Paysage
Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
English

Description

Le suisse et les tamias (Tamias) sont faciles à reconnaître grâce aux bandes pâles et foncées qu’ils ont sur le dos et sur la tête. Ils arborent des bandes faciales et portent cinq bandes foncées sur le dos, dont une centrale qui se prolonge jusque sur le dessus de la tête. Il peut arriver que l’on confonde ces rongeurs avec les spermophiles rayés, mais ceux-ci sont plus gros et leurs bandes dorsales s’arrêtent à la nuque.

Le suisse est un rongeur coloré et attrayant dont les flancs, la croupe et la queue sont d’une vive teinte roussâtre; il a le dos rayé de bandes noires, grises et blanches, la tête brune, grise et chamois, le ventre blanc et les pattes brunes. Les espèces de l’Ouest portent une foule de teintes de gris, de brun, de roux, de blanc et de chamois ainsi qu’un agencement distinct de rayures noires, gris pâle et chamois, bien que le brun cuivré du tamia de Townsend dissimule ses bandes dorsales contrastantes. Le tamia à queue rousse est le plus vivement coloré des espèces de l’Ouest.

Le suisse est assez gros (jusqu’à 125 g), il a la queue relativement courte (environ le tiers de sa longueur totale, du mufle au bout de la queue), et mesure entre 20 et 30 cm, tandis que les tamias de l’Ouest sont plus petits (quelque 55 g) ils ont la queue plus longue (environ la moitié de leur longueur totale, du mufle au bout de la queue) et mesurent entre 16 et 28 cm.

Signes et sons

Les suisses et les tamias sont plutôt bruyants. Les gens qui marchent dans les bois ne distinguent pas toujours les cris de ces rongeurs, car certains ressemblent aux gazouillements des oiseaux.

Les biologistes n’ont pas encore déterminé la signification de tous ces cris. Par exemple, lorsqu’ils sont surpris, ces petits rongeurs s’enfuient en émettant une série de gazouillements et de cris rapides et stridents. Leurs cris déconcertent peut-être les prédateurs, ce qui leur permet de s’échapper. Il leur arrive souvent d’émettre une cascade stridente de tchip à intervalles d’une ou deux secondes, lorsqu’ils surveillent un intrus d’une position avantageuse. Certains scientifiques croient qu’il pourrait également s’agir de l’appel d’accouplement de la femelle.

Haut de la pageHaut de la page

Habitat et habitudes

Au Canada, le suisse et toutes les autres espèces de tamias vivent en forêt. La plupart habitent des terriers et cueillent leur nourriture sur le sol, habituellement à des endroits où ils trouvent suffisamment de roches, de buissons, d’arbres renversés et de broussailles pour se protéger des prédateurs pendant leurs déplacements. Les jeunes forêts et les abords broussailleux des clairières, des cours d’eau, des ravins et des chemins d’exploitation forestière leur offrent également une grande protection, à l’inverse des peuplements mûrs dont le couvert végétal est dépourvu de plantes et qui ne conviennent donc pas aux tamias.

Il est amusant d’observer le suisse et les tamias. Ils charment les campeurs et les randonneurs par leur petite taille, leur constante activité et la hardiesse dont ils font preuve dans la recherche de nourriture. On les approche et on les photographie facilement. Ils représentent souvent pour les enfants un premier contact passionnant avec un mammifère sauvage dans son milieu naturel.

Chose étonnante, le suisse, qui a vite fait de fraterniser avec les enfants curieux et de séduire les adultes, est un animal solitaire. En effet, chaque suisse possède son propre terrier et ignore ses congénères, sauf lorsque des conflits surgissent pendant la saison de reproduction ou lorsque les femelles élèvent leurs petits.

Néanmoins, les suisses n’affichent pas un comportement territorial au sens conventionnel du terme, car ils ont des domaines vitaux qui se chevauchent largement (parfois complètement) et passent fréquemment près des terriers de leurs congénères. Leurs domaines vitaux varient de 0,04 à 1,26 hectare. Habituellement, ceux des adultes sont plus vastes que ceux des juvéniles, et ceux des mâles plus grands que ceux des femelles. Les limites changent continuellement selon la disponibilité des sources de nourriture saisonnières, mais la plupart de ces animaux s’en tiennent plus ou moins au même territoire d’une saison à l’autre.

