les ports de pêche, les stades, les marinas, les ciné-parcs et les cours d’école, ce qui donne aux citadins une bonne occasion d’étudier leurs activités et leurs déplacements locaux. Les Goélands passent la nuit dans une aire de repos commune, en général sur un lac, une rivière ou un brise-lames où ils sont à l’abri des mammifères prédateurs et ne sont pas dérangés par l’être humain. Pendant la dernière heure ou les deux dernières heures de clarté puis de nouveau le matin, on peut les voir faire la navette entre leur aire d’alimentation et de repos diurne et l’endroit où ils passent la nuit.

Caractéristiques uniques

La grande capacité d’adaptation du Goéland à bec cerclé et son statut d’espèce protégé ont contribué à son incroyable explosion démographique des dernières décennies. La population des Grands Lacs, estimée à 3 000 couples en 1930, était passée à plus de 300 000 couples en 1967 et continue probablement d’augmenter.
En 1973, une vingtaine de couples a commencé à nicher dans le port de Toronto, sur une pointe faite de matériaux de dragage. Quatre ans plus tard, il y avait plus de 20 000 couples nicheurs. Des études de baguage ont montré que ces oiseaux provenaient d’au moins 17 autres colonies sur les Grands Lacs.
Une croissance semblable s’est produite dans l’Ouest du Canada. Ainsi, en Alberta, la population de Goélands à bec cerclé est passée de 20 000 couples en 1968 à près de 40 000 en 1977. Pendant ces neuf années, une colonie du lac Miquelon, près d’Edmonton, est passée de 750 couples à plus de 10 000.

 

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Aire de répartition

La répartition du Goéland à bec cerclé

Depuis une cinquantaine d’années, le Goéland à bec cerclé s’est réinstallé dans la plus grande partie de son ancienne aire de reproduction dans le Nord des États-Unis et le Sud du Canada. Il niche surtout sur les Grands Lacs et dans les provinces des Prairies. Les provinces de la Colombie-Britannique, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard n’ont chacune qu’une seule petite colonie, et il n’en existe pas en Nouvelle-Écosse. Il y a plusieurs colonies à Terre-Neuve-et-Labrador, où le nombre de Goélands à bec cerclé augmente.

Les données d’études de baguage des oiseaux, qui consistent à suivre les déplacements des oiseaux à l’aide d’une bague numérotée placée autour de leurs pattes, révèlent que les populations canadiennes de Goélands à bec cerclé ont deux aires d’hivernage principales. En septembre, en octobre et au début de novembre, les oiseaux qui nichent à l’ouest des Grands Lacs migrent vers des aires d’hivernage situées le long de la côte Ouest en Californie et au Mexique; ceux qui nichent sur les Grands Lacs et plus à l’est passent l’hiver le long de la côte des États du golfe du Mexique, surtout la Floride. Un petit pourcentage des Goélands à bec cerclé du Canada passe l’hiver sur les Grands Lacs, en général près des eaux libres sur les lacs Érié et Ontario et la rivière Niagara. Certains de ces goélands se sont reproduits sur les Grands Lacs, tandis que d’autres l’ont fait aussi loin au nord qu’à la baie James.

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Alimentation

L’alimentation du Goéland à bec cerclé varie. Il s’agit d’une espèce opportuniste qui passe facilement d’un type d’aliment à un autre si le second devient plus abondant. Pendant la période de frai, il se nourrit surtout d’éperlans; après la pluie, il cherche des vers de terre; lorsque les agriculteurs labourent et récoltent, il consomme des larves d’insectes et des souris. À d’autres moments de l’année, il se nourrit d’animaux tués sur la route, d’insectes volants et de petits d’autres espèces d’oiseaux, surtout de petits canetons. On peut même voir les Goélands à bec cerclé dans les cours d’école, où ils attendent que les enfants leur donnent les restes de leur repas du midi.

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Reproduction

Dans l’Est du Canada, où le printemps est plus hâtif que dans les Prairies, les Goélands à bec cerclé migrateurs commencent à arriver dans les colonies de reproduction à la fin de février ou au début de mars. Dans les Prairies, ils n’arrivent pas avant la fin de mars ou le début d’avril.

Une fois arrivés, les Goélands passent près d’un mois à établir leur territoire, à se livrer à la parade nuptiale et à bâtir leur nid à l’aide de végétaux (herbes et brindilles), de quelques plumes et de débris. À partir d’avril dans la région des Grands Lacs et au début de mai dans les Prairies, ils pondent trois œufs marqués d’éclaboussures brun verdâtre. Ils les couvent pendant de 25 à 27 jours environ, jusqu’à l’éclosion.

Les Goélands à bec cerclé sont des parents compétents. Ils se relaient pour couver les œufs et, en moyenne, les couvent pendant plus de 59 minutes par heure. En général, plus de 80 p. 100 des œufs éclosent, mais de nombreux oisillons meurent peu après. Néanmoins, le Goéland à bec cerclé réussit mieux que de nombreuses autres espèces de goélands et amène souvent deux de ses trois oisillons à l’âge de l’envol, soit à cinq ou à six semaines. Ce succès élevé de reproduction, associé à une espérance de vie de 10 à 15 ans, a contribué à l’explosion démographique que connaît actuellement l’espèce.

