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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

La marmotte commune (Marmota monax), connue aussi sous le nom de siffleux, est un mammifère appartenant à l’ordre des rongeurs Rodentia, qui comprend entre autres les écureuils, les chiens de prairie, les tamias et les suisses. Au sein de ce groupe, la marmotte commune est considérée comme un membre du sous-groupe des marmottes.

Parmi les rongeurs de l’Amérique du Nord, seuls les castors et les porcs-épics sont plus gros que la marmotte. Petit animal trapu à tête aplatie, la marmotte commune pèse de 2 à 4 kg, parfois plus en automne, et mesure de 40 à 65 cm de longueur totale, y compris une courte queue touffue d’environ 15 cm de longueur. La couleur de la fourrure, variable d’une région ou d’un animal à l’autre, va du brun jaunâtre au brun foncé rougeâtre, le brun moyen étant cependant la teinte la plus courante. Son aspect généralement grisonnant lui vient de la teinte plus pâle de l’extrémité des poils. Le pelage du ventre est généralement de couleur paille et les pieds sont noirs.

Certains individus sont atteints de mélanisme ou d’albinisme. Dans le premier cas, ils sont complètement noirs; dans le second, ils sont blancs avec des yeux dépourvus de pigmentation et dont la nuance rosée est due aux vaisseaux sanguins superficiels. À cause de leur blancheur éclatante, les albinos sont une proie facile pour leurs ennemis.

Animal fouisseur, la marmotte commune est dotée de pattes fortes et robustes munies de griffes vigoureuses. Elle creuse surtout avec les pattes de devant, armées de quatre griffes particulièrement développées, tandis que les pattes de derrière ont cinq griffes ordinaires. Pour échapper à ses ennemis, elle plonge dans son terrier, en raison probablement de sa vitesse maximale qui n’atteint que 15 km/h.

Une espèce apparentée, la marmotte des Rocheuses, vit dans les montagnes de l’Ouest de l’Amérique du Nord, depuis les États de Washington, de l’Idaho et du Montana vers le nord jusqu’au Yukon et en Alaska. Elle habite la toundra, les prairies alpines et les versants d’éboulis des hautes montagnes. Deux autres marmottes, étroitement apparentées à la marmotte des Rocheuses, mais d’une couleur différente, ne se trouvent que sur les hauteurs de l’île de Vancouver et de la presqu’île Olympic. La marmotte à ventre jaune, que l’on rencontre dans les États de la Californie, du Texas et du Nouveau-Mexique jusqu’en Colombie-Britannique ainsi que dans le Sud-Ouest de l’Alberta, est une autre espèce apparentée à la marmotte commune. Alors que la marmotte commune est brunâtre, cette cousine de taille légèrement plus petite est de couleur plutôt jaunâtre; elle se plaît dans les hauteurs (plus de 3 000 m) et les endroits rocheux mais on la retrouve aussi sur les terres agricoles des contreforts et des vallées.

Les scientifiques distinguent jusqu’à neuf variétés ou sous-espèces de marmottes, en se fondant sur de légères différences de couleur et de forme crânienne.

Signes et sons

Traces de marmotte commune

Hors de son terrier, la marmotte semble constamment sur le qui-vive et elle émet un sifflement strident d’alerte quand elle flaire un danger. Quand elle se bat, qu’elle est gravement blessée ou qu’elle est capturée par un ennemi, elle lance un cri perçant. Elle produit aussi un son en grinçant des dents et peut également émettre des aboiements sourds, dont on ignore la signification.

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Habitat et habitudes

La marmotte commune cherche à éviter les régions humides ou marécageuses. Elle préfère les espaces découverts comme les champs, les clairières, les forêts clairsemées et les pentes rocheuses. Elle creuse généralement son terrier dans des terrains où elle peut se nourrir de graminées en abondance et d’autres plantes courtes. Elle évite généralement les lieux humides ou marécageux.

En été, son terrier est souvent au milieu de pâturages ou de prairies; en hiver seulement, elle peut loger dans les bosquets ou les broussailles. Le terrier d’hiver, qu’il soit isolé ou relié au réseau familial principal, est ordinairement assez profond pour se situer sous le niveau du gel.

Le terrier comporte habituellement une entrée principale, un ou plusieurs trous de guet pour renforcer la sécurité, ainsi qu’une salle de toilettes et un nid dans des zones différentes. Le nid, qui sert à la fois au repos, à l’hibernation et à l’élevage des petits, est tapissé d’herbes sèches et mesure ordinairement 45 cm de largeur et plus de 30 cm de hauteur.