Les suisses passent la majeure partie de leur temps dans le secteur de leur domaine vital situé à proximité de leur terrier, secteur que l’on appelle leur « zone de dominance ». Il n’y aucun chevauchement entre ces petits territoires. Le suisse qui y vit est dominant, et les intrus évitent les confrontations avec lui. Les limites des zones de dominance sont plus stables que celles des domaines vitaux.

Le suisse et la plupart des tamias construisent, dans le sol, des galeries et des chambres, dont les entrées sont bien dissimulées sous des roches ou d’épaisses broussailles. Cependant, certaines espèces de tamias de l’Ouest passent une bonne partie de leur temps dans les arbres et nichent même parfois dans des arbres creux.

Jusqu’ici les naturalistes n’ont mis au jour que quelques terriers, tous construits par des suisses. La plupart de ces terriers comportent une seule entrée menant à une galerie non ramifiée qui s’enfonce peu à peu jusqu’à une profondeur de 45 à 85 cm. À l’extrémité de la galerie se trouve une chambre circulaire d’environ 15 cm de diamètre contenant un nid tapissé de matériaux isolants tels que des herbes, les feuilles déchiquetées ou les tiges porte-graines duveteuses de certaines plantes. C’est en se nourrissant des graines et des noix entreposées sous le tapis végétal de son nid que ce petit rongeur subsiste à la période la plus froide de l’hiver. Dans certains cas, des biologistes ont découvert des terriers complexes pouvant atteindre jusqu’à quatre mètres de longueur et comportant des galeries raccordées à des tunnels latéraux et à des chambres accessoires. Ils n’ont cependant trouvé de compartiment destiné aux besoins naturels dans aucun des deux types de terriers.

Le suisse et les tamias hibernent, y compris ceux qui vivent dans le sud de l’aire de répartition. Vers la fin de juillet, ils commencent à amasser d’importantes quantités de graines. Ainsi, en octobre, chacun en a accumulé suffisamment pour survivre à l’hiver.

Avec la venue de l’hiver, en novembre, ces petits animaux se terrent dans leur refuge. On ne sait pas encore ce qu’ils font exactement durant leur hibernation. Certains estiment qu’ils tombent immédiatement dans un état d’engourdissement (leur température corporelle s’abaisse, leur respiration et leur pouls ralentissent sensiblement, ce qui réduit leur dépense d’énergie.) Les périodes d’engourdissement durent de un à huit jours, peut-être davantage. Ces animaux s’éveillent périodiquement pour consommer une partie de leurs provisions de nourriture. On en a déjà vu à la surface du sol par temps doux, en hiver. Selon une deuxième opinion, ils n’hiberneraient vraiment que lorsque leur réserve de nourriture serait complètement épuisée.

Dans les premières journées chaudes de mars, le suisse et les tamias commencent à sortir de leur terrier et doivent parfois, pour ce faire, traverser un mètre de neige.

Caractéristiques uniques

Au Canada, ces petits rongeurs n’ont normalement qu’une portée et une saison de reproduction par année, mais, dans les années favorables, un faible pourcentage de suisses donnent naissance à une seconde portée à l’automne. Dans le Sud des États-Unis, tant les suisses que les tamias de l’Ouest peuvent donner deux portées au cours de la même année.

Haut de la pageHaut de la page

Aire de répartition

La répartition du suisse et les tamias

Aucune espèce de tamias ne vit au nord de la limite des arbres du Canada, dans les prairies herbeuses de l’Amérique du Nord, dans les chaudes forêts subtropicales de la Floride ou dans les sols gorgés d’eau. Cet animal est toutefois bien présent à l’échelle du Canada et des États-Unis. Certaines espèces vivent même au-dessus de la limite des arbres en montagne et dans les régions semi-désertiques de l’Ouest des États-Unis. On en trouve au sud jusque dans les zones montagneuses du Mexique.