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Conservation

Habituellement, le Goéland n’a pas beaucoup de prédateurs naturels : en nichant sur des îles ou dans des marais, il protège ses œufs contre la plupart des prédateurs terrestres. Cependant, si le niveau de l’eau baisse pendant la saison de nidification, et qu’une île devient de ce fait une péninsule, ou si l’eau entourant une colonie nicheuse n’est pas assez profonde, certains prédateurs terrestres peuvent l’atteindre. Les coyotes, les renards, les chiens, les ratons laveurs, les visons, les rats et d’autres mammifères tuent les Goélands et leurs œufs, et s’en nourrissent, s’ils peuvent les atteindre. Le niveau de l’eau ne protège pas contre tous les prédateurs. Les prédateurs ailés, comme le Grand-duc d’Amérique, attaquent et tuent des Goélands la nuit.

À la fin du XIXe siècle, les plumes blanches étaient très en demande parce qu’elles servaient à orner les chapeaux et les robes des dames à la mode. Les effectifs du Goéland à bec cerclé, auparavant assez considérables pour qu’on l’appelle « goéland commun de l’Amérique », ont donc subi un fort déclin, tout comme les populations d’autres espèces de goélands, de mouettes, de sternes et de hérons.

Le Goéland à bec cerclé n’a pas été persécuté pendant longtemps. Protégé en 1916 en vertu de la Convention concernant les oiseaux migrateurs entre le Canada et les États-Unis, il a effectué un retour remarquable, d’abord lentement, puis plus rapidement. Il s’agit maintenant du goéland que la plupart des Canadiennes et des Canadiens ont le plus de chances de voir, et l’augmentation récente de ses effectifs en a fait une espèce nuisible.
Cette explosion démographique à l’échelle du continent, qui n’est comprise qu’en partie, occasionne un certain nombre de problèmes de gestion. Les travailleurs des dépotoirs, les agriculteurs, les responsables des aéroports, les propriétaires de bateaux et de chalets, les gardiens de zoo et d’autres personnes signalent que l’accumulation de fientes de mouettes et de goélands salit l’équipement et entraîne des risques graves pour la santé. Près des aéroports, les volées de nombreuses mouettes et de nombreux goélands, ainsi que les oiseaux qui se rassemblent sur les pistes, font augmenter le risque de collision entre oiseaux et aéronefs. Un oiseau qui frappe le pare-brise d’un avion à réaction se déplaçant à grande vitesse, ou qui est aspiré dans l’un de ses moteurs, peut causer de graves dégâts à cet avion, et même provoquer son écrasement. De graves incidents de ce genre se sont produits à Montréal, à Toronto et à New York, à l’automne, et à Miami en hiver.

En de nombreux endroits, le Goéland à bec cerclé déloge la Sterne pierregarin dans les colonies mixtes. La Sterne est beaucoup plus petite que le Goéland et revient dans son aire de nidification un mois après celui-ci. Leur nombre augmentant d’année en année, les Goélands ont tendance à occuper tout l’espace de nidification disponible à un endroit donné, ou la plus grande partie. Lorsque les Sternes arrivent par la suite, quelques-unes seulement parviennent à trouver un bon site de nidification. Quelques autres essaient de nicher dans un habitat moins adapté, mais en général sans beaucoup de succès. Les autres ne se reproduisent pas du tout cette année-là.

Il est encourageant de constater que le niveau démographique du Goéland à bec cerclé s’est rétabli par rapport au creux qu’il a connu il y a 50 ans. Malheureusement, ses effectifs ont augmenté au point o? l’espèce est devenue une nuisance et pose un problème de gestion. Le Service canadien de la faune participe à des études visant à déterminer ce qu’il faudrait faire, et ce qu’il est possible de faire, pour gérer cet emballement démographique. L’accroissement considérable du nombre de Goélands étant en grande partie le résultat de modifications effectuées par inadvertance par l’être humain, il faudra peut-être procéder à des changements délibérés pour protéger d’autres espèces contre le Goéland à bec cerclé.

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Ressources

Ressources en ligne

Cornell University Laboratory of Ornithology (en anglais seulement)

Ressources imprimées

DELAUNOIS, A. Les oiseaux de chez nous, 2e éd. rév. et corr., Saint-Lambert (Québec), Éd. Héritage inc., 1990, p. 74 et 75.

GODFREY, W. E. Les oiseaux du Canada, éd. rév., Musées nationaux du Canada, réimprimé en 1989, La Prairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, en collaboration avec le Musée national des sciences naturelles, 1986.

RYDER, J.P. « Ring-billed Gull », dans A. POOLE, P. STETTENHEIM et F. GILL, (éd.), The Birds of North America, n° 33, Philadelphie : The Academy of Natural Sciences; Washington (DC), The American Ornithologists’ Union, 1993.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1979, 1993. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/68-1993F
ISBN 0-662-98181-2
Texte : Pierre Brousseau
Photo : Pierre Brousseau