Hors des périodes d’hibernation ou de soins des petits, la marmotte commune passe le plus clair de son temps à manger et à se chauffer au soleil. Elle adore se prélasser sur la terre chaude, sur un rocher lisse ou sur une branche basse. Toutefois, elle ne grimpe pas très haut, ni très souvent dans les arbres.

Vers la fin de l’été, à l’approche de l’hibernation (long sommeil hivernal), la marmotte commune engraisse énormément. Elle se terre dès l’arrivée du gel, les adultes d’abord, les jeunes ayant sans doute besoin d’un peu plus de temps pour amasser suffisamment de graisse pour tout l’hiver. L’hibernation des premiers adultes commence à la fin de septembre, et en octobre, toutes les marmottes se sont terrées.

L’hibernation est une sorte de profond sommeil comateux. Toutes les fonctions du corps sont grandement ralenties de sorte que la graisse accumulée suffit à nourrir l’animal pendant tout l’hiver. Sa température peut s’abaisser jusqu’à 3 °C (juste au-dessus du point de congélation), et les pulsations du cœur peuvent passer du rythme normal de 80 à seulement quatre ou cinq battements par minute. Le rythme respiratoire diminue et la consommation d’oxygène est par conséquent très réduite. Quand l’animal sort du terrier au printemps, il a encore une certaine quantité de graisse qui lui est nécessaire. En effet, en mars, la nourriture est rare. La marmotte peut même se frayer un chemin dans la neige pour rejoindre la lumière du jour. Plusieurs semaines peuvent s’écouler avant la fonte complète des neiges et l’émergence de nouvelles pousses de plantes fraîches.

Comme elle est parmi les plus gros animaux du Canada à hiberner véritablement, la marmotte commune fait l’objet de nombreuses recherches d’ordre médical. Les scientifiques étudient son aptitude à abaisser la température de son corps, à diminuer son rythme cardiaque et à réduire sa consommation d’oxygène.

Caractéristiques uniques

La marmotte est le principal mammifère fouisseur dans une grande partie de l’Est de l’Amérique du Nord ainsi que dans certaines régions de l’Ouest. Toutes sortes d’animaux peuvent prospérer grâce aux terriers de marmottes, qui leur servent d’abris. La longue liste des locataires comprend entre autres divers animaux à fourrure et le gros gibier, dont certains détruisent d’énormes quantités de ravageurs agricoles, tels que les rats, les mulots et les insectes. Les mouffettes, les ratons laveurs, les renards, les lièvres et les serpents s’abritent tous dans des terriers de marmottes.

Pour bon nombre de Nord-Américains et de Nord-Américaines, le 2 février est le « jour de la marmotte ». C’est à cette date que, selon la tradition populaire, la marmotte commune s’éveille de son long sommeil hivernal et sort de son terrier. Si elle voit son ombre, elle réintégrera son terrier, et notre hiver se prolongera de six autres semaines. Dans le cas contraire, son hibernation sera terminée, elle reprendra son activité, et notre printemps sera alors précoce. Cette vieille légende serait un héritage des premiers colons d’Europe, où l’on attribue, dans certaines régions, le même comportement aux ours et aux blaireaux. Presque tout le monde admet aujourd’hui qu’elle est sans fondement; néanmoins, au cœur de l’hiver, elle procure une heureuse diversion généralement encouragée par les médias, En réalité, la marmotte commune sort rarement de son hibernation avant mars, et même plus tard dans le Nord.

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Aire de répartition

La répartition de la marmotte communeL’aire de répartition de la marmotte commune couvre une vaste partie de l’Amérique du Nord et s’étend notamment dans l’Est, de l’Alabama et de la Géorgie aux États-Unis jusque dans le Nord du Québec et de l’Ontario. Dans l’Ouest, elle s’étend vers le nord, jusqu’en Alaska en passant par le Sud du Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. À la périphérie de cette aire, la répartition de la marmotte est sporadique.

La marmotte commune, comme un petit nombre d’autres animaux (p. ex. le coyote), doit sa prospérité au déboisement et à l’agriculture. Avant l’abattage des forêts de l’Est de l’Amérique du Nord, la population de marmottes communes était beaucoup plus réduite qu’aujourd’hui. Lorsque les colons européens ont commencé à cultiver les terres qui avaient été autrefois densément couvertes de forêts, les populations de marmottes communes ont augmenté en flèche dans les terrains boisés, les pâturages et les champs cultivés. Même si l’agriculture a été abandonnée dans de nombreuses régions de l’Est du Canada, le paysage actuel de bosquets mixtes et de pâturages convient encore à ces mammifères fouisseurs familiers.