L’Amérique du Nord compte 21 espèces de tamias, dont une vit dans l’Est du Canada et quatre dans l’Ouest du pays. Toutes les espèces appartiennent au genre Tamias, qui se divise en deux groupes principaux. Le premier sous-genre, également appelé Tamias, comprend le suisse (T. striatus), qui vit dans l’Est du Canada et des États-Unis. (Il comprend également la seule espèce de tamias qui ne vit pas en Amérique du Nord, le T. sibericus de Chine.) L’autre sous-genre, Neotamias, compte 20 espèces, la totalité vivant dans l’Ouest de l’Amérique du Nord, dont quatre dans l’Ouest du Canada. Le tamia mineur (T. minimus) est le plus commun et le plus répandu géographiquement, suivi du tamia amène (T. amoenus) et du tamia à queue rousse (T. ruficaudus). Au Canada, on trouve le tamia de Townsend (T. townsendii) seulement dans l’extrême Sud-Ouest de la Colombie-Britannique.

Haut de la pageHaut de la page

Alimentation

Le suisse et les tamias passent la plus grande partie de leur journée à recueillir et à amasser des graines, lesquelles constituent leur principale source de nourriture. Bien que la plupart des espèces cherchent leur nourriture sur le sol, elles peuvent toutes grimper facilement aux arbres et aux arbustes pour cueillir noix et fruits.

Ces petits rongeurs très adroits tiennent les fruits et les graines avec leurs pattes antérieures. Ils les écossent ensuite avec leurs incisives particulièrement longues et saillantes et les placent, d’un coup de langue, à l’arrière de leur bouche, dans leurs abajoues (poches de la joue servant de réserves à aliments), pour poursuivre leur cueillette. La capacité des abajoues augmente avec l’âge. Lorsque leurs abajoues sont pleines, le suisse et les tamias déposent les graines dans leurs nids ou les enfouissent dans des trous peu profonds qu’ils creusent dans le sol et qu’ils recouvrent ensuite de terre, de feuilles et d’autres résidus végétaux.

Au printemps, ils se mettent résolument à la recherche de graines laissées à la surface du sol l’été précédent. Cette source de nourriture étant habituellement peu abondante, les petits rongeurs mangent de jeunes feuilles et pousses avant l’apparition des fruits et des graines. Pendant tout le printemps, l’été et l’automne, ils ajoutent à leur régime des insectes, des vers de terre, des fleurs, des baies, des noyaux de cerises et de prunes, des champignons et, à l’occasion, des œufs et des charognes. Dans quelques rares cas, on les a vus s’attaquer à des oiseaux ou à des petits mammifères.

Haut de la pageHaut de la page

Reproduction

Les mâles sont les premiers à sortir au printemps. Ils se mettent à l’œuvre dès que le sol se dégage de neige. Les femelles reviennent au jour une ou deux semaines plus tard et, peu de temps après, la période d’accouplement commence près du terrier de la femelle. Les mâles, dont plusieurs courtisent parfois la même femelle, peuvent s’accoupler avec plus d’une femelle pendant la saison de reproduction. Au Canada, cette saison va de la mi-avril à la mi-mai.

La période de gestation ou de grossesse est d’environ 30 jours. L’élevage des petits (généralement de quatre à six) incombe seulement à la femelle. Au Canada, ces petits rongeurs n’ont normalement qu’une portée et une saison de reproduction, mais, dans les années favorables, un faible pourcentage de suisses donnent naissance à une seconde portée à l’automne. Dans le Sud des États-Unis, tant les suisses que les tamias de l’Ouest peuvent donner deux portées au cours de la même année.

À la naissance, les suisses et les tamias sont aveugles et sans poil et pèsent environ 3 g, selon les espèces. Chez le suisse, le poil ne devient visible à l’œil nu qu’au 10e jour, tandis que les oreilles ne s’ouvrent qu’au 28e jour et les yeux, entre le 31e et le 33e jour.

À l’âge de quatre à sept semaines, les petits commencent à quitter le terrier pour chercher de la nourriture. Ils ne sont pas craintifs au point de départ, puis, après quelques jours à l’extérieur, ils deviennent plus vigilants et s’enfuient vite au moindre bruit. Les petits croissent rapidement à la fin de l’été, de sorte qu’ils sont devenus adultes avant la fin de septembre. La majorité d’entre eux se reproduisent dès leur premier printemps, mais d’autres seulement à leur deuxième.