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Alimentation

La marmotte commune aime la végétation fraîche et consomme une grande variété de plantes sauvages, du trèfle et de la luzerne ainsi que des légumes, quand elle en trouve. À de rares occasions, elle mange des escargots, des insectes ou des oisillons qu’elle trouve par hasard. Au début du printemps, elle se nourrit d’écorce et de petites branches d’arbustes.

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Reproduction

Les petits naissent en avril ou en mai (au Canada, principalement en mai) après une gestation (grossesse) de 30 jours. La marmotte a une portée par an, comptant en moyenne quatre petits. Aveugles et sans défense à la naissance, les petits mesurent environ 10 cm de longueur et pèsent près de 30 g. Après 28 jours, leurs yeux s’ouvrent et leur corps se couvre d’un poil court. Ils sont sevrés (ils délaissent le lait maternel pour d’autres aliments) vers cinq à six semaines et commencent alors à sortir du terrier. La croissance est si rapide qu’ils pèsent 570 g après huit semaines et deviennent très gras pour l’hibernation. Certaines marmottes communes vivent jusqu’à dix ans, mais leur longévité moyenne est probablement très inférieure à ce nombre.

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Conservation

La marmotte commune est une proie naturelle pour les gros carnivores comme l’ours, le loup, le lynx, le lynx roux et le couguar. Ces prédateurs sont cependant rares aujourd’hui ou même totalement absents des régions à prédominance agricole où se rencontre généralement la marmotte commune. Ses principaux ennemis de nos jours sont le renard, le coyote et le chien. Il est assez curieux de noter que la marmotte devient un combattant féroce et acharné si sa vie est en jeu et elle est probablement capable d’affronter n’importe quel renard, à condition de ne pas être attaquée par surprise. On a souvent vu des marmottes communes tenir tête à des chiens de la taille d’un colley et les repousser.

Bon nombre de fermiers considèrent la marmotte commune comme un animal nuisible à cause des plantes qu’elle mange et à cause des tas de terre qu’elle amoncelle pour aménager son terrier et qui perturbent les travaux de fenaison. Dans une certaine mesure, la marmotte commune se trouve en concurrence avec le bétail pour la nourriture, et à l’occasion, elle se livre à des incursions dans des jardins potagers. Toutefois, l’opinion selon laquelle la marmotte est un animal nuisible à exterminer dans la mesure du possible, témoigne presque toujours d’un manque de discernement qui ne tient pas compte de ses avantages.

Pour de nombreux chasseurs, surtout dans l’Est de l’Amérique du Nord, la marmotte est un gibier de choix. Certains abandonnent purement et simplement sa carcasse, mais de plus en plus nombreux sont ceux qui apprennent à déguster sa chair frite, rôtie ou en sauce. La saison de chasse se situe entre la fin de l’été et le début de l’automne. On piège aussi la marmotte commune pour sa fourrure, mais cette dernière est sans grande valeur. Bon nombre de marmottes sont tuées sur les routes. Rarement domestiqué, cet animal peut cependant devenir un compagnon affectueux.

Enfin, la marmotte commune représente un lien vivant avec la nature sauvage pour les gens qui consacrent de plus en plus de temps à des activités en milieu artificiel. Le seul fait d’entrevoir brièvement, de la fenêtre d’un véhicule en mouvement, cet animal trapu qui se tient comme une sentinelle à côté de son terrier peut constituer un rappel très efficace du plaisir particulier qu’on peut retirer de l’observation de la faune sauvage.

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Ressources

Ressources imprimées

BANFIELD, A.W.F. Les mammifères du Canada, 2e éd., Musées nationaux du Canada, Québec (Québec), Les Presses de l’Université Laval, 1977.

BEAUDIN, L., et M. QUINTIN. Guide des mammifères terrestres du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, Waterloo (Qc), Éd. du Nomade, 1983.

DELAUNOIS, A. Les mammifères de chez nous, Saint-Lambert (Québec), Éd. Héritage inc., 1991.

WOODING, F.H. Les mammifères sauvages du Canada, La Prairie (Québec), Éd. Broquet inc., 1984.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1973, 1986, 1992. Tous droits réservés.
N° de catalogue CW69-4/20-1992F
ISBN 0-662-97314-3
Texte : J.P. Kelsall
Révision scientifique : C.G. van Zyll de Jong, 1991
Photo : Robert McCaw