Haut de la pageHaut de la page

Conservation

Généralement, le nombre de suisses et de tamias ne varie pas beaucoup d’une année à l’autre, quoiqu’on ait déjà noté, en divers endroits, des baisses et des disparitions complètes qui n’ont jamais été expliquées de façon satisfaisante.

Ces petits rongeurs doivent faire preuve d’une vigilance constante pour échapper à leurs nombreux ennemis, notamment les éperviers, les belettes, les coyotes, les martres, les renards, les serpents et, plus rarement, les chouettes, dont l’activité est nocturne. Néanmoins, ils ne constituent généralement qu’une faible portion du régime alimentaire des animaux en question, car les suisses et les tamias sont trop peu nombreux. Leurs prédateurs se nourrissent surtout de souris, qui sont plus abondantes et plus faciles à attraper. Dans les régions habitées, le suisse et les tamias peuvent être la proie de chats et de chiens, et bon nombre sont tués par des automobiles.

Le suisse et les tamias peuvent se blesser gravement lorsqu’ils défendent leur nourriture ou leur territoire contre des congénères ou des animaux plus gros, comme les écureuils roux. Par ailleurs, certains peuvent mourir à la suite de blessures subies dans des combats, pendant la saison de reproduction. Les mâles se battent entre eux pour obtenir les faveurs d’une femelle, et on a vu des femelles défendre leur nid et leurs petits contre des congénères.

Les maladies et la pénurie de nourriture contribuent aussi à limiter les populations de suisses et de tamias, mais, là encore, il existe très peu de renseignements à ce sujet. De mauvaises récoltes de graines pourraient avoir un effet néfaste sur ces populations, qui dépendent de leur réserve de nourriture pour survivre à l’hiver. On n’a pas constaté de maladies épidémiques chez le suisse et les tamias, mais on sait que certaines sont présentes chez les souris et d’autres rongeurs. Des parasites, comme les larves d’œstres, les ténias, les puces, les mites et probablement les poux, peuvent avoir un effet débilitant et même, en de rares occasions, causer la mort.

Par l’habitude qu’ils ont d’emmagasiner des graines sous les débris de surface, le suisse et les tamias contribuent grandement à la dissémination des graines. Les graines enterrées et non consommées ont de plus grandes chances de germer que celles qui tombent sur la couverture morte. Ces rongeurs contribuent donc à la pousse des arbrisseaux, des arbres et d’autres plantes.

Lorsqu’ils sont très nombreux, ces petits animaux peuvent empêcher la pousse normale de certains arbres, notamment les pins, parce qu’ils en mangent les graines. Comme d’autres rongeurs, il faut parfois les prendre au piège pour assurer la bonne germination et la croissance des semis. Il est déconseillé de recourir à des poisons à cause de leurs effets nocifs sur les autres espèces sauvages, y compris sur le gibier à plumes et les oiseaux chanteurs.

L’importance du suisse et des tamias tient, pour une bonne part, à l’agrément qu’ils assurent aux campeurs, aux randonneurs et à tous les amants de la nature. Les parcs nationaux et provinciaux et les autres endroits de villégiature seraient moins intéressants et moins agréables sans le suisse ou les tamias qui surgissent dans les sentiers forestiers ou dérobent de la nourriture dans les terrains de camping et les aires de pique-nique.

Haut de la pageHaut de la page

Ressources

Ressources imprimées

BANFIELD, A. W. F. Les mammifères du Canada, 2e éd., Musées nationaux du Canada, Québec, Presses de l’Université Laval, 1977.

BEAUDOIN, L., et M. QUINTIN. Guide des mammifères terrestres du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, Waterloo (Québec), Éditions du Nomade, 1983.

DELAUNOIS, A. Les mammifères de chez nous, Saint-Lambert (Québec), Les Éditions Héritage inc., 1991.

MELANÇON, C. Nos animaux chez eux, Montréal, Éditions du Jour, 1972.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1973, 1990. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/13-1990F
ISBN 0-660-13464-0
Texte : David Sheppard
Révision scientifique : B. T. Aniskowicz, 1989
Photo : Tony Beck